Le Berry : Histoire des lieux et des hommes

identité historique, culturelle de la province du Berry

le 12-04-2020 13:30

Siège d'AVARICON cité gauloise biturige capitale du Berry (Bourges)


 


"Atelier Sant Johan".Article écrit par R. Johannot en février 2019, publié sur ce site le 11 avril 2020.

 

 

 

 

 

 

 

 

Siège d'AVARICON

cité gauloise biturige capitale du Berry 

(Avaricum n’est que le nom latin usité postérieurement à la conquête de cette cité par César)

 

Sommaire :
I - La campagne de César contre les Bituriges en 52 avant J.C.
II– Siège de la cité gauloise d’Avaricon et le massacre des habitants.

 

I La campagne de César contre les Bituriges en 52 avant J.C.

Contexte géopolitique

Depuis 58 avant J.C. César guerroyait en Gaule avec plus ou moins de bonheur. 

Avec les nations gauloises toujours en train de se chamailler, être le redresseur de torts n’était pas pour lui de tout repos.
Certes, César savait que ses interventions, pour aider l’une ou l’autre de ces nations, lui permettait de justifier la présence de ses légions dans ce pIl
ays, et que la pacification de la Gaule pouvait lui permettre d’atteindre à Rome la position suprême.

Il avait mis le doigt dans l’engrenage lorsqu’il avait interdit au peuple des Helvètes de passer le Rhône à la sortie du lac Léman et d’entrer en Gaule pour la traverser afin de s’établir en Saintonge. Un peu comme l’avait fait, il y a longtemps, une partie du peuple des Bituriges habitant « La terre du milieu[1] » (qui deviendra le Berry) qui s’établie entre la Garonne- Gironde et la rive océanique et qui se différencie par l’adjectif vivisque complétant la nomination Biturige[2].

Devant ce refus, le peuple des Helvètes s’était arrangé avec la nation des Séquanes, de la région du Jura, qui leur permirent d’emprunter le pas de l’Ecluse.
Au regard de ce que César jugeait être une désobéissance et après un engagement militaire sans grande gloire au Mont-Beuvray, les troupes romaines obligèrent, les Helvètes à regagner leur territoire d’origine.
Cette affaire étant réglée, ce fut alors la nation des Eduens qui vint lui demander de les aider à repousser les Germain de d’Arioviste qui avaient passé le Rhin. César  lança ses troupes qui battirent  les agresseurs germains dans la plaine d’Alsace les obligeant à repasser le Rhin.
Décidément ce César et ses troupes prenaient beaucoup place dans la vie des nations gauloises !
Et cette ingérence, certes consentie par les demandeurs, commençait à inquiéter certains peuples gaulois qui avaient flairées les dessins de cet ambitieux général Romain.
C’était le cas de des nations Belges, Bellovaques, Suessions, Atrébates qui s’allièrent pour combattre contre l’ingérence de César dans les affaires de la Gaule.
César fut prévenu de cette coalition. Il intervint et remporta plusieurs victoires sur ces Gaulois avant de s’en retourner à Rome pour annoncer qu’il venait de pacifier  toute la Gaule.
Pourtant déjà les Vénètes se soulevaient et César revenu en Gaule précipitamment, eut bien du mal à venir à bout de cette révolte là.
En 53 avant J.C., après une assemblée des Gaules à Lutèce, César de nouveau cru qu’il était parvenu à ses fins, et que les nations gauloises acceptaient l’autorité romaine. Mais il n’en fut rien !

Evénement déclencheur de la campagne de César contre les Bituriges.
En 52 avant J.C., la nation gauloise des Carnutes se révolta et ses guerriers vinrent massacrer les Romains qui tenaient administration et garnison à Cenabum (Orléans). (BG III)
Assassiner un chevalier romain tel que Caïus Fufius Cita et son escorte, ainsi que tous les marchands romains faisant partie de son entourage, ne pouvait pas être sans graves conséquences.

Vercingétorix chef suprême de la nation des Arvernes, qui n’attendait qu’une l’occasion pour  lancer l’insurrection générale des nations gauloises contre l’occupation romaine, alla visiter toutes les nations en fustigeant la prise d’armes contre l’occupant comme venait de le faire les guerriers Carnutes à Cenabum.
Beaucoup de nations gauloises entendirent cet appel aux armes et fournirent spontanément des guerriers à Vercingétorix.
D’autre furent sur la réserve, voire même, contre cette insurrection, car la sollicitation  d’adhérence émise par chef Arverne était, dans sa nature, plus une menace qu’une simple demande. (BG IV)
Les Bituriges, alors en alliance avec les Eduens qui avaient pris, eux, parti pour les Romains, refusèrent leur participation.
Devant ce refus Vercingétorix menaça les Bituriges de représailles guerrières.
Face à cette menace, les Bituriges firent appel à l’aide à leur alliés les Eduens qui firent seulement semblant de répondre à leur sollicitation, en se mettant en marche mais en se gardant bien de franchir la Loire.
Les Eduens justifièrent cet immobilisme, par la crainte qu’ils eurent alors, de tomber dans un soit disant complot que leur auraient tendu les Bituriges et les Arvernes qui se seraient alliés en secret pour les exterminer. (BG V)
Il résulta de cette déflection d’alliance, que les Bituriges, se sentant trahi par les Eduens, entrèrent dans la coalition insurrectionnelle gauloise menée par Vercingétorix l’Arverne.
La nation des Bituriges fournit alors à Vercingétorix 12 000 guerriers. (BG V)

 

Mouvements des troupes gauloises et romaines
L’armée de César, qui venait de punir sévèrement l’insurrection de la cité de Cenabum (Orléans) et le massacre par les Carnutes des fonctionnaires et marchands romains, marchait plein sud en direction du pays biturige et sa capitale, la cité gauloise d’Avaricon.[3]  (BG XI)
De son côté, Vercingétorix et son armée, qui avaient dépassés la cité gauloise d’Avaricon, remontaient plein nord en ce même pays biturige pour intercepter l’armée romaine.
Alors que le rapport des forces en présence étaient favorable aux Gaulois, ce fut à Noviodunum (Neuvy sur Barangeon ou Neung sur Beuvron) que les cavaliers de l’avant-garde gauloise, sans attendre les ordres de Vercingétorix, s’engagèrent dans une charge héroïque certes, mais stupide, contre l’armée romaine qui les massacra tous et qui se rendit maître de la cité [4].
Bien que jeune, mais très instruit et fin stratège, Vercingétorix avait perçu très vite que le point faible de son armée résidait dans l’indiscipline de ses hommes, dont la vue rappelait plus une Horne guerrière qu’une armée efficacement manœuvrable. Et ces malheureux événements de Noviodunum venaient de lui en apporter la preuve.

Tactique de Vercingétorix
Désormais, les forces armées de Vercingétorix marcheront parallèlement, et à bonne distance de l’armée romaine.
Ces forces devaient éviter les attaques frontales y préférant la tactique du harcèlement consistant dans des attaques fulgurantes et imprévisibles des flancs de la colonne ennemis ne lui permettant ainsi aucun repos.
Il faut ajouter que les Gaulois guettaient tous les détachements romains chargés de pourvoir leur armée en nourriture et fourrage.
Justement, Vercingétorix savait qu’en privant cette armée romaine de son nécessaire ravitaillement il en diminuerait  son efficacité combative.
Il avait donc décidé en conseil d’envoyer une partie de ses troupes détruire, sur les territoires bituriges, toutes possibilités d’approvisionnement de l’armée ennemie.
Pour qu’il en fût ainsi, en plus des fermes et des villages, au moins vingt cités bituriges furent brulées par leurs propres habitants afin de ne laisser aucune ressource alimentaire disponible.
Vingt cités furent incendiées, sauf une, à la demande des Bituriges, Vercingétorix ne brûla pas Avaricon leur capitale
[5].

 Les raisons du choix de Vercingétorix d’épargner la cité d’Avaricon de la destruction.
Il semble bien que deux raisons peuvent être attachées à ce choix que fit le jeune chef gaulois.
*- D’abord la cité gauloise d’Avaricon était, au dire même de César, une cité d’une grande beauté esthétique et civilisationnelle qui reflétait et témoignait, au regard des vestiges archéologiques retrouvés sur place, d’une identité culturelle et sociale celtique biturige qui avait su s’ouvrir et s’exporter très tôt en direction du sud.
Le rayonnement spirituel de cette cité  située au centre de la terre du milieu semble avoir été tel, qu’elle était connue et reconnue de tous les Gaulois et de leurs nations.
Donc bruler Avaricon, s’était, pour un Gaulois, comme effacer ce qui étayait le sens de sa propre existence. Et pour Vercingétorix faire disparaître ce qui était un symbole d’unité identitaire.
A notre avis, les Bituriges n’eurent pas à supplier longtemps Vercingétorix pour qu’il épargne Avaricon des flammes destructrices de sa stratégie de la terre brulée et pour qu’il décide qu’elle serait défendue.

*- Ensuite, toujours aux dires de César[6], la cité gauloise d’Avaricon était si bien située topographiquement, si bien fortifiée par ses habitants et si bien pourvue en réserves de nourritures, qu’elle en était presque imprenable par des assauts fronteaux[7].
Seul un long siège pouvait en venir à bout.
Au fond de lui, Vercingétorix savait que César n’avait rien à perdre à attaquer Avaricon, car il y avait plus d’honneur à  perdre ses soldats à la guerre, que de les perdre par la famine.
Pour ne pas avoir le reproche des siens, d’avoir autodétruit la symbolique cité bituriges d’Avaricon, il avait fait d’elle un appât qui s’agitait sous le nez d’un poisson romain affamé qu’il n’était nullement sur de pêcher et de manger.
Mais après tout, même si Avaricon tombait à l’ennemi,  aucun reproche ne pourra lui en être fait puisque s’était les Bituriges eux-mêmes qui avaient voulu faire courir ce risque à leur cité. Et si ce fait se produisait, il pouvait espérer que l’indignation des Gaulois qui en résulterait tout en exacerbant leur esprit de vengeance envers l’ennemi romain, pourrait :
- D’abord lui permettre de voir encore plus de guerriers des nations gauloises venir le rejoindre et grossir ses rangs.
- Et peut-être faire émerger dans son camp  une certaine cohérence patriotique qui lui faisait défaut.
Cette faiblesse de ne point bruler Avaricon au même titre que les autres cités bituriges, qu’il croyait être une épine dans son pied, pourrait bien s’avérer être, au contraire, une formidable possibilité de vaincre l’occupant romain.
Nous pensons que cette vision de l’aspect des choses a certainement traversée l’esprit de Vercingétorix, mais nous ne croyons pas qu’il en ait fait un élément de sa stratégie.
D’ailleurs, au regard de l’imprévisibilité de la réactivité trop souvent spontanée et irréfléchie des siens, pouvait-il bâtir une véritable stratégie de campagne de guerre ? La réponse est non !

Les raisons de César d’aller conquérir la cité d’Avaricon
Depuis son départ de Cenabum, César et son armée avaient pris la direction de la cité gauloise d’Avaricon.
La raison du choix de cet objectif était que César pensait, que s’il se rendait maitre de cette cité hautement symbolique de  la civilisation celtique, qui forgeait non seulement l’identité biturige mais au delà celle de toutes les nations gauloises, Il ferait un pas de géant sur le chemin de sa conquête de la Gaule en enlevant a ses habitants l’essence même de la raison de leur combat.
Nous voyons que comme Vercingétorix, César avait perçu et avait comprit l’importance symbolique de la cité d’Avaricon. 
En avançant vers le sud, au travers les landes solognotes, l’armée romaine n’avait pas trouvé assez de ravitaillement en nourriture et fourrage pour subvenir aux besoins des hommes et des chevaux.
Les ventres romains gargouillaient déjà lorsqu’ils s’étaient rendus maîtres Noviodunum et depuis, avançant sur des terres où la moindre nourriture avait était détruite ou enlevée par les Gaulois de Vercingétorix, la faim pour ne pas dire la disette, s’était réellement installée dans ses rangs.
Cette faim persistante pesait sur le moral des légions et amoindrissait leurs potentiels combatifs. La raison de prendre la cité d’Avaricon n’était plus seulement de s’approprier un symbole, elle devenait pour ces légions romaines une nécessite vitale.
Pour César la cité d’Avaricon représentait donc à la fois une crainte et un espoir.
- La crainte d’y voir ses légionnaires affamés s’engluer dans un siège interminable et s’affaiblir peu à peu devenant ainsi des proies faciles pour l’ennemi gaulois qui guettait leurs moindres défaillances.
- L’espoir d’y voir ses légionnaires, poussés par la faim, trouver l’énergie vitale qui leurs permettrait de prendre  Avaricon pour faire mains basses sur l’abondante nourriture que cette cité contenait.

Pourquoi ne peut-on pas parler de stratégies gauloises et romaines dans ce conflit
Dans ce conflit romano-gaulois, qui se déroulait sur un territoire formé d’une mosaïque tribale qu’aucune cohérence collective ne liaisonnait et où l’intérêt de la tribu ou de la nation prévalait sur toutes autres considérations d’intérêt identitaire du peuple Celte, la qualité première demandée aux deux belligérants résidait incontestablement dans leur faculté d’adaptation réfléchie à réagir face à une situation imprévue qu’engendrait constamment  cette mosaïque territoriale tribale.
Et à cet exercice là,  le pragmatisme unitaire romain étaient bien plus fort et efficace que la spontanéité bravade et décousue gauloise fut-elle courageuse.
Dans cette guerre des Gaules, à bien y regarder, peu de fois les troupes des deux camps, romain et gaulois, avaient pu avancer l’une vers l’autre, sans que leur chef respectif, Vercingétorix et César, n’aient à suspendre l’action militaire en cours, pour aller régler des conflits entre nations gauloises comme leur imposait le jeux de leurs alliances.
Lors de cette guerre, il n’y eut donc pas plus de stratégie gauloise qu’il y eut de stratégie romaine 
Sur d’être obéit sans réserve de ses légionnaires, après chaque contre temps, César pouvait redessiner un schéma prévisionnel d’actions guerrières en fonction de la nouvelle situation, alors que Vercingétorix dépourvu de cette stabilité de son autorité sur ses guerriers, devait après chaque contretemps, reconstituer un consensus interne de ses effectifs avant de redéfinir ses prévisions d’actions guerrières.
Seulement voilà, pendant le temps où Vercingétorix reconstituait ce consensus interne indispensable, la rapide réactivité d’adaptation de César avait déjà donné à la situation initiale de nouvelles orientations qui s’imposaient au chef gaulois.
C’était comme on dit de nos jours, « avoir un temps de retard ».

 

II– Siège de la cité gauloise d’Avaricon et le massacre des habitants.

La Cité d’Avaricon en vue des légions de César
On ne connait pas la date exacte où les légions romaines arrivèrent en vue de la cité gauloise ce fut soit début du mois d’avril, ou dans courant du mois de mars 52 avant J.C [8].
Il semble qu’une majorité d’historiens, d’auteurs et de chroniqueurs soient d’accord pour dire que les troupes romaines vinrent à Avaricon en empruntant la voie romaine qui faisait communiquer  Cenabum (Orléans) avec Avaricon (Bourges) et au-delà, vers le sud avec Augustonemetum, (Clermont).
L’itinéraire des légions romaines, à partir de Cenabum, passait donc par : La Ferté St Aubin,  Chaumont sur Tharonne, La Ferté Beauharnais, Neung sur Beuvron où après l’échec de l’attaque de la cavalerie gauloise, César se rendit mettre de cette cité ; puis par : Salbris, Nançay, Neuvy sur Barangeon, Allogny, Saint Martin d'Auxigny, Fussy, La Gravette, près de Saint germain du Puy et enfin, Les Jacquelins près de Bourges.

 Deux hypothèses de situations géographiques des lieux apparaissent
A partir de l’arrivée des troupes romaines en ce lieu des Jacquelins, deux hypothèses de situations topographiques vont apparaître.
Elles concernent le lieu où se trouvait la cité d’Avaricon,  celui où se trouvait le camp de César et de ses légions et celui où était établit le camp de Vercingétorix.
Que nous dit César lui-même dans ses mémoires « de Bello Gallico » qui est le seul écrit que nous possédons, qui décrit les lieux où se sont passé les événements du siège et de la bataille d’Avaricon.
Lorsqu’il voit Avaricon il dit :
« …une ville qui est, ou peu s’en faut, la plus belle de toute la Gaule, qui est la force et l’ornement de leur pays ; il leur sera facile, vu sa position, de la défendre, vu sa position naturelle ; car presque de toutes parts entourée d'une rivière et d'un marais, elle n'a qu'une avenue (accès)très étroite…»[9]
« … La position de l’ennemi était une colline qui s’élevait en pente douce. Elle était entourée presque de toutes parts d’un marais difficile à traverser et plein d’obstacles, dont la largeur n’excédait pas cinquante pieds. Les Gaulois avaient coupé les passages et, confiants dans la force de leur position, ne bougeaient pas de leur colline ; rangés par cités, ils occupaient solidement tous les gués et tous les fourrés de ce marais, prêts, au cas où les Romains essaieraient de le franchir, à profiter de leur embarras pour fondre sur eux du haut de leur colline… »
[10]
Lorsqu’il estime la population gauloise enfermée dans Avaricon, il écrit :
« …Enfin de toute cette multitude qui se montait à environ quarante mille individus, à peine en arriva-t-il sans blessures auprès de Vercingétorix, huit cents qui s'étaient, au premier cri, jetés hors de la ville… »[11]
Lorsqu’il décrit l’endroit où il a installe son camp et préparer son attaque, il écrit :
« …César campa devant la ville du côté où les cours d’eau et les marais laissaient, comme nous l’avons dit, un étroit passage, et il entreprit de construire une terrasse, de faire avancer des mantelets, d’élever deux tours ; car la nature du terrain interdisait la circonvallation… »[12]
Lorsqu’il parle de la situation du camp de Vercingétorix, il écrit :
« …Vercingétorix suit César à petites étapes et choisit pour son camp une position couverte par des marécages et des bois, à seize mille pas d’Avaricum. Là, un service régulier de liaison lui permettait de connaître heure par heure les péripéties du siège et de transmettre ses ordres… »[13]

 

Les Hypothèses de situation des lieux

* L’hypothèse traditionaliste d’implantation des sites situe
la cité Avaricon sur le promontoire où est l’actuel centre ville de Bourges ;
* Elle situt le camp de César et de ses assiégeants romains, en gros entre la rue jean Baffier au Sud-ouest de ce qui est aujourd'hui la Ville de Bourges, et la rue de Sarrebourg au Nord-est de cette même ville (quartier de Pignoux), qui représent une surface de 48 ha.
* Elle situe le camp de Vercingétorix à Chou à une dizaine de kilomètres à l’Est de l’actuelle ville de Bourges.
Cette hypothèse traditionaliste est admise, depuis très longtemps, par la plupart des historiens berruyers comme Chaumeau, Nicolay, La Thaumassière, Raynal, etc.
Sauf que, les descriptions de César, ne correspondent pas à une implantation de la cité gauloise sur le promontoire de l’actuel centre ville, ni à la situation du camp de César  dans l’actuel quartier de Pignoux.
Concernant Avaricon
César nous dit qu’Avaricon est protégée par une rivière et des marais, alors que le promontoire est baigné par deux rivières (Yèvre et l’Auron) et des marais. 
César nous dit encore qu’Avaricon abritent 40 000 individus, alors qu’il n’est pas possible que la surface de ce promontoire puisse abriter 40 000 Gaulois (guerriers, hommes, femmes et enfants et vieillards).
Concernant le camp de César
L’établissement du camp des légionnaires romains sur le quartier de Pignoux, ne correspond pas non plus à ce qu’écrit César.
César nous dit qu’il établit son camp sur un étroit passage, alors que la bande de terre que représente le quartier de Pignoux n’est pas particulièrement étroite.
César nous dit aussi que ses forces sont de 8 légions soit un peu plus de 35 000 légionnaires, alors que la surface délimitée du camp du quartier de Pignoux est de 48 ha, nettement insuffisant pour accueillir une telle population.
Concernant le camp de Vercingétorix
Cette hypothèse le situe à Chou, à l’Est d’Avaricon, là aussi, elle ne semble pas correspondre avec ce qui fut la réalité.
César nous dit seulement que Vercingétorix établi son camp à seize mille pas d’Avaricon (un peu moins de 12 km). Si  cette distance correspond à la situation de Chou, les vestiges retrouvés de ce soit disant camp, sont bien antérieurs à l’époque, et peuvent être fixés comme appartenant au néolithique, donc rien a voir avec Vercingétorix.
Louis Raynal, en 1845 fut le premier à contester ce lieu comme situation du camp gaulois. Il fut suivi par Dubois de la Sablonnière en en 1933 qui le place aux Aix d’Angillon.
Cette hypothèse d’implantation du camp de Vercingétorix à Chou est aujourd’hui abandonnée sans qu’on ait pu proposer une autre situation.


 * L’lypothèse récente d’implantation des sites[14] se fonde  et s’établit dans le respect des descriptions que nous fait César dans ses mémoires (Bello Gallico), en prenant en compte les surfaces d’évolution que nécessitait le nombre des belligérants impliqués dans ce siège. En plus, elle donne une nouvelle proposition de situation du camp gaulois de Vercingétorix.
Cette hypothèse situerait donc la cité gauloise d’Avaricon dans une zone délimitée à l’Est par la vallée du Colin ; au Nord par la vallée du Langis ; à l’Ouest, par le marrais de Bourges ; au Sud par la vallée de l’Yèvre. Les experts[15] situeraient la cité d’Avaricon dans la partie Est de cette zone territoriale ainsi déterminée.
Concernant la cité d'Avaricon
Cette partie de zone correspond pleinement à la description de César qui écrit que la cité se situe sur une colline et qu’elle est entourée d'une rivière (Yèvre) et d'un marais, elle n'a qu'une avenue (accès) très étroite (langue de terre entre les vallées du Colin et du Langis). C'est le cas !
Cet espace ainsi défini peut accueillir sans problème les 40 000 habitants et guerriers gaulois que César mentionne dans ses écrits.
Concernant le camp de César
Cette hypothèse situerait alors le camp de César et de ses huit légions, tout de suite au Nord-est de cette langue de terre qui est le seul passage étroit  pour accéder à la cité d’Avaricon (aujourd’hui connu sous le nom « les terres de Jacquelin « ).
Là encore, les lieux d’implantation des installations militaires romaines sont conformes aux écrits de César, et parce que ces mêmes lieux sont en capacité d’accueillir sans problème les 35 000 légionnaires plus tous leurs personnels d’intendance.
Parce que, dans ce cas, la voie romaine par laquelle est arrivée César et ses troupes, permettait aux rares convois de ravitaillements Edeniens et Boienien de pourvoir bien insuffisamment aux besoins de cette armée, comme les écrits le mentionnent.
Concernant le camp de Vercingétorix
Dans cette hypothèse, le camp de Vercingétorix se situerait sur une colline à l’Est de Saint Eloi de Gy où actuellement se situent deux lieux-dits « Bois-Bernard » et « Le Crêton ».
Ce lieu correspond lui aussi aux descriptions de César qui indique que ce camp gaulois était sur une colline qui s’élevée en pente douce. Cette colline était ceinturée d’un marais dont la largeur n’excédait pas 50 pieds[16] (17 m) et se situe au Nord-ouest à environ 16 000 pas[17] (environ 12 km) d’Avaricon.


Carte de Bourges situant les lieux énoncés par les deux hypothèses.

 

 



Rien ne nous indique que l’une ou l’autre de ces deux hypothèses relate la vérité historique de la situation des lieux où se sont passé ces événements.
Disons seulement que la plus récente correspond bien mieux aux descriptions que nous fait César des lieux où eurent cours la fameuse prise d’Avaricon par les légionnaires romains et que, de plus, elle correspond mieux aux surfaces requises nécessaires à l’évolution des 40 000 habitants et guerriers gaulois, et des 40 000 légionnaires romains et hommes d’intendance.
Ce qui ne veut pas dire qu’il nous faut exclure totalement la première hypothèse !
Les fouilles archéologiques semblent nous indiquer qu’à l’endroit de l’actuel centre ville de Bourges, existait une  enceinte, d’une cité gauloise princière[18] datant d’époques bien antérieures à la bataille d’Avaricon, et qu’en dehors de cette enceinte, à ces mêmes époques étaient implantées plusieurs zones d’habitats et de lieux d’activités, qui était pour l’époque, très importante.
D’autres fouilles, en 1984 et 1993 ont également mis à jour des vestiges d’habitats urbains dans les nivaux du sol de Saint Martin des Champs, de Port Sec, du collège Littré et des Etablissement militaires, à Bourges.
Des fragments d’objets s’étendant sur une centaine d’hectares, tendent à démontrer que ces implantations d’habitats urbains étaient fortifiées,  et faisaient partie d’un ensemble d’infrastructures défensives communes, datant environ entre 450 et 425 avant J.C.[19] [20]

 

En partant de cette réalité, on peut supposer que la cité d’Avaricon vue et assiégée par César, avait une autre configuration que celle traditionnellement énoncée jusqu’en 1999 et qu’il n’est  pas absurde d’envisager  que « Urbs » comme il l’a nommée, était en réalité une cité fortifiée, territorialement plus étendue que supposer pouvant englober le lieu énoncé dans la première hypothèse de situation (centre ville actuel de Bourges) et celui défini dans la seconde hypothèse ( Port Sec sud et nord et zone commerciale de Saint Germain de Puy.

Quoiqu’il en soit, que ce soit sur les lieux que définie l’une ou l’autre des deux hypothèses de situation qui ne sont pas limitatives, ça ne change rien à la chronologie et au contenu des faits de guerre qui ont abouti à la prise par César de la cité gauloise d’Avaricon.

 

Déroulement de l’affrontement entre les Gaulois Bituriges d’Avaricon et les légionnaires de César
Le camp des Romains de César

César avait décidé de faire cantonné ses troupes sur la seule bande de terre qui donnait accès à la cité biturige et qui se situait à l’opposé des marécages et de la rivière[21].
Il avait pris soin de le placer de sorte que ses légionnaires aient, entre la cité et le camp, l’espace nécessaire pour élever deux terrasses et leurs accès en plan incliné destinés afin de permettre aux « vinae » (mantelets) de positionner ses troupes au niveau du chemin de ronde des fortifications de la cité biturige[22].
César était admiratif devant ces fortifications. Il les appelle dans ses mémoires «  murus gallicus ».
Le noyau central de ces fortifications était fait d’une succession de caissons délimités par des poutres solidaires les uns des autres, remplis de terre, d’une épaisseur de 4 m qui rendent inutile l’usage du bélier. Ce noyau central était recouvert d’un revêtement de pierres taillées qui pouvait s’élever jusqu’à 6 m de hauteur, laissant apparentes les extrémités des poutres. Un chemin de ronde coiffait le sommet du mur auquel on accédait de l’intérieur par une rampe en terre battue[23] [24].

[25]
Pour l’heure, ses légionnaires avaient faim, car tactique de la terre brulée que pratiquaient les troupes de Vercingétorix, limitait à peu le ravitaillement en nourriture nécessaire aux hommes et aux chevaux[26] [
27]. 

C’était donc le ventre vide que les légionnaires romains commencèrent à élever les deux rampes de 80 pieds de Hauteur (environ 23 m) et de 330 pieds de largeur (environ 95 m) qui devaient permettre la mise en position deux tours de siège construites sur place par les charpentiers romain qui seront manœuvrées sur les rampes par d’énormes cabestans[28]. 
Ces deux rampes seront rejointes, à leurs extrémités hautes, par une terrasse de 80 pieds de haut et de 330 pieds de large (environ 99m) permettant l’installation des mantelets[29] protégeant les troupes d’assauts.

Le camp des Gaulois de Vercingétorix
Vercingétorix pour sa part s’était rapproché d’Avaricon et avait établit son camp à quelques encablures, sur une colline aux pentes douces, entourée de marécages.
Delà, il avait une vue plongeante sur Avaricon et sur le camp de César.
Les Gaulois occupaient cette colline en étant organisés par nations, par cantons, et par tribus.
Ils gardaient tous les endroits qui permettaient de traverser les marécages à pied d’homme et tous les bosquets qui permettaient un abri contre les flèches des archès romains.
En un rien de temps, ils étaient capables de verrouiller tous les accès à la colline et se mettre en position pour la défendre[30]. 
Régulièrement, des groupes de guerriers gaulois partaient de ce camp, pour mener des raids, ayant comme objectif principal celui d’intercepter et de décimer les soldats romains de César qui recherchaient des vivres et du fourrage.
Vercingétorix n’avait pas l’intention d’engager directement ses effectifs guerriers dans la défense d’Avaricon. Ces troupes étaient bien trop précieuses pour la poursuite de la guerre contre les Romains ! Et puis s’étaient les Bituriges, qui lorsqu’il eut s’agit de brûler leur ville pour appliquer la tactique de la terre brulée, avaient refusés qu’elle ne fût incendiée en affirmant être en mesure de la défendre facilement.

 

Tentative romaine pour conquérir le camp gaulois de Vercingétirix
Ce fut ainsi qu’un jour un espion vint dire à César que Vercingétorix avait lui-même pris la tête d’une troupe de fantassins et de cavalier pour aller intercepté les fourrageurs romains.
Connaissant le peu de discipline des Gaulois, César vit bien qu’il y avait là une opportunité pour tenter une action contre ses ennemis ; d’autant qu’ils étaient sans chef, et que dans ce cas ils étaient capables par bravade et indiscipline de mettre en danger leurs positions sur cette colline.
Les troupes romaines conduites par César se mirent silencieusement en marche en direction de la colline où se trouvait le cantonnement gaulois.
Mais malgré les précautions prises, bien avant leur traversée des marécages, les sentinelles gauloises les avaient repérés et elles avaient donné l’alerte à grands sons de « Carnyx " [31]
Alors César et ses troupes virent la colline s’hérisser de défenseurs gaulois qui se mettaient en position de combat dans un ordonnancement sans faille. Ce qui fit penser à César que les dire de l’espion n’étaient peut-être pas fiables, et que les officiers, les chefs et même Vercingétorix n’étaient pas partis en opération.
César ordonna l’arrêt immédiat de ses soldats et, comme à son habitude, il fit vite un bilan de la situation. Quel était-il ?
- D’abord, l’effet de surprise avait échouée !
- Ensuite, sur le bas de la colline qui longe les marécages, se tenaient plusieurs lignes serrées d’archers gaulois prêts à les prendre pour cible dès qu’ils seront engagés dans l’eau pour  traverser.
- Ensuite encore, plusieurs vagues de guerriers se tenaient prêtes à mi-pente à la dévaler, telle une charge de cavalerie pour exterminer les légionnaires qui auraient eu la chance de mettre le pied sur la rive.
- Enfinderrière toutes ces lignes défensives, se tenait la cavalerie gauloise qui achèverait à mesure ceux qui auraient franchis  les lignes des archers et des fantassins.
Le jeu n’en valait pas la chandelle ! Ils étaient là pour se rendre maîtres de la cité d’Avaricon, pas pour investir le camp de Vercingétorix qui fatalement ne pouvait que leurs couter des vies qui les affaiblira quand il s’agira de faire face aux forces gauloises de la cité.
César donna à ses troupes l’ordre de la retraite qui s’effectua sous les huées et les insultes des Gaulois[32].
A partir de ce fait, il n’y eut plus de tentatives romaines d’investir le camp de Vercingétorix. Ce qui décida alors ce dernier de renforcée les défenseurs bituriges d’Avaricon en leurs envoyant 10 000 hommes de ses forces.
[33]

Les assiégés bituriges de la cité d'Avarcon
Du haut des murailles d’A
varicon, les défenseurs bituriges de la cité ne faisaient pas que de regarder les Romains terrasser leurs rampes d’accès et la terrasse entre les deux portes de la cité[34]

Bien au contraire, ils harcelaient sans cesse les Romains avec des tirs d’archers, en multipliant les sorties, en bombardant de pierres, de poix et de suif les mantelets tentant de les démolir et de les incendier. Ils creusaient aussi des galeries qui sapaient les terrassements, et provoquaient de gros effondrements des ouvrages[35].
Malgré ces harcèlements bituriges, les Romains continuèrent l’ouvrage sans sourciller, mais le ventre creux.
Ils mirent environ trois semaines pour parvenir à finir leurs ouvrages de siège qui allaient bientôt être opérationnels.
Pour les assiègés, il était incontestable que les ouvrages de siège construits par les Romains face aux fortifications gauloises, étaient de nature à permettre aux dix légions de César la prise de la cité.
Deux options s’offraient à eux :
- Soit ils défendaient leur cité du haut de ses remparts et veillaient à contenir et à repousser les attaques romaines en espérant que la famine qui régnait déjà dans tout le camp romain occasionnée par  la tactique de terres brulées menée par Vercingétorix et ses troupes, allait  augmenter au point d’influer sur la combativité des Romains et obliger ainsi César à lever le siège.
- Soit ils affrontaient tout de suite les troupes de César pour détruire les infra structures de siège des Romains avant qu’ils en aient organisé efficacement l’utilisation.
La patience n’étant pas le fort des Gaulois, les défenseurs bituriges choisir l’attaque immédiate en faisant une sortie surprise et d’importance hors des murs de la cité.


L'attaque des Bituriges
Ce fut au lors de la troisième veille d’une nuit que les forces gauloises d’Avaricum se déversèrent sur les installations romaines en vue de les détruire.
Simultanément, du haut des remparts, d’autres défenseurs gaulois jetaient du bois et des torches enflammées sur les structures charpentées de la terrasse romaine afin de les incendier[36].
Le flux des guerriers bituriges se heurta aux deux légions romaines qui surveillaient sur la terrasse et rampe d’accès.
A la vue de cette vague déferlante de Bituriges, les légionnaires séparèrent leurs forces en deux parties[37] :
- L’une fit face aux guerriers bituriges et encaissèrent le choc de l’assaut,
- L’autre se chargea de manœuvrer les deux tours de siège au moyen des énormes cordes enroulées sur des cabestans les faisant ainsi avancer ou reculer.
Les combats furent intenses et terribles. Le courage se vit dans les deux camps.
Les deux  premières légions ne résistèrent pas longtemps devant la détermination des Bituriges ! César envoya des renforts, mais malgré cela les Gaulois incendièrent les mantelets qui rapidement ne pouvaient plus protéger les Romains des jets de flèches et de lances gauloises.

Les Bituriges parvinrent à  enflammer une tour de siège lui causant de graves dégâts, et détruisirent presque tous les mantelets, mais le prix en vies qu’avaient coûté aux Bituriges ces petits succès était disproportionné.
Quand le combat cessa, les troupes des deux camps étaient exténuées.
Lorsque Vercingétorix apprit qu’elle était la situation de la cité d’Avaricon, il ordonna d’évacuer discrètement la cité qu’il savait à plus ou moins longue échéance, condamnée. Car à ses yeux, si un tel flot de guerriers bituriges avaient pu être contenu par les Romain affaiblis par la faim, sans mettre en péril leur combativité et leurs positions arrières, il lui était évident qu’ils ne pourront pas être vaincus ici à Avaricon[38].
Mais évacuer discrètement par les marais, une multitude de 40 000 Gaulois guerriers, femmes, enfants et vieillard, cela ne pouvait pas se faire en peu de temps, et le temps manquait aux Bituriges, car déjà César avait ordonné la réparation de la tour et la remise en état des rampes et de la terrasse.

La contre attaque des Romains
La nuit qui suivit les Bituriges commencèrent à évacuer la cité d’Avaricon par la porte des marais.
César nous dit que ses guetteurs avaient été alertés par les supplications des femmes bituriges qui imploraient les guerriers que Vercingétorix avait donnés en renfort à la cité, de ne pas les abandonner aux cruautés des Romains[39].
Ceci est peu vraisemblable car les femmes bituriges étaient de celles qui combattaient au coté de leur mari sur les champs de batailles.
César se voulu sans doute être mélodramatique aux yeux des sénateurs romains dont dépendait le financement de sa campagne militaire en Gaule.
Ce qui semble plus plausible, c’est que les espions de César l’avaient informé des ordres d’évacuation de Vercingétorix.
Quoiqu’il en soit, les Romains empêchèrent toutes sorties de la cité.
Le jour suivant, le mauvais temps s’installa avec plus d’intensité, avec du froid et surtout beaucoup de pluie, poussant les terrassiers et charpentiers romains à arrêter leurs travaux.
Dans le même temps où les assiègés d'Avaricon voyaient ces ouvriers se réfugiaient sous les tentes, César ordonna à ses légionnaires de s’armer et d’être prêts à l’attaque des murailles ennemies dès que la méfiance des Bituriges sera endormie[40].
Ne voyant plus de Romains sur les rampes et la terrasse, peu à peu, les Bituriges allèrent aussi se mettre à l’abri, ne laissant sur les remparts d’Avaricon que des veilleurs.
Ce qui devait arriver, arriva !  Silencieusement les légionnaires parvinrent à neutraliser les sentinelles bituriges et ils se rependirent sur le chemin de ronde et de défense des murailles de la cité.
Quand l’alerte fut enfin donnée, les Bituriges quittèrent précipitamment leurs maisons pour regagner le sommet des murailles mais s’était trop tard, déjà les légionnaires se rependaient dans la cité à grande vitesse, d’autant que César les avait autorisés, avant de procéder au  pillage des biens,  le massacre de tous les Bituriges[41].
Ne pouvant résister aux Romains, les Bituriges guerriers, femmes, enfants et vieillards tentèrent de gagner la porte des marais où déjà s’était agglutinée une multitude dans laquelle, on se piétinait et on s’écrasé pour avoir le passage.
Ainsi coincé, le massacre que firent les Romains fut terrible car systématique.
Des 40 000 habitants d’Avaricon, seuls 800 purent s’échapper et rejoindre les lignes avancées du camp de Vercingétorix.
Vercingétorix  fut conscient de l’effet que pouvait avoir l’arrivée de ces miraculés d’Avaricon sur ses troupes à qui il avait ordonné de ne pas intervenir.
Alors il décida que les survivants n’entreraient dans le camp qu’a la nuit et qu’ils seraient immédiatement répartis dans les différentes Nations en qui il avait grande confiance.

Le siège d’Avaricon avait duré 27 jours[42].

 

 

Epilogue

Avec les vivres que contenait la cité, les Romains pouvaient apaiser enfin leur faim, et avec le butin des pillages des maisons de la ville, ils étaient aussi riches de pouvait l’être un légionnaire romain.

Vercingétorix et ses troupes restèrent sur la colline et observèrent les mouvements des Romains, tant dans la cité que dans les environs.

Les écrits ne nous disent pas combien de temps les troupes de César et de Vercingétorix restèrent sur ces lieux. César nous dit qu’il resta plusieurs jours dans Avaricon et que l’hiver n’était pas encore achevé ce qui nous laisse supposer que les Romains occupèrent la cité gauloise au moins jusqu’au 21 avril [43].
Ils ne nous disent pas non plus si les habitations et annexes d’Avaricon furent détruites avant que César et Vercingétorix avec leurs troupes respectives ne partent  par des chemins parallèles, vers la cité de Gergovie que César avait l’intention d’investir.
Enfin ils ne nous disent pas si César laissa une troupe d’occupation dans la cité biturige.

Une chose est sur, ce fut après la reddition de Vercingétorix à Alésia que la Gaule devint romaine et que la cité d’Avaricon prit le nom latinisé d’Avaricum.

 

Notes de références & Bibliographie

[1]  JOHANNOT. (René.) : http://www.my-microsite.com/santjohan/Histoire-du-Berry/49653/

[2] JOHANNOT. (René.) : http://www.my-microsite.com/santjohan/Histoire-du-Berry/47085/

[3] Le nom « Avaricon » signifie  « ville des eaux », il lui venait de la rivière Avara, déclinée aussi en Evre, et qui aujourd’hui est l’Yèvre.
KRUTA. (Venceslas.). : « Les Celtes, Histoire et Dictionnaire ».Edition Lafond. Paris 2000.

[4]  CESAR. (Jules.). : « Bello Gallico » « Guerre des Gaules ». Livre VII,  chapitre 12 & 13.

[5] CESAR. (Jules.). : « La Guerre des Gaules » Livre VII, chapitre XV.

[6] CESAR. (Jules.). : « La Guerre des Gaules » Livre VII, chapitre XXII.

[7] CESAR. (Jules.). : « La Guerre des Gaules » Livre VII, chapitre XXII & XXIII.

[8] Les textes disent que la cité gauloise d’Avaricon fut prise par les légions de César en avril -52, et que le siège avait duré 27 jours.

[9] CESAR. (Jules.). : « La Guerre des Gaules » Livre VII, chapitre XV.

[10] CESAR. (Jules.). : « La Guerre des Gaules » Livre VII, chapitre XIX.

[11] CESAR. (Jules.). : « La Guerre des Gaules » Livre VII, chapitre XXVIII.

[12] CESAR. (Jules.). : « La Guerre des Gaules » Livre VII, chapitre XVII.

[13] CESAR. (Jules.). : « La Guerre des Gaules » Livre VII, chapitre XVI.

[14] NARBOUX. (Rolland.). : « Mystère de la bataille d’AVARICUM » Editeur La Bouignotte n° 66 1998.

BERGER. (Jacques.). & BERTHIER. (André.). : «  Recherche du site d’Avaricum ». Editeur La Nouvelle République : Dossier. 28 janvier 2000.

[15] NARBOUX. (Rolland.). : « Mystère de la bataille d’AVARICUM » Editeur La Bouignotte n° 66 1998.

BERGER. (Jacques.). & BERTHIER. (André.). : «  Recherche du site d’Avaricum ». Editeur La Nouvelle République : Dossier. 28 janvier 2000.

[16] Un pied romain vaut  0, 296 m

[17] Un pas romain vaut 0, 741 m

[18] AUGIER. (L.). -  BUCHSENSCHUTZ. (O.). – RALSTON. (I.). : « Un complexe princier de l’âge du Fer : l’habitat du promontoire de Bourges (Cher), VIe-IVe s. av. J.-C, 2007 ». Revue archéologique du centre de la France : suppl. 32, 200 p.

[19] La céramique produite sur place est représentée, par des objets où ont été faites des inclusions de petits nodules de fer et de coquillages fossiles qui peuvent être considérés comme des marqueurs de cette production régionale. ; Les céramiques importées sont bien représentées par des amphores méditerranéennes provenant des côtes d’Italie du nord, de la Corse et du littoral de l’Hérault.  Les objets en bronze étrusques et italiques (17 pièces recensées), datent pour les plus anciens du VIIIe s. av. J.-C., mais ils sont principalement représentés à la fin du VIe et au Ve s. av. J.-C. Pour cette dernière époque, un lien existe entre la distribution des céramiques grecques et les vases de bronze italiques.

[20] MILCENT. (Pierre Yves.). : « L'expérience urbaine hallstattienne : Bourges-Avaricum, une capitale celtique au Ve s. av. J.-C. Les fouilles du quartier Saint-Martin-des-Champs et les découvertes des Etablissements militaires ». 2007. Revue archéologique du centre de la France.

[21] CESAR. (Jules.). : « La Guerre des Gaules » Livre VII, chapitre XVII.

[22] CESAR. (Jules.). : « La Guerre des Gaules » Livre VII, chapitre XVII.

[23] On les identifie cette sorte de fortification  grâce aux grands clous de fer qui fixaient les poutres de cœur à leur croisement dont la longueur était entre 20-30 cm.

[24] CESAR. (Jules.). : « La Guerre des Gaules » Livre VII, chapitre XXIII.

[25] Image : Cette maquette du siège d'Avaricum fut réalisé en 1998 par l'association " l'escargot rouge ", dans le cadre d'une importante animation appelée " Bourges Simulation ". Cette maquette et l'exposition sont visibles en permanence à l'Hôtel de Ville de Bourges.

[26] CESAR. (Jules.). : « La Guerre des Gaules » Livre VII, chapitre XIV.

[27] CESAR. (Jules.). : « La Guerre des Gaules » Livre VII, chapitre XV.

[28] Un cabestan : est un treuil à axe vertical utilisé pour tirer et enrouler des cordages divers.

 

[29] Le mantelet : est un objet qui protège et qui fait office de bouclier, mais plus grande et lourde que celui-ci. Il s'agit de planches de bois assemblées évidée comme une archère et rendue facilement mobile par deux roues.

[30] CESAR. (Jules.). : « La Guerre des Gaules » Livre VII, chapitre XIX.

[31] Carnyx : Il s’agit d’une trompe verticale d'environ 2 mètres de haut en tôle de bronze, dont le pavillon affecte généralement une hure de sanglier

[32] CESAR. (Jules.). : « La Guerre des Gaules » Livre VII, chapitre IXX.

 

[33] Image : Cette maquette du siège d'Avaricum fut réalisé en 1998 par l'association " l'escargot rouge ", dans le cadre d'une importante animation appelée " Bourges Simulation ". Cette maquette et l'exposition sont visibles en permanence à l'Hôtel de Ville de Bourges.

[34] Elle devait permettre les assauts romains sur le sommet des fortifications de la cité d’Avaricon.

[35] CESAR. (Jules.). : « La Guerre des Gaules » Livre VII, chapitre XXII.

[36] CESAR. (Jules.). : « La Guerre des Gaules » Livre VII, chapitre XXIV.

[37] CESAR. (Jules.). : « La Guerre des Gaules » Livre VII, chapitre XXIV.

[38] CESAR. (Jules.). : « La Guerre des Gaules » Livre VII, chapitre XXVI.

[39] CESAR. (Jules.). : « La Guerre des Gaules » Livre VII, chapitre XXVI.

[40] CESAR. (Jules.). : « La Guerre des Gaules » Livre VII, chapitre XXVII.

[41] CESAR. (Jules.). : « La Guerre des Gaules » Livre VII, chapitre XXVIII.

[42] CESAR. (Jules.). : « La Guerre des Gaules » Livre VII, chapitre XXVIII.

[43] CESAR. (Jules.). : « La Guerre des Gaules » Livre VII, chapitre XXXII.

 


 
 
le 10-04-2020 18:17

Le Berry Gaulois énigme identitaire des Bituriges Vivisques !

 

Article écrit par R. Johannot en février 2013, publié sur ce site le 10 Avril 2020.

 

 

 

 

 

 

 

Le Berry Gaulois
énigme identitaire des Bituriges Vivisques !

 

 

Genèse de l’énigme


Lorsque le géographe grecque Strabon[1] écrit sa Géographie, en 17 après J.C., dans son livre IV- chapitre II- paragraphe I, parlant des Gaules et de ses peuples, il mentionne pour la première fois, l’existencede Gaulois qui se font appeler Bituriges Vivisques (en grec « Ouiviskoi ») et qui sont établis en Aquitaine.

Un peu plus loin dans ses écrits, au paragraphe II du même chapitre et du même livre, il s’empresse de différencier ces Bituriges Vivisques des Bituriges Cubes (en grec « Kouboi ») vivant au centre de la Gaule entre le sud de la Loire et le nord des monts d’Auvergne.

 

Alors que nul autre auteur n’a jamais antérieurement fait allusion à cette différenciation, il fut penser que Strabon, en mentionnant les Bituriges Vivisques, révélait l’existence d’une nouvelle nation gauloise biturige installée en Aquitaine.
En tout cas, cette révélation de Strabon engendrait tout un questionnement, à savoir :
Qui étaient ces Bituriges Vivisques ?
D’où venaient-ils ?
Pourquoi étaient-ils sur ce territoire ?
Et depuis quand y étaient-ils établis ?

 

 

Certaines hypothèses avancées

Certains historiens ont émis l’hypothèse que, la Nation des Gaulois Bituriges, pouvait être composée, dès sa formation, de deux entités distinctes vivant en osmose dans un même royaume établi au centre de la  Celtica :
1°) - Les Bituriges Cubes ou Cubi.
2°) - Les Bituriges Vivisci ou Vivisques.
Ainsi, la cité principale de cette terre du milieu [2](qui deviendra le Berry) appelée Avaricon où aussi Avarich, aurait pu être structurée socio-culturellement à partir de deux pagi réunis par une étroite alliance.
Avaricon[3] (= ville des eaux) lui venait de la rivière Avara [4](=  Evre, aujourd’hui l’Yèvre).
En effet, les habitats primitifs d’Avaricon avaient été implantés sur le promontoire qui se situe au confluent de Yèvre et de l’Auron[5].
La crédibilité de cette hypothèse de structuration sociétale biturige semble s’être renforcée lorsque l’examen d’une pièce de monnaies bituriges trouvées en 1827 à Cheverny dans le Loir et Cher,[6] fit apparaître sur une même face les deux ethnonymes [7]:
- OYI désignant les Bituriges Vivisques (Βιτούριγες οἱ Οὐιβίσκοι)
- KOY désignant les Bituriges Cubes (Βιτούριγες οἱ Κουβοι)

Cette pièce de monnaie[8], qui est datée du premier siècle avant J.C., donnerait donc la preuve que ces deux entités bituriges avaient, à cette époque, une monnaie commune qui pouvait les réunir en une seule Nation.
D’autre part, il semblerait communément admis que la scission entre Cubes et Vivisques, ainsi que l’installation de ces derniers entre océan et Gironde-Garonne, daterait d’après les guerres de conquête des Gaules par César entre 58 et 50 avant J.C.

Certaines de ces hypothèses pourraient êtres hasardeuses

A notre avis, mis à part le fait que cette monnaie biturige atteste une certaine unité du peuple des Bituriges et l’existence de l’appellation Bituriges Vivisques dès le 1er siècle avant J.C., les autres hypothèses émises ci-dessus sont rendues hasardeuses par le manque de preuve voire même, par l’absence d’éléments probants de la réalité historique, environnementale et politique, des époques qu’elles désignent.
L’hypothèse de la composition du peuple des Bituriges en deux entités distinctes Cubes et Vivisques dès sa formation nous semble être une vision très improbable de ce que fut la réalité, à cause des structurations sociétales monolithiques mêmes des Nations gauloises.
Il en est de même de l’hypothèse d’une scission reposant sur une supposée décision punitive de César à l’encontre des Bituriges à cause de leur alliance avec Vercingétorix pour le combattre, dont on ne trouve aucune trace écrite.

Qui parle ou ne parle pas des Bituriges Vivisques ?

A aucun moment,  les auteurs historiens, philosophes et géographes antiques[9] du premier au sixième siècle d’avant J.C. ne nous parlent des Bituriges Vivisques.
Seuls Hécatée de Milet et Hérodote citeront les Celtes dans leurs écrits.
Même César, dans ces récits contenus dans son ouvrage de Bello Gallico,  sans doute rédigé en 51 ou 52 avant J. C., ne fait aucune allusion à  une distinction quelconque entre Cubes et Vivisques.
- Ni lorsqu’il parle de sa campagne punitive en pays biturige qui le mènera à assiéger et prendre la cité gauloise d’Avaricon[10].
- Ni lorsqu’il énumère les peuples Gaulois auxquels Vercingétorix fait appel afin qu’ils lui envoient des guerriers de secours à Alésia[11].
Il en est de même d’Aulus Hirtius[12] auteur du Livre VIII de Bello Gallico - Commentaires de César sur la Guerre des Gaules dont les écrits sont complémentaires à ceux de César.
Pourtant, à cette époque des écrits de César et de Hirtius, sur la guerre des Gaules, l’appellation Bituriges Vivisques existait depuis le premier siècle d’avant J.C., comme l’atteste et le prouve la monnaie dont nous venons de parler ! 
Cette preuve qui, s’il en était besoin, serait confirmée par Strabon, que nous avons déjà cité plus avant dans cet écrit, dans sa géographie, Livre IV, chapitre 2.1, qui date de l’an 17 après J.C..
Voila ce qu’il écrit :
L. IV – 2 -1 « La Garonne, grossie de trois affluents, à son embouchure entre le pays des Bituriges dits Bituriges Vivisques et le pays des Santons, peuple gaulois tous les deux. De fait ces Bituriges là sont la seule population allogène installée sur le territoire des Aquitains ; ils ne leur paient pas d’impôts. Ils ont pour place de commerce Burdigalla, au bord d’une lagune formée par les bouches de la Garonne. »
L. IV – 2 – 2 « Quant aux peuples situés entre la Garonne et la Loire et rattachés à l’Aquitaine (au sens augustéen), ce sont d’abord les Éluens (ou Helviens), dont le territoire commence au Rhône, puis après eux les Vellavii, autrefois rattachés aux Arvernes, aujourd’hui autonomes, ensuite les Arvernes, les Lémovices et les Pétrocoriens, suivis des Nitiobriges, des Cadurques et des Bituriges dit Bituriges Cubes (Kouboi). »
Nous remarquons que Strabon en parlant de la cité de Burdigalla (Bordeaux) ne la nomme pas comme capitale des Bituriges Vivisques, mais seulement de « place de commerce »
 

Reprise du questionnement et approche d’hypothèses de réponses

* 1ère Question : Pourquoi cette absence nominative des Bituriges Vivisques dans les écrits d’avant Strabon ?
Réponses possibles :
(1) : Si, la raison en était que les Auteurs anciens y compris César et Hirtius ne pouvaient pas nommer ce qui n’existait pas !
(2) : Si les nominatif Cubes et Vivisques n’étaient que deux appellations apparues pour marquer une  différenciation, au lieu de définir une identité comme certains ont pu le penser !

 

* 2ème Question : Pourquoi et comment des Bituriges se sont-ils établis sur les territoires entre Océan et Garonne-Gironde ?
Réponses possibles :
(1) : Si les Bituriges avaient seulement reproduit un phénomène d’ajustement et de régulation de leur population aux ressources alimentaires disponibles de leur terre du milieu (futur Berry).
D’autan, qu’ils avaient déjà pratiqué cette régulation du temps où Tarquin l’ancien régnait sur Rome (616-575 avant J.C.). 
Nous parlons là, des premières migrations gauloises bituriges en Italie du Nord et en Europe centrale, en 400 avant J.C. décrites par Tite Live.[13]
(2) : Si les Bituriges, par nécessité et intérêts, avaient tout simplement inventé le comptoir !
C’est-à-dire disposer, en propriété et en gouvernance, d’une contrée, dans le territoire d’une Nation autre que la sienne, destinée à favoriser et développer le commerce du royaume de sa propre Nation avec celles avoisinantes,  tout en maintenant son unité identitaire et en la soulageant des méfaits d’une surpopulation !
Ce comptoir, qui n’est autre qu’un établissement commercial installé dans un pays étranger, n’a rien à voir avec une colonie indépendante qui s’autogère politiquement et administrativement au point de se différencier de l’identité de la Nation de laquelle ses membres proviennent.

 

 

* 3ème Question : Pourquoi ne semble-t-il pas possible de retenir l’époque d’après les guerres des Gaules menées par César, pour l’installation des Bituriges Vivisques entre océan et Gironde-Garonne ?
Réponses possibles :
(1) : D’abord parce que une pièce de monnaie Bituriges datant du 1er siècle d’avant J.C. nous apprend que les Bituriges Vivisques existaient déjà avant les guerres des Gaules et donc nous pouvons supposer qu’ils occupaient depuis cette période d’apparition le territoire entre océan et Gironde-Garonne.
(2) : Il nous semble difficile, vu la richesse du territoire entre océan et Gironde-Garonne, de concevoir que César, pour punir les Bituriges de leur alliance avec Vercingétorix,  ait obligés une partie d’entre-eux à aller si installer. Car très franchement cela aurait ressemblé plus à une récompense qu’à une punition.
 

 

Construction de notre hypothèse

Tous ces questionnements et toutes ces réponses possibles nous amènent à échafauder une nouvelle hypothèse :

Données constructives de notre nouvelle hypothèse

La Nation des Bituriges serait issue des peuples des Galls et se serait formée entre le 9ème et le 10ème siècle avant J.C.
Lorsque vers 700 avant J. C., une première migration des Kimris se produisit, nous ne pouvons que constater que les Galls, pour la contenir, laissèrent les nouveaux venus s’établir à leurs côtés sur leurs terres et leurs côtes du nord de leur royaume de Galatie.
Il semble alors, que la puissance des Galls, qui occupaient le territoire que les Grecs appelaient Galatie et les Romains Gallia, leur permit d’assimiler, non sans heurtes guerriers, cette migration Kimris tout en restant les maîtres absolus et incontestés de la Galatie, se réservant, prioritairement, l’occupation des territoires du centre et de l’Est de ce pays.
Les Kimris et les Galls étant de même origine (Celte Galls)[14], cette réorganisation intégrative du territoire de la Galatie avait du être toutefois, assez paisible, malgré des ajustements sporadiques guerriers.
Amédée Thierry[15] nous dit aussi, que cette intégration des Kimris par les Galls dura plus d’un siècle.
Il nous semble que cette puissance des Galls, qui permit cette longue intégration des migrants Kimris, ne pouvait provenir que de l’existence d’une Nation déjà très structurée économiquement et politiquement, et dont la prépondérance était reconnue par les autres. C’est pourquoi qu’il nous semble crédible d’envisager que déjà, la nation des Bituriges existait en temps que telle, et que déjà son rayonnement était si prédominant, qu’elle avait confédéré les autres nations des Galls. 
Il nous semble également crédible de situer l’apothéose de son rayonnement et de son influence sur les autres nations gauloises entre le 8ème et le 9ème siècle avant J.C.
Ce fut aussi à la suite de cette première migration des Kimris que l’appellation Galatie sera peu à peu remplacée par celle de Gaule et les gallo-Kimris[16] issus de cette intégration des Kimris par les Galls, seront nommés Gaulois.
A l’âge de bronze, les Gaulois bituriges qui vivaient sur la terre du milieu, qui deviendra plus tard le Berry, maîtrisaient la métallurgie des alliages entre de cuivre et l’étain[17] et possédaient aussi les prémices des techniques de travail d’un nouveau métal jusqu'à lors inconnu : Le fer.
Pline l’ancien[18] attribue l’invention de l’alliage du cuivre et de l’étain, ainsi que l’étamage aux Mandubii d’Alésia, mais il dit que le procédé fut développé et maîtrisé, à un haut niveau, par les Bituriges. Cet artisanat était à l’origine d’une production qui leur permettait de commercer avec tout le bassin méditerranéen.
Nous savons que les Bituriges exploitaient les gisements d’étain à Montebas[19] dans la Creuse, mais c’était bien loin de suffire à l’exercice de leur art. 

 

Diodore de Sicile nous dit qu’il y a deux grands gisements d’étain. Il situe le premier en Grande Bretagne, à Ictis et le second dans les dix iles Cassitérides de la géographie grec, qu’on peu raisonnablement identifier de nos jours aux dix iles de l’archipel des Açores. Nous pensons comme André Chastagnol et Etienne Robert [20] que la fondation de Burdigalla (Bordeaux) fut liée au commerce de l’étain provenant des Iles que Strabon nommées "Cassitérides" et que les Bituriges avaient établi une route allant de Burdigalla à Avaricon, pour se fournir en étain, et d’Avaricon à Narbonne via Burdigalla pour exporter leur artisanat de bronze et d’étamage vers les pays méditerranéens.
Dans la première moitié du 4ème siècle avant J.C.[21], une seconde invasion des Celtes Kimris, celle des Kimris-Belges, eut lieu en deux vagues successives espacées de deux ans.
Au terme des troubles causés par ces envahisseurs, la Gaule de cette époque comprenait pas moins de 62 nations Gauloises qui se répartissaient comme suit :
Le peuple des Galls  en comptait 22, (dont les Bituriges) ;
Celui des Gallo-Kimris en comptait 17 ;
Et celui des Kimris-Belges en comptait 23[22].
Ces dernières migrations Kimris-Belges apportèrent aux Gaulois Bituriges qui vivaient sur leur terre du milieu (le futur Berry), la maitrise d’une des techniques métallurgiques les plus importantes, celle du traitement et du travail du fer. D’autant que le sous-sol de ce territoire biturige était riche en minerais[23].
Cette période où s’effectuèrent ces deux migrations Kimris, pourrait-être aussi celle où eut lieu la scission du peuple des Bituriges dont une partie alla s’installer en Aquitaine entre le fleuve Garonne et la côte atlantique.
Nous venons de voir que Strabon dans son livre IV de sa « Géographie »[24] nous en parle sans préciser l’époque de cette scission.
Pline lui dans le livre 4 de son « histoire Naturelle »[25] indique que ces Bituriges sont appelés « Bituriges libres » et surnommé « Vivisque » ou « Vivisci » appellation confirmée par Ptolémée dans le livre II de sa « Géographie »[26].
Contrairement aux idées reçues, et malheureusement propagées dans les années 1970 - 1980 par ceux qui écartaient, sans discernements, tous les contenus des écrits antiques, la société protohistorique de l’âge du fer des Bituriges  n’était en rien culturellement et économiquement attentiste ou semi-passive.
Le développement et le rayonnement de cette société protohistorique des Bituriges, n’avaient nul besoin d’assimiler d’éventuels apports provenant des civilisations méditerranéennes pour générer son propre essor.
Elle possédait déjà l’avancée civilisationnelle nécessaire pour être hiérarchiquement organisée socialement et commercialement dans une polyvalence de ses propres activités urbaines, rurales et guerrières.
Elle était aussi structurée organisée politiquement  dans le cadre d’un rassemblement de tribus en une Nation unitaire et cohérente qui avait :
- Un royaume « la terre du milieu » ;
- Un roi élu,
- Une capitale « Avaricon ».
Lors de fouilles sur le site d’Avaricon, effectuées  en 1984 et 1993, il fut mis à jour, dans les nivaux du sol de Saint Martin des Champs, de Port Sec, du collège Littré et des Etablissement militaires, de l’actuelle ville de  Bourges,  des vestiges d’habitats et des fragments d’objets s’étendant sur une centaine d’hectares, d’une implantation d’habitats urbains fortifiés, dont l’ensemble était défendu par des infrastructures défensives communes, datant environ entre 450 et 425 avant J.C.[27]
Ces vestiges structurels d’habitats attestent qu’il existait bien, sur et à l’Est de l’éperon qui s’élevait au confluent des rivières Auron et Yèvre, la cité d’Avaricon composée d'une enceinte princière et de plusieurs zones d’habitats et de lieux d’activités, qui était pour l’époque, très importante.
Cette importance est attestée par la nature et la quantité du mobilier qui y fut mis à jour.
Le suivi de la propagation de ce mobilier indique, que le rayonnement culturel, artistique et commercial de cette cité s’étendait dans un rayon de plus de cinquante kilomètres autour d’elle.
D’autres mobiliers montrent l’existence d’un flux d’échanges commerciaux constant avec le littoral méditerranéen.
L’analyse de ces extraordinaires vestiges de structures, de mobiliers, de dépôts et d’inhumations, conduit à la conclusion que la cité biturige d’Avaricon doit être identifiée comme celui d’une implantation urbaine hallstattienne celte gauloise Bituriges de très grande ampleur, et qu’elle n’a eu de cesse de s’étendre au sud et à l’Est en une mosaïque de petites implantations dont a résulté la grande cité gauloise biturige d’environ 40 000 habitants qui eut à soutenir son siège par les 8 légions  de César en 52 avant J.C.
 

Construction de l’hypothèse

Au regard de toutes ces données,
* Nous pensons que la Nation des Bituriges issue des Celtes Galls s’est formée entre le 9ème et le 10ème siècle avant J.C.[28]
* Il semble crédible de situer l’apothéose du rayonnement  civilisationnel de cette Nation des Bituriges et de son influence sur les autres nations gauloises entre le 9ème  et le 7ème siècle avant J.C., et d’envisager que l’influence de son rayonnement, et sa forte prépondérance socioculturelle permirent à cette Nation d’accueillir et d’assimiler la première migration des Celtes Kimris.
* Il semble également plausible d’envisager que la forte élévation démographique découlant de cette assimilation, nécessita une première régulation pour rétablir une harmonie entre les besoins des membres de cette Nation, et les ressources produites par le territoire. Il est également vraisemblablement que cette nécessité régulatrice fut la cause, sous le règne du roi biturige Ambigatos, de deux premiers essaimages bituriges[29], à l'époque où Tarquin l’ancien régnait sur Rome (616-575 avant J.C.),
* Nous pensons que deux siècle plus tard, au 5ème siècle avant J.C. le même phénomène migratoire se répéta avec l’arrivée en deux vagues successives espacée de deux ans des Kimris-Belges. Les mêmes causes produisant les mêmes effets,  l’intégration puis l’assimilation, de ces nouveaux migrants par la Nation des Bituriges de la terre du milieu (futur Berry), a crée peu à peu, durant le 4ème siècle avant J.C., en son territoire, une surpopulation incompatible avec les ressources alimentaires et industrielles disponibles.
* Il nous est permis de concevoir alors, que dans la période comprise entre la fin du 4ème siècle et le début du 3ème siècle avant J.C., il résulta naturellement de cette surpopulation, un essaimage d’une partie de la population des Bituriges qui fonda un comptoir en Aquitaine, région qu’ils connaissaient déjà comme étape commerciale sur la route de leurs échanges commerciaux méditerranéens, comme tendent à le prouver les récentes découvertes archéologiques sur le site de la cité gauloise biturige d’Avaricon (Bourges)[30].
* La pièce de monnaie  biturige en argent  trouvée en 1827[31] à la « Rousselière », sur la commune de Cheverny, dans le département du Loiret et Cher, aux limites nord de la terre du milieu (Berry) et qui est datée par Daphné Nash[32] du 1er siècle d’avant J.C., représente sur son coté face une tête sans doute d’un personnage important, et sur son côté pile un cheval au dessus duquel est gravé l’ethnonyme OYI qui identifie, d’après Jean Hiernard, [33] les Bituriges vivisques. Sur ce même coté de la pièce, au dessus des jambes de ce cheval, on trouve encore gravé l’ethnonymes KOY qui identifie, encore d’après Jean Hiernard, les Bituriges cubes.
* Ces deux identifications, réunies sur une même pièce de monnaie, tendent à signifier que les Vivisques et les Cubis avaient une monnaie commune, et qu’il nous faut admettre comme le fit en son temps Eugène Hucher[34], qu’ils appartenaient tous deux à une seule est même Nation dont les membres étaient installés sur deux lieux différents aujourd’hui appelés Berry et Gironde. C’est bien pourquoi Strabon se garda bien de nommer la cité de Burdigalla (Bordeaux) comme la capitale des Vivisques, mais comme une place de commerce.
 

 

 Conclusion :
Nous avons construit cette hypothèse aux regards de plusieurs phénomènes ancestraux bien connus des socio-anthropologues qui les ont si souvent observés qu’ils peuvent être considérés comme des constances vérifiées. A savoir :
- La stabilité démographique d’une population dépend de l’équilibre entre ses besoins et les ressources exploitables que lui offre le territoire où elle vit.
- Dans le cas d’un déséquilibre entre les besoins humains et les ressources territoriales, l’ajustement démographique se fait, soit par une augmentation des ressources disponibles, soit par l’exode d’une partie de la population qui diminue ainsi les besoins.
- L’exode d’une population est très souvent dû soit à une misère découlant de la guerre ou celle provenant d’un appauvrissement des ressources territoriales ; mais aussi  à une prospérité d’une extension industrielle ou commerciale.
Considérant ces constances : 
Nous sommes persuadés que les différenciations Cubes et Vivisques apparaissent dans la Nation des Bituriges, au plus tôt entre la fin du 4ème siècle et le début du 3ème siècle avant J.C., et au plus tard avant le 1er siècle avant J.C.
Nous pensons que ces différenciations "Cubes" et "Vivisques" indiquent seulement les lieux géographiques sur lesquels certains membres de cette Nation vivent. Ainsi ceux qui vivaient sur La terre mère du milieu (Berry) auraient été nommés "Bituriges cubes" ou simplement "Cubes" et ceux qui étaient allés s’installer en terre annexe où était le comptoir aquitain, auraient été appelés "Bituriges vivisques" ou simplement "Vivisques".
Nous pensons également que les Bituriges développèrent leur industrie métallurgique  (cuivre étain) entre le 9ème et le 7ème siècle avant J.C. Et que ce développement industriel nécessita un autre approvisionnement en minerais que celui qui venait de la Grande Bretagne.
Nous sommes persuadés que pour cela, les Bituriges ouvrirent une deuxième route d’approvisionnement vers le sud ouest afin d’acheminer le minerais provenant des gisements d'étain des Iles Cassitérides de la géographie grec (qui nous semble être aujourd’hui les dix iles de l’archipel des Açores).
Cette deuxième route aurait permit aussi aux Bituriges d’exporter leurs productions artisanales de bronze, d’étamage et de damasserie, vers les pays du pourtour méditerranéen.
Les Bituriges aurait fait ainsi de Burdigalla, la plaque tournante de leurs approvisionnements en matières premières (étain) et de leurs exportations de produits finis. 
Cette route reliait la capitale des Bituriges de la terre du milieu (Berry) Avaricon (Bourges) à Burdigalla (Bordeaux) dont les bateaux de minerais d’étain des Acores arrivaient. Cette même voie de communications permettait également l'exportation de la production métallurgique des artisans bituriges de la terre du milieu
Cette route se prolongeait de Burdigalla à Marssilia (Marseille) via  Aginnum (Agen) Tolosa (Toulouse) et Nabo Martius (Narbonne).

 

 

Nous sommes convaincus que les causes et raisons probables de l'installation de certains Bituriges de la terre du milieu (Berry) en Aquitaine entre Océan et Garonne-Gironde au 4ème siècle avant J. C. furent :
* Pour réguler la surpopulation de la terre du milieu (Berry) provenant de l’intégration des deux vagues migratoire Kimris Belges.
* Pour faciliter et développer leurs échanges commerciaux et industriels.
* Parce que Burdigalla leur place commerciale se trouvait déjà en cet endroit d’Aquitaine.
Nous pensons donc qu’il n’y eut toujours qu’une seule et unique Nation des Bituriges (ce qui expliquerai que César et d'autres historiens géographes n'aient jamais fait allusion à une différenciation biturige) dont la capitale fut la cité d’Avaricon, et que les nominatifs complémentaires de Cubes et Vivisques accolés au nom Bituriges ne sont pas des composants du nom identitaire, mais plutôt des adjectifs de différenciations dont qu’il conviendrait mieux d’orthographier avec des minuscules en cubes et vivisques. Sauf lorsque employés seuls, ces adjectifs de différenciation devenant des noms, la majuscule s’impose en Cubes et Vivisques.

 

 

Bien sur, cette hypothèse que nous émettons sur la réalité historique de l'apparition des Vivisques, n'est qu'une hypothèse.
Toutefois, contrairement à d'autres, cette hypothèse là se structure et s'ellabore à partir de faits civilisationnels constants, vérifiés et reconnus. Elle intègre les récentes avancées archéologiques intéressant : La Nation des Bituriges ; son royaume (terre du milieu = Berry) ; sa capitale Avarion (Avaricum-Bourges).
René Johannot.
 

 

Notes de Références et Bibliographie

 


[1] Strabon : Géographe grec né à Amasée dans le Pont vers 64 av. J.-C, mort entre 21 et 25 après J.-C.

[2]  Terre du milieu (Meit-land) : D’après une approche numismatique de l’histoire du pays Biturige : In  Revue Numismatique de la Société Royale de numismatique Belge. Volume de 1 à 2, page 380. In PIERQUIN de GEMBLOUX. (Claude-Charles.). : « Histoire monétaire et philologique du Berry. » Editions Veuve Ménagé, 1840. 288 pages, page 213.

[3] KRUTA. (Venceslas.). : « Les Celtes, Histoire et Dictionnaire ». Edition Lafond. Paris 2000.

[4] KRUTA. (Venceslas.). : « Les Celtes, Histoire et Dictionnaire ». Edition Lafond. Paris 2000.

[5] CESAR. (Jules.). : « Commentaires sur la Guerre des Gaules », Livre VII, 13 et 15.

[6] La première publication concernant ces pièces de monnaies bituriges est due à L. DE LA SAUSSAYE, Mémoires sur plusieurs enfouissements numismatiques découverts dans la Sologne blésoise, dans R.N., 1836, p. 301-320, pl. VIII..

[7] HIERNARD. (Jean.). : Bituriges du Bordelais et Bituriges du Berry : l’apport de la numismatique, Revue Archéologique de Bordeaux, 1997, pp. 61-65.

[8] Cette pièce fait partie des cinq monnaies bituriges d’un ensemble qui fut trouvé lors de l'assèchement de l'étang de la Rousselière. Une partie des monnaies a disparu, 48 ont été identifiées, dont 3 deniers républicains romains de 125, 124 et 92 avant J.-C.

 

[9] Hérodote (° vers -484 / + -425 avant J.C.) : Il fut le premier historien grec, et déjà les Anciens l'appelaient le père de l'histoire.
Mégasthène (° vers -350 / + -290 avant J.C.) : Historien d’origine d'Ionie qui était au service du roi Séleucos Ier Nicator.
Polybe (°entre -210 et -202 / + -126 avant J.C.) : Ce fut un historien contemporain à la conquête du bassin méditerranéen par Rome. Cette hégémonie romaine, qui se déroula au 2ème siècle avant J. C., fut l’événement qui marqua le plus l'histoire humaine. 
Thucydide (°vers -460 / + vers -400 avant J.C.) : Il occupa une place unique parmi les historiens de l’Antiquité. Il fut le premier  à raconter, en la vivant de l’intérieure, la guerre du Péloponnèse entre Sparte et Athènes, qui se déroula de -431 à -404 avant J.C. Son analyse historique de cette époque fut si fine, qu’elle reste un modèle du genre.
Hécatée de Milet (° vers -548 / +vers 475) et Hérodote (° vers-484 / + vers -420 avant J.C.: Ils furent les premiers Historiens-Géographes à faire apparaître dans leurs écrits nom des Celtes (Keltoi).

 

 [10] César : « de Bello Gallico » livre VII  du chapitre 12 au chapitre 31.

[11] César : « de Bello Gallico » livre VII chapitre 75.

[12] Aulus Hirtius : Il est né en 90 av. J.-C. et est décédé en 43 av. J.-C.. Il fut consul en -43. Il fut aussi l’auteur de livres militaires. On lui attribue notamment le huitième et dernier livre des Commentaires de César sur la Guerre des Gaules

 

[13] TITE LIVE. Livre V chapitre 34 : « Sous le gouvernement d’Ambigatus, que ses vertus, ses richesses et la prospérité de son peuple avaient rendu tout-puissant, la Gaule reçut un tel développement par la fertilité de son sol et le nombre de ses habitants, qu’il sembla impossible de contenir le débordement de sa population. Le roi, déjà vieux, voulant débarrasser son royaume de cette multitude qui l’écrasait, invita Bellovèse et Ségovèse, fils de sa sœur, jeunes hommes entreprenants, à aller chercher un autre séjour dans les contrées que les dieux leur indiqueraient par les augures :  ils seraient libres d’emmener avec eux autant d’hommes qu’ils voudraient, afin que nulle nation ne pût repousser les nouveaux venus.
Le sort assigna à Ségovèse les forêts Hercyniennes ; à Bellovèse, les dieux montrèrent un plus beau chemin, celui de l’Italie. »

 

 

[14] Pour Amédée Thierry, à l’origine, le peuple des Galls rassemblait ce qui devint plus tard les deux familles gauloises distinctes. (Les Galls et les Kimris). 
La  séparation en deux familles aurait eu lieu lorsqu’une partie des Galls décida de migrer vers les territoires qui forment aujourd’hui la France et qui, entre autre, se seraient installés sur l’espace territorial de son centre qui formera plus tard le Berry. L’autre partie serait restée alors à nomadiser vers l’Est et tout au long du Danube et auraient pris le nom de Kimris.
En recoupant les écrits anciens, il apparaît que ces événements seraient déroulés vers le 10ème siècle avant J.C.

 

 

[15] Amédée Simon Dominique Thierry : né le 2 août 1797 à Blois et mort le 27 mars 1873 à Paris, Il est un journaliste et historien. Il est l’auteur de : 
« Histoire des Gaulois », 3 vol. (1828, 1834, 1845  la 8e édition du vol. 1 paru en 1870)
« Histoire de la Gaule sous l'administration romaine » 3 vol. (1840-1847 ; 2e éd. en 1871)

 

[16]Amédée Thierry : « Histoire des Gaulois ». Editions Hachette. Paris 1835. 415 pages,.p.10

[17]Amédée Thierry : « Histoire des Gaulois ». Editions Hachette. Paris 1835. 415 pages,.p.48

[18] Pline l’Ancien : « Histoire naturelle ». Livre XXXIV, chapitre 162.

[19] MALLARD, Note sur un filon d'étain oxydé situé près du village de Montebras, commune de Soumans (Creuse). Môm. Soc.des se, nat. et arch. de la Creuse, t. tu, p. 161, i89.

[20] CHASTAGNOL. (André.). ROBERT. (Étienne.). : Bordeaux antique., Annales. Économies, Sociétés, Civilisations, 1969, vol. 24, n° 2, pp. 454-461.

[21] Amédée Thierry : « Pour fixer, même d’une manière approximative et vague, l’époque de l’arrivée des Belges en deçà du Rhin, nous n’avons absolument aucune autre donnée que l’époque de leur établissement dans la partie de la Gaule que nous appelons aujourd’hui le Languedoc ; établissement qui paraît avoir été postérieur de très peu de temps à l’arrivée de la horde. Or, tous les récits mythologiques ou historiques, et tous les périples, y compris celui de Scylax écrit vers l’an 350 avant J.-C., ne font mention que de Ligures et d’Ibéro-Ligures sur la côte du bas Languedoc où s’établirent plus tard les Volkes ou Belges. Ce n’est que vers l’année 281 que ce peuple est nommé pour la première fois ; en 218, lors du passage d’Annibal, il en est de nouveau question. C’est donc entre 350 et 281 qu’il faut fixer l’établissement des Belges dans le Languedoc ; ce qui placerait leur arrivée en deçà du Rhin dans la première moitié du quatrième siècle. Il est remarquable que cette époque coïncide avec celle d’une longue paix entre les Cisalpins et Rome, et de tentatives d’émigration de la Gaule transalpine en Italie. »

[22] HUGO. (Abel.). : « France historique et monumentale: Histoire générale de France depuis les temps les plus reculés jusqu'a nos jours ... » Editions H.L. Delloye, 1836 page 12.

[23] Déjà Strabon mentionne que le territoire des Bituriges est riche en minerais de fer.

[24] STRABON : Géographie, livre IV, chapitres 1, 2.

[25] PLINE : Histoire Naturelle. Livre IV, chapitre 108.

[25] TITE LIVE : Histoire romaine - Livre V, 34.

[26] PTOLEMEE : Géographie. Livre II, chapitres 7 – 8.

[27] La céramique produite sur place est représentée, par des objets où ont été faites des inclusions de petits nodules de fer et de coquillages fossiles qui peuvent être considérés comme des marqueurs de cette production régionale. ; Les céramiques importées sont bien représentées par des amphores méditerranéennes provenant des côtes d’Italie du nord, de la Corse et du littoral de l’Hérault.  Les objets en bronze étrusques et italiques (17 pièces recensées), datent pour les plus anciens du VIIIe s. av. J.-C., mais ils sont principalement représentés à la fin du VIe et au Ve s. av. J.-C. Pour cette dernière époque, un lien existe entre la distribution des céramiques grecques et les vases de bronze italiques.

[28] TITE LIVE : Histoire romaine - Livre V, 34.

 

[29] TITE LIVE : Histoire romaine - Livre V, 34.
Ces deux premiers essaimages bituriges furent constitués de deux colonnes d’émigrants, vers deux directions. - L’une de 15 000 hommes, femmes et enfants conduite par Ségovèse qui allèrent fonder une colonie biturige vers le nord-est sur les rives du Danube après avoir traversé les grandes forêts hercyniennes. - L’autre de 15 000 individus, conduite par Bellovesos qui allèrent s’établir  en Lombardie au sud de l’Italie et qui fondèrent la cité de Milan.

[30] MILCENT. (Pierre-Yves.). : Bourges-Avaricum, un centre proto-urbain celtique au Ve siècle avant J.C. » CNRS. Paris, 2007.
AUGIER. (L.). BUCHSENSCHUTZ. (O.). RALSTON. (I.). : « Un complexe princier de l’âge du Fer : l’habitat du promontoire de Bourges (Cher), VIe-IVe s. av. J.-C, ». Revue archéologique du centre de la France 2007 : suppl. 32, 200 p.

 

[31]  DE LA SAUSSAYE. (L.). : Mémoires sur plusieurs enfouissements numismatiques découverts dans la Sologne blésoise, dans R.N., 1836, p. 301-320, pl. VIII.

[32] NASH. (Daphné.). : Territory and state formation in central Gaul, dans Social Organisation and, Settlemeni, Oxford 1978. Editions D. GREEN, C. HASELGROVE and M. SPRIGGS, B.A.R., Intern. Series, suppl. 47, p. 455-475.

[33] HIERNARD. (Jean.). : Bituriges du Bordelais et Bituriges du Berry : l’apport de la numismatique, Revue Archéologique de Bordeaux, 1997, pp. 61-65.

[34] HUCHER. (Eugène.). : « L'Art gaulois ou les Gaulois d'après leurs médailles » 2 e partie, Paris-Le Mans, 1873, p. 73, fig. 107;



 


 
 
le 09-04-2020 11:48

Le Berry Gaulois Genèse du peuple des Bituriges


 

L’ermite Saint Cyran et le p "Atelier Sant Johan" Brouillamnon Plou .Article écrit par R. Johannot en février 2013, publié sur ce site le 9 avril 2020.

Le Berry Gaulois
Genèse du peuple des Bituriges
 



 Nul ne sait vraiment à qu’elle époque se délimita l’étendue de terre qui forme aujourd’hui le Berry. Par contre, nous savons que cet espace territorial faisait partie des territoires où s’étaient installés les Celtes« Galls »[1] .dont était issue la Nation gauloise des Bituriges[2]

L’ethnonyme gauloise donne au nominatif  Biturige, qui découle de Biturix, la signification de roi du monde (bitu = monde ; rix = roi)[3].
Tite Live[4], dans son Histoire romaine livre V-34, nous dit que cette nation des Bituriges  fut certainement la plus ancienne, la plus brillante et la plus prospère des nations gauloises et que le point culminant de son rayonnement, peut être situé dès la fin du Hallstatt (- 600 avant J.C.).
Cet auteur historien de la Rome antique, nous dit aussi, qu’à l'époque où Tarquin l’ancien régnait sur Rome (616-575 avant J.C.), les Bituriges étaient obéis de toute la Celtique qui composait alors une des trois parties de la Gaule[5].

 

 



L’espace territorial qui formait alors le royaume des Bituriges Cubes  était composé, nous dit encore Tite Live, « d’un territoire de la Gaule centrale entre Loire et Garonne ».
Ce royaume des Bituriges, du temps de l’apothéose de sa splendeur, avait pour roi un nommé Ambigatos qui vivait dans une capitale dont le nom Avaricon[6] (= ville des eaux) lui venait de la rivière Avara [7](=  Evre, aujourd’hui l’Yèvre).
En effet, les habitats primitifs d’Avaricon avaient été implantés sur le promontoire qui se situe au confluent de Yèvre et de l’Auron[8].
Mais malgré ce que nous disent les écrits des auteurs de l’antiquité, nous avons souvenir qu’il n’y a pas très longtemps, bon nombre de spécialistes les rejetaient, presque dédaigneusement, et considéraient comme fantaisistes toutes les recherches historiques qui émettaient l’hypothèse de l’existence dès le 6ème siècle avant J.C., d’un grand royaume et d’une grande cité biturige, sous le seul prétexte qu’aucun témoignage archéologique n’affirmait leur existences historiques.
N
ous ne débattrons pas ici des vraies raisons de cette vision sélective et corporatiste de la recherche que pratiquent certaine « chapelles » gravitant dans la mouvance de l’Histoire.
T
outefois, il nous semble important, ici, de rappeler que les témoignages archéologiques, oh combien importants, n’attestent que de l’existence et de la nature de l’occupation ainsi que des degrés d’importances des activités humaines d’un lieu à une époque donnée. Ils n’attestent jamais des événements temporels passés, découlant des motivations des comportements humains qui sont les seuls qui créent l’histoire d’une société humaine.
B
ref, force de reconnaître que ceux, adeptes des descriptions « liviennes » et « Trogue Pompéennes », qui nous parlaient de cette Terre  du milieu (royaume),[9] de cette cité biturige et de ses rois, avaient bien raison de le faire, car ils ne se trompaient pas.
L
a preuve de la justesse de leurs dires fut éclatante, lorsqu’en 1984 et 1993, il fut mis à jour, dans les nivaux du sol de Saint Martin des Champs, de Port Sec, du collège Littré et des Etablissements militaires, à Bourges,  des vestiges d’habitats et des fragments d’objets s’étendant sur une centaine d’hectares, d’une implantation d’habitats urbains fortifiés, dont l’ensemble était défendu par des infrastructures défensives communes, datant environ entre 450 et 425 avant J.C.[10] [11].

 Ces vestiges structurels d’habitats attestent et crédibilisent, l’affirmation des écrits de Tite Live qui nous disent, qu’à l’époque où régnait le roi biturige Ambigatos (Ambigatus en latin, mais aussi familièrement Ambigat) [12], il existait bien, sur et à l’Est de l’éperon qui s’élevait au confluent des rivières Auron et Yèvre, une cité  composée d’une enceinte princière[13], de plusieurs zones d’habitats et de lieux d’activités, qui était pour l’époque, très importante.
Cette importance est attestée par la nature et la quantité du mobilier qui y fut mis à jour. Le suivi de la propagation de ce mobilier indique, que le rayonnement culturel, artistique et commercial de cette cité s’étendait dans un rayon de plus de cinquante kilomètres autour d’elle.
D
’autres mobiliers montrent l’existence d’un flux d’échanges commerciaux constant avec le littoral méditerranéen.
L
’analyse de ces extraordinaires vestiges de structures, de mobiliers, de dépôts et d’inhumations, conduise à la conclusion que ce lieu doit être identifié comme celui d’une implantation urbaine hallstattienne celte gauloise d’une ampleur telle,  qu’elle rend caduques les interprétations forgées dans les années 1970-1980 par ceux qui écartaient, sans discernements, tous les contenus des écrits antiques.
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our ces septiques des écrits antiques, les sociétés protohistoriques de l’âge du fer, étaient culturellement et économiquement attentistes ou semi-passives.
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our ces même septiques, le développement de le rayonnement de ces sociétés ne pouvaient être que dans leurs aptitudes à assimiler d’éventuels apports provenant des civilisations méditerranéennes ; et non dans leurs capacités internes de générer leurs propres essors.
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’après eux encore, ces sociétés protohistoriques ne possédaient pas l’avancée civilisationnelle nécessaire pour être hiérarchiquement organisées socialement dans une polyvalence de leurs activités urbaines, rurales et guerrières.
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nfin toujours d’après les-mêmes, ces sociétés protohistoriques étaient dans l’incapacité de se structurer politiquement  dans le cadre d’un rassemblement de tribus en une nation unitaire et cohérente.
F
orce de constater, que par un sectarisme dommageable, ces « spécialistes » ont émis et diffusé des visions socio-historiques inexactes.
C
ar non seulement le royaume, la capitale et les rois bituriges ont bien existé, mais cet ensemble identitaire de ce peuple, se fondaient sur ses propres structures politiques, économiques et sociales symbolisés par sa cité « Avaricon ».
E
n fait, de l’époque de sa fondation sur le promontoire du confluent Arnon et Yèvre jusqu’à sa conquête par César en 52 avant J.C., la cité celte d’Avaricon n’a eu de cesse de s’étendre au sud et à l’Est en une mosaïque de petites implantations dont a résulté la grande cité gauloise biturige.
M
ême si on se doit de faire abstraction de leurs conceptions rhétoriques de la narration historique, il nous faut donc rendre hommages à Tite Live et à Trogue-Pompée et aux autres auteurs antiques[14], y comprit César dans son ouvrage « de Bello Gallico » pour la justesse de leurs écrits sur l’histoire du peuple des Bituriges.
C
e peuple fut bien le fondateur, avant le 10ème siècle avant J.C., d’un royaume du milieu biturige et de ses cités qui pour certaines étaient florissantes, certainement aux alentours du 6ème siècle avant J.C.
I
l n’y a plus lieu, non plus, de faire abstraction des autres affirmations littéraires historiques de ces auteurs, relatives aux premières migrations gauloises bituriges en Italie du Nord et en Europe centrale, en 400 avant J.C.[15]
 


Limites de ce qui sera le Berry


A partir de cette fondation  d’un pays biturige, maintenant reconnue, et que nous avons appelé la terre du milieu[16], on peut essayer de mieux distinguer les contours de l’espace territorial qu’il recouvre.
Amédée Thierry[17] nous dit qu’il nous faut imaginer cette étendue territoriale comme une presqu’île reliée en son Sud à sa continuité terrestre que sont les premiers contreforts nord du Massif Central (haute et basse Marche). A l’Ouest, elle était délimitée par l’approche de la rive droite de la rivière Vienne ; au Nord la rivière Sauldre formait sa limite ; au nord-est, elle avait comme frontière la rive gauche du cours moyen du fleuve Loire ; et à l’Est, sa limite était établie par la rive gauche de la rivière Allier.

 

 

 

Il nous semble peu probable qu’on puisse être si précis sur l’identification des limites du territoire sur lequel la présence et l’influence bituriges étaient franchement marquées. Contentons nous de dire que la limite sud de ce territoire biturige était marquée par les premières hauteurs du Massif Central ; que celles de l’Ouest était constituée des marais de la Brenne ; que celle du Nord était formée des landes marécageuses de la Sologne ; et que celle de l’Est était matérialisée par les cours du fleuve Loire et de la rivière Allier.

 

Quels furent les peuplements successifs sur cet espace territorial avant qu’il ne devienne la terre du milieu, royaume des Bituriges ?

 

 * Le paléolithique (de 350 000 ans à 12 500 ans avant J.C.)
Sur cet espace territorial, on y découvre des traces d’occupation humaine dès le paléolithique ancien (homo-erectus) pour l’essentiel dans les vallées des rivières Creuse et Anglin [18], sur les rives du cours inférieur de la rivière Indre, autour de La Châtre [19] ; et aussi dans la vallée de la rivière Cher à Lunery-Rosières qui se situe entre Châteauneuf sur Cher et Vierzon [20] .
Ce peuplement nomadisé sur les lieux précités, persistera pendant tout le paléolithique. A cette même période, sur le territoire de la France actuelle, la population humaine qui y vit passera d’environ 2000 à 50 000 individus [21].

 

*Le néolithique (de 6000 ans à 2100 ans avant J.C.)
C’est au néolithique que semble apparaître la présence humaine sédentaire sur cet espace territorial.
Les hommes du néolithique qui fondèrent là, de petits groupements d’habitats, étaient issus de la résultante d’interférences génétiques provoquées par  trois migrations humaines de culture lithique (culture issue de la taille des pierres pour produire des outils), qui eurent lieu entre moins 35 000 ans et moins 8 000 ans.[22]
Ces trois migrations lithiques furent suivies par deux migrations de culture céramique (culture issue du travaille de la terre pour confectionner des poteries) qui eurent lieu entre moins 7 500 ans et 6 700 ans.[23]
En 4000 avant J.C., à la fin de cette période de sédentarisation des populations qui vivaient sur le territoire que recouvre actuellement la France, le nombre de ses habitants atteignait environ  5 millions d’individus.[24]

 

* Le chalcolithique (âge du bronze de 2200 ans à 800 ans avant J.C.)

Au chalcolithique, vers 2100 avant J.C., ce même espace territorial,  que recouvre de nos jours la France, se voit être envahi par des hommes, de race Indo-européenne d’ethnie celtique. Ces hommes viennent d’Asie occidentale. Ce sont les « Galls »[25] .
Ces migrants vont s’installer et se mêler à la population déjà sur place.
Les Galls étaient des Celtes, de culture dite de Champs des Urnes[26].
Ils connaissaient la roue pleine, le chariot et l’attelage, ainsi qu’une rudimentaire métallurgie qui va leurs permettre d’utiliser le cuivre dans la confection de bon nombre de ses objets usuels (bijoux aiguilles, poinçons etc.) et surtout dans celle des armes. (Lame de couteau, pointes de flèches et de lances, etc.).
Chez les Celtes, dont seront issues toutes les Nations gauloises, le centre de leurs territoires qui composaient la « Celtique [27] » avait une signification mystique et sacrée.
C’était en ce lieu qu’était installée la Nation élue qui prédominait sur toutes les autres et que résidait le Chef suprême.
Il n’est donc pas invraisemblable, comme ce fut le cas en Irlande, que le territoire qui allait devenir le Berry puisse avoir pour eux la dénomination druidique de « la terre du milieu ».
D’autant que ce n’était pas pour rien que sur cette « terre du milieu » vivaient la nation gauloise des rois du monde (bitu = monde ; rix = roi)[28].
Pour Amédée Thierry[29], à l’origine, le peuple celte des Galls rassemblait ce qui devint plus tard les deux familles gauloises distinctes. (Les Galls et les Kimris).
La  séparation en deux familles aurait eu lieu lorsqu’une partie des Galls décida de migrer vers les territoires qui forment aujourd’hui la France et qui, entre autre, se seraient installés sur l’espace territorial de la terre du milieu qui formera plus tard le Berry.
L’autre partie serait restée alors à nomadiser vers l’Est et tout au long du Danube, et les hommes qu’elle rassemblait, auraient pris le nom de Kimris.
En recoupant les écrits anciens, il apparaît que ces événements seraient déroulés vers le 10ème siècle avant J.C.
Il nous semble très probable que ce fut à cette époque que se dessina la fondation de la Nation des Bituriges.
Lorsque vers 700 avant J. C., une première migration des Kimris se produisit, on ne peut que constater que les Galls, pour la contenir, laissèrent les nouveaux venus s’établir à leurs côtés sur leurs terres et sur leurs côtes nord de leur royaume.
Il semble alors, que la puissance des Galls, qui occupaient le territoire que les Grecs appelaient Galatie, et les Romains Gallia, leur permit d’assimiler, non sans heurtes guerriers, cette migration Kimris tout en restant les maîtres absolus et incontesté de la Galatie, se réservant l’occupation des territoires du centre et de l’Est de ce pays.
Les Kimris et les Galls étant de même origine, cette réorganisation intégrative du territoire de la Galatie avait du être toutefois, malgré des ajustements sporadiques guerriers, assez paisibles.
Amédée Thierry nous dit aussi, que cette intégration des Kimris par les Galls dura plus d’un siècle.
Il nous semble que cette puissance des Galls, qui permit cette longue intégration des migrants Kimris, ne pouvait provenir que de l’existence d’une nation déjà très structurée économiquement et politiquement, et dont la prépondérance était reconnue par les autres.
C’est pourquoi qu’il peut être envisagé que déjà, la nation des Bituriges existait en temps que telle, et que déjà son rayonnement était si prédominant, qu’elle avait confédéré les autres nations des Galls : 
- La nation des Celtes-Coille[30] qui vivait au dessus de la Garonne, entre les Cévennes et l’océan.
- La nation des Armorikes[31] qui occupaient les côtes de l’océan.
- La nation des Arvernes[32], qui s’étaient établis sur les hauts plateaux d’Auvergne.
- La nation des Allobroges[33], qui peuplaient les versants occidentaux des Alpes.
- La nation des Helvètes[34] qui habitaient  les hauteurs des Alpes.
- La nation des Séquanes[35] qui se situaient entre la source de la Seine (séquana) et le Jura.
- La nation des Edues[36], qui residaient dans les vallées de la Saône et de la haute Loire.
On peut situer les prémices de cette fondation biturige entre le 10ème et le 9ème siècle avant J.C.
Et l’apothéose de son rayonnement et de son influence sur les autres nations gauloises entre le 9ème et le 8ème siècle avant J.C.
Ce fut aussi à la suite de cette première migration des Kimris que l’appellation Galatie sera peu à peu remplacée par celle de Gaule et les gallo-Kimris[37] issus de cette intégration des Kimris par les Galls, seront nommés Gaulois.


Les Gaulois bituriges

Ainsi, à l’âge de bronze, les Gaulois bituriges qui vivaient sur la terre du milieu qui deviendra plus tard le Berry, maîtrisaient la métallurgie des alliages entre de cuivre et l’étain[38], et étaient producteurs d artisanats de bronze, d’étamage et de damasquinerie, globalement nommés Incoctilia.
Pline l’Ancien nous dit que le procédé de base de cette métallurgie fut découvert par les « Mandubii » dont Alésia était l’oppidum et Latisco le sanctuaire religieux.
Il nous dit aussi, qu’ils y avaient des liens étroits entre les Mandubii et les Bituriges ; assez étroits pour que les Mandubii partagent le procédé d’étamage avec les Bituriges qui vont alors le développer à l’extrême et lui-donner un nouvel essor.
Les Bituriges étaient très vite passés maitres de cette métallurgie et en acquirent une très grande réputation.[39]
Nous savons que les Bituriges exploitaient les gisements d’étain à Montebas[40] dans la Creuse, mais c’était bien loin de suffire à l’exercice de leur art. Et il est certain qu’ils s’approvisionnaient en d’autres lieux. D’autant que l’étain, ainsi que le plomb, était aussi utilisé par eux pour affiner l’or et l’argent.
Diodore de Sicile nous dit dans son livre II, qu’il y avait, à cette époque, deux grands gisements d’étain :
* Il situe le premier en Grande Bretagne, au cap de Bélérium en Cornouailles, dont l’étain extrait était coulé en lingots cubiques et transporté à marée basse par des charrettes à l’ile Ictis, aujourd’hui l’ile de Wight, avant d’être embarqué pour la Gaule.
* Il localise le second dans les dix iles Cassitérides de la géographie grecque, qu’on peu raisonnablement identifier de nos jours, aux dix iles de l’archipel des Açores[41].

image cartes
Il est envisageable, comme le firent André Chastagnol et Etienne Robert,[42] que la fondation puis le développement de Burdigalla (Bordeaux) fut liée au commerce de l’étain provenant des Iles que Strabon nommait Cassitérides.


Nous pensons que l’étain des Açores (iles Cassitérides)  était dans un premier temps transporté par les navires phéniciens et carthaginois à Portus Artabrorum qui peut être situé en l’actuelle ville de Duyo en Galice; et que d’autres navires, ibères et surement gaulois, apportaient leurs précieuses cargaisons jusqu’à Burdigalla (Bordeaux).
Les  besoins des Bituriges en étain étant importants pour alimenter leur métallurgie, ils nécessitèrent qu’ils établissent une route allant de Burdigalla à Avaricon.
Tout comme l’exportation des productions bituriges de bronze, d’étamage et de damasquinerie vers les pays méditerranéens, nécessita que les Bituriges prolongent cette même route à partir de Burdigalla jusqu’à Marssilia (Marseille) via  Aginnum (Agen) Tolosa (Toulouse) et Nabo Martius (Narbonne).
C’est la fameuse deuxième route de l’étain dont nous parle Diodore de Sicile ! [43]
Nous pensons que les Bituriges développèrent leur industrie métallurgique  (cuivre étain) entre le 9ème et le 7ème siècle avant J.C.
Les Bituriges firent ainsi de Burdigalla la plaque tournante de leurs approvisionnements en matières premières (étain) et de leurs exportations de produits finis. 

*
L’âge du fer 
(entre 800 et 320 avant J.C.)

Lors de la période de l’âge du fer, dans la première moitié du 4ème siècle avant J.C.[44], une seconde invasion des Celtes Kimris, celle des Kimris-Belges, eut lieu en deux vagues successives espacées de deux ans.

Au terme des troubles causés par ces envahisseurs, la Gaule de cette époque comprenait pas moins de 62 nations Gauloises qui se répartissaient comme suit :
- Le peuple des Galls  en comptait 22, (dont les Bituriges) ;
- Celui des Gallo-Kimris en comptait 17 ;
- Et celui des Kimris-Belges en comptait 23[45].
Ces dernières migrations Kimris-Belges apportèrent aux Gaulois Bituriges qui vivaient sur la terre du milieu (Berry), la maitrise d’une des techniques métallurgiques les plus importantes, celle du travail du fer dans lequel, là encore ils excellèrent.
Cette nouvelle activité sidérurgique avait, en plus, l’avantage d’utiliser le minerai de fer abondant dans le sous-sol du territoire des Bituriges[46] [47]
Dans les années qui vont suivre, comme l’affirme Pline, les Bituriges déjà très talentueux, dans la métallurgie des alliages (étamage damasquinage bronze), vont exceller dans tous les travaux que nécessite la transformation du minerai de fer en fer doux[48] et en fer dur[49].
Il semble bien que les Bituriges avaient trouvé le secret qui leur permettait d’obtenir un l’acier de qualité pour leurs armes, avec un bas fourneau.
Ils avaient identifié la propriété fluidifiante de la fluorite qui est souvent présente dans le minerai notamment dans celui des alentours d’Argenton sur Creuse. 
Ce secret plus leur grand savoir faire, leurs permettaient d’atteindre plus rapidement la température de fusion du minerai et d’obtenir une loupe (métal+scories) de faible teneur en scories.
Les forgerons Bituriges connaissait aussi le procédé du corroyage qui consistait, par martelage successifs, à parfaire l’épuration du métal et de lui donner plus d’homogénéité.
Pline l’ancien nous dit aussi dans son « Histoire Naturelle » que les Bituriges étaient aussi, à cette époque, réputés pour la confection des toiles voiles de navires[50]. Chose étrange à première vue, au regard de l’éloignement de la mer de la terre du milieu
Faut-il voir là que l’aboutissement de leur talant de tisserand, ou faut-il imaginer que ces voiles étaient tissées pour équiper les navires importaient de l’étain des Açores à Burdigalla (Bordeaux) via Portus Artabrorum ?
Cette période où s’effectuèrent ces deux migrations Kimris, pourrait-être aussi celle où eut lieu la scission du peuple des Bituriges dont une partie alla s’installer en Aquitaine entre le fleuve Gironde Garonne et la côte atlantique.
Strabon dans son livre IV de sa « Géographie »[51] nous en parle sans préciser l’époque de cette scission.
Pline lui dans le livre 4 de son « histoire Naturelle »[52] indique que ces Bituriges sont appelés « Bituriges libres » et surnommé « Vivisque » ou « Vivisci » appellation confirmée par Ptolémée dans le livre II de sa « Géographie »[53].
Ces auteurs antiques nous disent que ces Bituriges Vivisques sont les occupants de la cité de Burdigalla qui fut leur centre commercial.
Une autre hypothèse, situerait cette scission des Bituriges après la guerre des Gaules[54]. D’après cette théorie, cette scission aurait été ordonnée par César pour punir les Bituriges de leur participation active à l’insurrection menée par Vercingétorix.
Dans ce cas, nous ne pouvons qu’être très étonné que les historiens anciens, qu’ils soient Romains ou Grecs, ni même César lui-même, n’aient jamais relatés ce fait et ces raisons dans leurs écrits.
Les mêmes causes produisant les mêmes effets,  l’intégration puis l’assimilation, de ces nouveaux migrants par la Nation des Bituriges de la terre du milieu (futur Berry), a crée peu à peu, durant le 4ème siècle avant J.C., en son territoire, une surpopulation incompatible avec les ressources alimentaires disponibles.
On peut concevoir alors, que dans la période comprise entre la fin du 4ème siècle et le début du 3ème siècle avant J.C., il résulta naturellement de cette surpopulation, un essaimage d’une partie de la population des Bituriges de la terre du milieu (Berry) qui fonda un comptoir en Aquitaine, région qu’ils connaissaient déjà comme étape commerciale sur la route de leurs échanges commerciaux méditerranéens, comme tendent à le prouver les récentes découvertes archéologiques sur le site de la cité gauloise biturige d’Avaricon (Bourges)[55].
Nous sommes persuadés que les différenciations Cubes et Vivisques apparaissent dans la Nation des Bituriges, au plus tôt entre la fin du 4ème siècle et le début du 3ème siècle avant J.C., et au plus tard avant le 1er siècle avant J.C.
Nous sommes aussi convaincu que ces différenciations Cubes et Vivisques indiquent seulement une différenciation des lieux géographiques sur lesquels certains membres de cette Nation vivaient. Ainsi ceux qui vivaient sur La terre mère du milieu (Berry) auraient été nommés Bituriges cubes ou simplement Cubes et ceux qui étaient allés s’installer en terre annexe où était le comptoir aquitain auraient été appelés Bituriges vivisques ou simplement Vivisques.
D’autre part, la pièce de monnaie  biturige en argent  trouvée en 1827[56] à la « Rousselière », sur la commune de Cheverny, dans le département du Loiret et Cher, aux limites nord de la terre du milieu (Berry) et qui est datée par Daphné Nash[57] du 1er siècle d’avant J.C., représente sur son coté face une tête sans doute d’un personnage important, et sur son côté pile un cheval au dessus duquel est gravé l’ethnonyme OYI qui identifie, d’après Jean Hiernard, [58] les Bituriges vivisques. Sur ce même coté de la pièce, au dessus des jambes de ce cheval, on trouve encore gravé l’ethnonymes KOY qui identifie, encore d’après Jean Hiernard, les Bituriges cubes.
Ces deux identifications, réunies sur une même pièce de monnaie, tendent à signifier que les Vivisques et les Cubis avaient une monnaie commune, et qu’il nous faut admettre comme le fit en son temps Eugène Hucher[59], qu’ils appartenaient tous deux à une seule est même Nation dont les membres étaient installés sur deux lieux différents aujourd’hui appelés Berry et Gironde.
C’est bien pourquoi Strabon se garda bien de nommer la cité de Burdigalla (Bordeaux) comme la capitale des Vivisques, mais comme « une place de commerce ».
Nous pensons donc qu’il n’y eut toujours qu’une seule et unique Nation des Bituriges dont la capitale fut la cité d’Avaricon, et que les nominatifs complémentaires de Cubes et Vivisques accolés au nom Bituriges ne sont pas des composants du nom identitaire, mais plutôt des adjectifs de différenciations dont qu’il conviendrait mieux d’orthographier avec des minuscules en cubes et vivisques. Sauf lorsque employés seuls, ces adjectifs de différenciation devenant des noms, la majuscule s’impose en Cubes et Vivisques.


* Les rois bituriges

 L’influence prépondérante de la nation des Bituriges semble être à son apogée vers 600 avant J.C.,  lors du règne d’Ambigatos (nom qui signifie celui qui combat des deux côtés).
Là encore la réalité de l’existence de ce personnage est remise en cause par certains « spécialistes » sous le prétexte qu’aucune preuve archéologique n’accrédite son historicité. Mais nous savons maintenant quoi penser de ce type d’argument.
Tite Live nous parle de ce roi et de ces deux neveux Bellovesos (nom qui signifie celui qui est digne de puissance) et Ségovèse (nom qui signifie celui qui est digne de victoire) [60].
Le premier, à la tête de 15 000 Gaulois aurait fondait une colonie biturige en Lombardie au nord de l’Italie, et fondé la cité de Milan (Médiolanum).
L’autre lui aussi à la tête de 15 000 hommes, serait parti fonder une autre colonie biturige vers le nord-est sur les rives du Danube après avoir traversé les grandes forêts hercyniennes.
* Au 4ème siècle avant J.C., un roi gaulois apparaît. On le dit issu de la nation des Senons voisine de celle des Bituriges (nord-est), mais on le dit aussi Biturige. Il s’appelait Brennos (ce nom signifie corbeau) latinisé en Brennus. Vainqueur des Romains sur la rive gauche de Tibre au confluent avec la rivière Allia, il saccagea  Rome en 390 avant J.C. et ce fit remettre rançon.
Comme beaucoup de chefs Gaulois ont porté ce nom, la confusion est grande et il est souvent très difficile de replacer ces chefs à leurs époques. Pourtant lorsque nous lisons Tite Live nous apprenons que ce Brennos commandait peut-être des guerriers Senons, mais au même titre qu’il commandait aussi les guerriers Arvernes et Bituriges[61].
Tite Live ne dit pas dit qu’il appartenait à la nation des Senons, il dit qu’il était le roi des Gaulois.

* Puis nous trouvons Bolgios[62] latinisé en Belgius, dit  duc des Bituriges.
Ce personnage fut au côté d’un Brennos roi des Arvernes lors de son expédition en Macédoine vers 279 avant J.C. Vainqueur des troupes de Ptolémée Kéraunos. Il fait prisonnier ce dernier et le met à mort en lui tranchant la tête[63]. Il semble qu'il soit retourné en Gaule après cette victoire. La période où vécu ce chef des Bituriges, qui n’est alors plus roi, semble être celle de la fin de l’influence prépondérante du peuple des Bituriges sur les autres nations gauloises.
Cette influence prépondérante fut prise progressivement par la nation des Arvernes.
* Au milieu du 2ème siècle avant J.C. les Bituriges et les Arvernes semblent avoir le même roi en la personne de Louernios nom qui signifie le renard, latinisé en Luern. Ce roi gaulois est connu pour sa prodigalité.
Posidonios d'Apamée[64]  nous dit de lui : « Luern, pour gagner la faveur de la multitude, se faisait transporter sur un char à travers les campagnes, et jetait de l’or et de l’argent aux myriades de Celtes qui le suivaient. Il faisait enclore un espace de douze stades carrés, sur lequel il faisait remplir des cuves avec des boissons d’un grand prix, et préparer de telles quantités de victuailles que, plusieurs jours durant, il était permis à ceux qui voulaient entrer dans l’enceinte de goûter aux mets qu'on avait préparés et qui étaient à disposition sans interruption. »
* A la fin du 2ème siècle avant J.C. les Bituriges semblent avoir comme roi Bituitos, nom qui signifie celui qui est le monde, latinise en Bituitus. Ce roi, fils de Louernios, est aussi le roi des Arvernes. Il allait, dit-on, au combat sur un char d'argent, revêtu d'une armure étincelante et jetant avec profusion des monnaies d'argent sur ses pas[65].
Il fut vaincu par les Romains à la bataille du confluent qui, selon Strabon, se trouve
« au point de jonction de l'Isar, du Rhône et du mont Cemmène »
, ce que nous pouvons traduire par : « au confluent Rhône-Isère, au premier contrefort des Cévennes ».
Les négociations pour sa libération n’aboutissant pas, il fut retenu prisonnier avec son fils Congentiatos par les romain dans la ville d'Albe[66].
Il nous semble qu’avec ce roi prit fin la prépondérance de l’influence du peuple des Arvernes sur les autre nations gauloises.
Nous constatons également que presque toutes les nations gauloises ont renoncé au gouvernement d’un roi pour lui préférer celui d’une magistrature élective de noblesse à la romaine.

Au 1er siècle avant J.C., les Bituriges semblent nouer des alliances avec les autres nations gauloises en fonction de leurs intérêts.
César[67] nous dit qu’en Gaule, il n’y a plus vraiment de grand chef, mais qu’en Arverne, un homme lui semble avoir « le principalat » sur ce pays.
Cet homme s’appelait Celtill latinisé en Celtillos.
Les prétentions de pouvoir que ce puissant noble faisait valoir auprès de son propre peuple les Arvernes, et auprès d’autres aussi, conduisirent les chefs arvernes dont son propre beau-frère Gobannitio, à lui barrer le chemin en l’accusant de vouloir rétablir la royauté. Il fut condamné à mort et exécuté.
Cet homme n’était autre que le père de Vercingétorix.
Lorsque ces événements se produisirent, Les Bituriges étaient peut-être encore en alliance avec les Arvernes, mais c’est très peu probable, leur alliance s’était plutôt portée sur les Eduens.
Lorsque César entame sa campagne de conquête de la Gaule en 59 avant J.C., les Bituriges ne sont plus, depuis longtemps, en position d’influence prépondérante vis-à-vis des autres nations gauloises.
Ils sont, nous dit César, les clients des Eduens[68], après avoir été, avant, les clients des Arvernes entre le 3ème et le  2ème siècle avant J.C.[69].
Toutefois il apparaît que malgré ce changement de fortune, les Bituriges avaient gardé de leur prestigieux passé, une auréole dont la lumière était encore perçue de toutes l’Antiquité, y compris des Romains.
A partir de leur riche et de leur prospère capitale Avaricon, qui éblouira César par sa beauté au point qu’il la nommera Urbs[70], le pays biturige était parsemé d’oppida et de gros villages reliés entre-eux par des chemins, dont certains deviendront plus tard des voies romaines.
César nous dit que ces cités étaient plus de vingt, puisque ce fut ce nombre d’agglomérations bituriges que Vercingétorix ordonna de brûler pour appliquer sa tactique de terre brulée sur le chemin des légions romaines[71].

En voici quelques unes :
Noviodunum
(Neuvy sur Barangeon ou Neungs sur Beuvron) ;
Gabris (Gièvres) ; Gabatium (Levroux) ;
Uxeldunum (Issoudun) ;
Argentomagus (Saint Marcel près d’Argenton sur Creuse) ;
Nériomagus (Neris les bains) ;
Médiolanus (Châteaumeillant) ;
Cordes
(Châtelois) ;
Ernodurum (Saint Ambroix) ;
Alerta (Ardente) ;
Doli
(Déols) ;
Oblincum
(Le Blanc) ;
Cantilla
(Chantelle la Vieille) ;
Ticonium (Sancoins) ;
Magodunum
(Mehun sur Yèvre) ;
Virsionis
(Vierzon) ;
Alléans
(Baugy);
Brovo
(Bourbon-Archambault) ;
Deruentum (Drevant) ;
Teutmariacus
(Thaumières) ;
Aureus
(Saint Florent sur Cher).
Sur ce territoire, les activités prépondérantes étaient l’agriculture et l’exploitation des forêts.
Si les Bituriges étaient de remarquables cultivateurs ils furent aussi d’excellents éleveurs surtout de moutons, non pas seulement pour la viande et le lait, mais aussi pour la laine.
Dans tout le monde antique, leur réputation venait surtout de leur savoir faire de métallurgistes (bronze, airain et fer), de forgeron, d’étameur, de bûcherons, de charpentiers de charron-tonneliers, de tisserands et de bourreliers, car ce sont eux qui inventèrent le matelas de laine.
Les productions artisanales des Bituriges étaient de tellement bonnes factures, qu’elles étaient exportées depuis leur royaume dans tout le pourtour méditerranéen.
Lorsque César arriva devant Avaricon en 58 avant J.C. pour en faire le siège, le Berry ne s’appelait pas encore Berry.
César et d’autres auteurs anciens ne parlaient alors que du territoire des Bituriges.
Chez les Celtes dont étaient issues toutes les Nations gauloises, le centre de leurs territoires qui composaient la « Celtique[72] » avait une signification mystique et sacrée.
C’était en ce lieu qu’était installée la Nation élue qui prédominait sur toutes les autres et que résidait le Chef suprême.
Il n’est donc pas invraisemblable, comme ce fut le cas en Irlande, que le territoire qui allait devenir le Berry puisse avoir pour eux la dénomination druidique de « la terre du milieu ».
D’autant que ce n’était pas pour rien que sur cette « terre du milieu » vivaient la nation gauloise des rois du monde (bitu = monde ; rix = roi)[73].

Nous consacrerons un article spécifique au siège de la capitale des Bituriges "Avaricon" par César en 58 avant J.C. dont la situation géographique est actuellement débattue par les spécialistes.
Lorsque César et ses légions prirent la cité, il y eut des pillages certes, mais mais pas de déstructions massives de la part des Romains qui l'occupèrent un certain temps.
La guerre des Gaules Finie, on reconstruisit " à la romaine" les infrastructures de ce qui avaient été détruites et on latinisa le nom en la nommant "Avaricum".


Notes de Références !


[1] Diode de Sicile : (v.90av.J.C. – 21 av. J.C.) Historien Grec. Les livres I à V consacrés aux origines de monde, à l’histoire de l’Egypte et de la Chaldée, les livres XI à XX consacrés aux événements de 480 av. J.C. à 302 av. J.C.

[2]
César, Tite-Live, Pline, Lucain et Florus disent toujours Biturix, & Bituriges. La table de Peutinger dit Beturiges ; d’autres disent Betorici, & Bitorices, Grégoire de Tours Biturici.

[3] KRUTA. (Venceslas.). : « Les Celtes, Histoire et Dictionnaire ».Edition Lafond. Paris 2000.

[4] Tite-Live : Historien romain né Padoue 59 avant JC, mort à Rome 17 après J.-C.
Ce fut vers 27 avant J.-C., soit presque au moment où Virgile commence l'Énéide, que Tite-Live entreprend son « Histoire romaine »  en 142 livres divisés en décades.

[5] TITE LIVE. Livre V chapitre 34 : « à l’époque où Tarquin l’Ancien régnait à Rome, la Celtique, une des trois parties de la Gaule, obéissait aux Bituriges, qui lui donnaient un roi. »

[6] KRUTA. (Venceslas.). : « Les Celtes, Histoire et Dictionnaire ». Edition Lafond. Paris 2000.

[7] KRUTA. (Venceslas.). : « Les Celtes, Histoire et Dictionnaire ». Edition Lafond. Paris 2000.

[8] CESAR. (Jules.). : « Commentaires sur la Guerre des Gaules », Livre VII, 13 et 15.

 [9] Terre du milieu (Meit-land) : D’après une approche numismatique de l’histoire du pays Biturige : In  Revue Numismatique de la Société Royale de numismatique Belge. Volume de 1 à 2, page 380. In PIERQUIN de GEMBLOUX. (Claude-Charles.). : « Histoire monétaire et philologique du Berry. » Editions Veuve Ménagé, 1840. 288 pages, page 213.

 [10] La céramique produite sur place est représentée, par des objets où ont été faites des inclusions de petits nodules de fer et de coquillages fossiles qui peuvent être considérés comme des marqueurs de cette production régionale. ; Les céramiques importées sont bien représentées par des amphores méditerranéennes provenant des côtes d’Italie du nord, de la Corse et du littoral de l’Hérault.  Les objets en bronze étrusques et italiques (17 pièces recensées), datent pour les plus anciens du VIIIe s. av. J.-C., mais ils sont principalement représentés à la fin du VIe et au Ve s. av. J.-C. Pour cette dernière époque, un lien existe entre la distribution des céramiques grecques et les vases de bronze italiques.

[11] MILCENT. (Pierre Yves.). : « L'expérience urbaine hallstattienne : Bourges-Avaricum, une capitale celtique au Ve s. av. J.-C. Les fouilles du quartier Saint-Martin-des-Champs et les découvertes des Etablissements militaires ». 2007. Revue archéologique du centre de la France.

[12] Ambigatos : Roi du peuple des Bituriges vers 600 av J.C.. Certains reconnaissent son existence, d’autres disent que c’est un personnage de la mythologie celte.

[13] AUGIER. (L.). -  BUCHSENSCHUTZ. (O.). – RALSTON. (I.). : « Un complexe princier de l’âge du Fer : l’habitat du promontoire de Bourges (Cher), VIe-IVe s. av. J.-C, 2007 ». Revue archéologique du centre de la France : suppl. 32, 200 p.

[14] Tite-Live, Trogue-Pompée, Pline, Lucain, Florus, César.

[15] TITE LIVE. Livre V chapitre 34 : « Sous le gouvernement d’Ambigatus, que ses vertus, ses richesses et la prospérité de son peuple avaient rendu tout-puissant, la Gaule reçut un tel développement par la fertilité de son sol et le nombre de ses habitants, qu’il sembla impossible de contenir le débordement de sa population. Le roi, déjà vieux, voulant débarrasser son royaume de cette multitude qui l’écrasait, invita Bellovèse et Ségovèse, fils de sa sœur, jeunes hommes entreprenants, à aller chercher un autre séjour dans les contrées que les dieux leur indiqueraient par les augures :  ils seraient libres d’emmener avec eux autant d’hommes qu’ils voudraient, afin que nulle nation ne pût repousser les nouveaux venus.
Le sort assigna à Ségovèse les forêts Hercyniennes ; à Bellovèse, les dieux montrèrent un plus beau chemin, celui de l’Italie. »

[16] Terre du milieu (Meit-land) : D’après une approche numismatique de l’histoire du pays Biturige : In  Revue Numismatique de la Société Royale de numismatique Belge. Volume de 1 à 2, page 380. In PIERQUIN de GEMBLOUX. (Claude-Charles.). : « Histoire monétaire et philologique du Berry. » Editions Veuve Ménagé, 1840. 288 pages, page 213.
Mais aussi d’après la notion religieuse et sacrée que les Celtes donnaient au centre ou milieu « Meit-land » ou la croyance à un Omphalos qui serait le lieu sacré d’un territoire où s’attache le « Mediolanum » centre religieux des nations gauloises.

[17] THERRY. (Amédée. Simon. Dominique.). : « Histoire des Gaulois depuis les temps les plus reculés jusqu'à l'entière soumission de la Gaule à la domination romaine ». Editions Grégoire, Wouters et Cie, 1842. Page 54.

[18] Le campement de chasseur dit « de Lavaud » ou « de pont de Lavaud », à Eguzon-Chantôme situé dans le département de l’Indre, est reconnu comme étant certainement le plus vieil habitat humain en Berry.

[19] Site de « Préjolais » à Pouligny-Notre Dame.

[20] Site « La Terre des Sablons » à Lunery-Rosières.

[21] NOUGIER. (Louis-René.). : « Essai sur le peuplement préhistorique de la France ». In: Population, 9e année, n°2, 1954 pp. 241-274.

[22] La première de ces trois migrations, entre venant d’Europe centrale, a donné les industries lithiques Moustérienne, Aurignacienne, Gravettienne, Solutréenne puis Magdalénienne.
La seconde migration, venant d’Europe du Nord, a donné les industries lithiques Azilienne et Sauveterrienne.
Enfin les industries lithiques Castelnovienne et Tardenoisienne sont issues de la troisième migration venant d’Europe centrale.

[23] La première de ces deux migrations, venant des Balkans, a donné l’industrie Cardiale.
La seconde migration, venant de la vallée du Danube, a donné les industries Rubanée ou Linéaire et de Cerny.

[24] NOUGIER. (Louis-René.). : « Essai sur le peuplement préhistorique de la France ». In: Population, 9e année, n°2, 1954 pp. 241-274.

[25] Diode de Sicile : (v.90av.J.C. – 21 av. J.C.) Historien Grec. Les livres I à V consacrés aux origines de monde, à l’histoire de l’Egypte et de la Chaldée, les livres XI à XX consacrés aux événements de 480 av. J.C. à 302 av. J.C.

[26] Ces hommes sont de culture céramique et métallurgique dite « des Champs d’Urnes ». Ce nom provient du fait qu’ils n’enterrent plus les corps de leurs morts mais les incinèrent et en déposent les cendres dans des urnes qu’ils enterrent dans un champ, ou qu’ils déposent dans des cavités naturelle ou artificielles.

[27] Celtique : territoire tel que l’entend Strabon dans sa géographie.

[28] KRUTA. (Venceslas.). : « Les Celtes, Histoire et Dictionnaire ».Edition Lafond. Paris 2000.

[29] THERRY. (Amédée. Simon. Dominique.). : « Histoire des Gaulois depuis les temps les plus reculés jusqu'à l'entière soumission de la Gaule à la domination romaine ». Editions Grégoire, Wouters et Cie, 1842. Page 54.

[30] Celtes-Coille : ou Celtes des forêts. Nom qui vient de Coille ou Coiltte qui veut dire Bois – Forêts.
Les historiens n'indiquent que très vaguement la position de ces Celtes ; ils habitaient, disent-ils, entre les Pyrénées et les Alpes. Plutarque, in Camil., p. 135.

[31] Armorikes ou ceux qui vivent de la mer. Nom qui vient d’Armhuirich et Armhoirik qui veut dire voisin de la mer.

[32] Arvernes ou ceux qui vivent en haut. Nom qui vient d’Ar ou All qui veut dire haut et de Veran qui veut dire terre ou contrée.

[33] Allobroges ou ceux qui vivent dans un haut village. Nom qui vient d’ All qui veut dire haut et de Brog qui veut dire lieu habité ou village en haut.

[34] Helvètes ou ceux qui vivent avec un troupeau. Nom qui vient de Elva ou Selva qui veut dire bétail et de Ait ou ét qui veut dire lieu ou contrée ou contrée.

[35] Séquanes ou ceux qui vivent au bord des eaux d’une rivière. Nom qui vient de Seach qui veut dire sinueux ou qui tourne ou encore qui dévie et d’An qui veut dire eau ou rivière. Les Séquanes furent repoussés plus tard au-delà des Vosges et de la Saône.

[36] Edues ou ceux qui vivent avec les moutons. Nom qui vient de Ed qui veut dire troupeau de petit bétail et d’Aedui qui veut dire mouton.

[37]Amédée Thierry : « Histoire des Gaulois ». Editions Hachette. Paris 1835. 415 pages,.p.10

[38]Amédée Thierry : « Histoire des Gaulois ». Editions Hachette. Paris 1835. 415 pages,.p.48

[39] Pline l’Ancien « Histoire Naturelle » Livre XXXIV, chapitre 162.

[40] MALLARD, Note sur un filon d'étain oxydé situé près du village de Montebras, commune de Soumans (Creuse). Môm. Soc.des se, nat. et arch. de la Creuse, t. tu, p. 161, i89.

[41] Hérodote dans son « Histoire » ; Diodore de Sicile dans son « Histoire Universelle » ; Strabon dans sa « Géographie Universelle » ; Pline dans son « Histoire Naturelle » ont tendance à situer les iles Cassitérides au large des côtes hispaniques. Plus précisément au large de la province romaine de Lusitanie (couvrant la plus grande partie de l’actuel Portugal). Ptolémée  lui dans sa « Géographie » entrevoit ces iles au large de la province romaine de Tarraconaise (comprenant toute la partie nord-est de l’actuel Espagne)
D’autres géographes comme Caius Julius Solin dans ses «Les Merveilles du monde » ; Denys le Périégète dans sa « Description du monde habité » ;    Nicéphore Blemmydas dans sa  Géographie synoptique confirment cette situation supposée des iles Cassitérides. Tous en ont traité la description séparément de celles des archipels britanniques, écartant toutes confusions de lieux.
Martin Behaim, géographe, cosmologue et navigateur fut le premier, en 1492 à rapprocher et identifier les Iles de Cassitérides décrites par Strabon, aux iles de l’archipel des Açores qui répondent en tout point à cette description. Il les nommera dans son Globe « les Iles Catherides.

[42] CHASTAGNOL. (André.). ROBERT. (Étienne.). : Bordeaux antique., Annales. Économies, Sociétés, Civilisations, 1969, vol. 24, n° 2, pp. 454-461.

[43]CHASTAGNOL. (André.). ROBERT. (Étienne.). : Bordeaux antique., Annales. Économies, Sociétés, Civilisations, 1969, vol. 24, n° 2, pp. 454-461.

[44] Amédée Thierry : « Pour fixer, même d’une manière approximative et vague, l’époque de l’arrivée des Belges en deçà du Rhin, nous n’avons absolument aucune autre donnée que l’époque de leur établissement dans la partie de la Gaule que nous appelons aujourd’hui le Languedoc ; établissement qui paraît avoir été postérieur de très peu de temps à l’arrivée de la horde. Or, tous les récits mythologiques ou historiques, et tous les périples, y compris celui de Scyllax écrit vers l’an 350 avant J.-C., ne font mention que de Ligures et d’Ibéro-Ligures sur la côte du bas Languedoc où s’établirent plus tard les Volkes ou Belges. Ce n’est que vers l’année 281 que ce peuple est nommé pour la première fois ; en 218, lors du passage d’Annibal, il en est de nouveau question. C’est donc entre 350 et 281 qu’il faut fixer l’établissement des Belges dans le Languedoc ; ce qui placerait leur arrivée en deçà du Rhin dans la première moitié du quatrième siècle. Il est remarquable que cette époque coïncide avec celle d’une longue paix entre les Cisalpins et Rome, et de tentatives d’émigration de la Gaule transalpine en Italie. »

[45] HUGO. (Abel.). : « France historique et monumentale: Histoire générale de France depuis les temps les plus reculés jusqu'a nos jours ... » Editions H.L. Delloye, 1836.

[46]Déjà Strabon mentionne que le territoire des Bituriges est riche en minerais de fer.

[47] Le minerai de fer est présent un peu partout sur la terre du milieu (Berry) territoire des Bituriges.  Les trois plus importants sites sont au nord les territoires couverts par la forêt d’Allogny et ses alentours ; au sud ouest les territoires et les alentours d’Argenton sur Creuse ; au sud Est les territoires couverts par la forêt de Tronçais. Il faut ajouter au centre ouest les extractions du plateau calcaire entre La Chapelle St Ursin et les vallées de du cher et de l’Arnon.

[48] Le fer doux très malléable contient peu de carbone, Les Gaulois l’utilisaient pour la confection de casques, de cottes de mailles soit annulaire, soit de plaques, des umbo de boucliers et de plaques de protection.

[49] Le fer dur dit aussi aciéreux contient beaucoup de carbone. Les gaulois s’en servaient pour forger leurs armes pointes de lance,  pointes de flèche, glaives, épées, poignards, masses d’armes.

[50] PLINE l’Ancien : « Histoire Naturelle » Livre XIX, chapitre I.

[51] STRABON : Géographie, livre IV, chapitres 1, 2.

 [52] PLINE : Histoire Naturelle. Livre IV, chapitre 108.
[52] TITE LIVE : Histoire romaine - Livre V, 34.

[53] PTOLEMEE : Géographie. Livre II, chapitres 7 – 8.

[54] GOUDINEAU. (Christian.). : Annuaire des cours à la chaire d’antiquité nationale du collège de France 2005-2006.

[55] MILCENT. (Pierre-Yves.). : Bourges-Avaricum, un centre proto-urbain celtique au Ve siècle avant J.C. » CNRS. Paris, 2007.
[55]AUGIER. (L.). BUCHSENSCHUTZ. (O.). RALSTON. (I.). : « Un complexe princier de l’âge du Fer : l’habitat du promontoire de Bourges (Cher), VIe-IVe s. av. J.-C, ». Revue archéologique du centre de la France 2007 : suppl. 32, 200 p.

[56]  DE LA SAUSSAYE. (L.). : Mémoires sur plusieurs enfouissements numismatiques découverts dans la Sologne blésoise, dans R.N., 1836, p. 301-320, pl. VIII.

[57] NASH. (Daphné.). : Territory and state formation in central Gaul, in Social Organisation and, Settlemeni, Oxford 1978. Editions D. GREEN, C. HASELGROVE and M. SPRIGGS, B.A.R., Intern. Séries, suppl. 47, p. 455-475.

[58] HIERNARD. (Jean.). : Bituriges du Bordelais et Bituriges du Berry : l’apport de la numismatique, Revue Archéologique de Bordeaux, 1997, pp. 61-65.

[59] HUCHER. (Eugène.). : « L'Art gaulois ou les Gaulois d'après leurs médailles » 2 e partie, Paris-Le Mans, 1873, p. 73, fig. 107;

[60] TITE LIVE : Histoire romaine - Livre V, 34.

[61] TITE LIVE : « Histoire Romaine » Livre V chapitres de 38 à 49.

[62] KRUTA. (Venceslas.). Les Celtes, histoire et dictionnaire, Robert Laffont, coll. « Bouquins », Paris, 2000,

[63] JUSTIN : Histoires philippiques, XXIV, 5.

[64] POSIDONIOS d'Apamée : Histoire XXIII - (Athénée, Deipnosophistes IV 37, 1-19).
[64] STRABON / (Géographie, livre IV, II, 3)

[65] STRABON : Géographie, livre IV, II, 3.
[65]APPIEN : Histoire Romaine, IV, 12.
[65]FLORUS : Histoire Romaine, III, 3.

[66] TITE LIVE :, Periochae, 61

[67] CESAR. (Jules.). : « La Guerre des Gaules » Livre VII, chapitre IV.

[68] CESAR. (Jules.). : « La Guerre des Gaules » Livre VII, chapitre V.

 [69] POSIDONIOS d’Apamée: Ses vastes enquêtes ethnologiques et géographiques lui ont ainsi permis de décrire les mœurs et la structure sociale des Gaulois. [ Dossier pour la science no 61, oct. 2008.

[70] CESAR. (Jules.). : « La Guerre des Gaules » Livre VII, chapitre V.

[71] CESAR. (Jules.). : « La Guerre des Gaules » Livre VII, chapitre XV.

[72] Celtique : territoire tel que l’entend Strabon dans sa géographie.

[73] KRUTA. (Venceslas.). : « Les Celtes, Histoire et Dictionnaire ».Edition Lafond. Paris 2000.

 


 
 
le 06-04-2020 16:56

L’ermite Saint Cyran et le pays de Brenne en bas Berry.


"Atelier Sant Johan" Brouillamnon Plou.Article écrit par R. Johannot en juin 2010, publié sur ce site le en Mars 2020.

 

 

 

 

L’ermite Saint Cyran et le pays de Brenne en bas Berry.

En bas Berry, on le connaît sous le nom latin de Sigirannus traduit en Français en Saint Cyran ou Siran.
On avance la date du 22 octobre 590 pour être celle de sa naissance.
On ne sait rien de sa petite enfance, toutefois, on sait que son père nommé « Sigiran » ou « Sigealie » fut le deuxième comte de Bourges et évêque de Tours de 619 à 622.
 On peut donc affirmerer qu’il naquit quelque part en Berry.
Les textes nous enseignent que dès que Saint Cyran fut en âge d’apprendre, son père l’envoya dans les écoles de Tours puis, ses études finies, le confia au seigneur « Flaocad » grand ami du seigneur Ega, Maire du palais du royaume de Burgondie (Bourgogne).
Flaocad l’emmena à la cour des rois merovingiens Thierry II, et surtout Clotaire II, où il fut investi de la charge d’échanson du roi (charge de servir à boire au roi) signe que Thierry d’abord et Clotaire ensuite, lui témoignaient une grande confiance dans ces temps troublés où les empoisonnements se pratiquaient couramment.
Le père de Saint Cyran, alors évêque de Tours, le fiança avec la fille de son grand ami le seigneur « Adroald », sans savoir qu’a la cour burgonde mérovingienne du roi Clotaire, son fils avait déjà pris la résolution de consacrer sa vie à Dieu, loin des horribles réalités qu’il voyaient chaque jour se dérouler sous ses yeux.
Ses fiançailles furent donc rompues, et Saint Cyran vint à Tours,  un peu après le décès de son père, pour se recueillir sur le tombeau de Saint Martin afin d'y trouver ainsi l’assurance de son choix à se consacrer à sa foi.
 En l’an 625, il quitta donc ses habits de seigneur pour prendre celui de moine et il reçut la tonsure des mains de l’évêque « Modégisile » qui venait de succéder a « Léobal » le successeur de son père.
Son exemplarité et sa piété valurent à Saint Cyran de devenir rapidement archidiacre de Tours.
Il fut très aimé des pauvres et des parias,  et ses actions debonté ne lui firent pas que des amis parmi les notables de Tours dédaigneux envers ceux qu’aidait Saint Cyran.
Il y en eut un qui surpassa les autres, c’était le gouverneur de Tours, un dénommé Etienne qui va sadiquement persécuter Saint Cyran en le jetant en prison et en lui faisant subir de nombreux sévisses et humiliations.
Cet homme avait cru qu’en affligeant toutes ces brutalité à Saint Cyran, il allait ainsi lui faire perdre la raison.
Mais cette agressivité gratuite se retourna contre lui, car devant les prières de Saint Cyran qui sans cesse lui pardonnait ses exactions, Etienne entra dans une rage qui ne le quitta plus. Cherchant alors querelle à tous.
Un jour, Etienne s’en prit à un cavalier qui le tua.
Saint Cyran voyant qu’il suscitait, parmi le peuple de Tours, tant de divisions, décida d’abandonner sa charge d’archidiacre.
Ce fut à cette période qu’il rencontra  « Falvius » ou « Falbe » un évêque irlandais qui allait à Rome. Ce saint homme s’était arrête à Tours pour prier sur la sépulture de Saint Martin. 
Avec un petit groupe de compagnons un peu disciples qu’il avait réunis, Saint Cyran décida d’accompagner Falvius à Rome et, chemin faisant, apprendre de lui les règles monastiques qui avaient cours en Irlande et qui furent introduites en Gaule par Saint Colomban.
On ne sait rien du séjour à Rome de Saint Cyran si ce n’est qu’il ne fut pas très long, et que rapidement il regagna la Burgondie.
Pourquoi allait-il en ce pays burgonde ? 
Il y allait pour demander conseils à Flaocad, son ancien précepteur à qui son père l’avait jadis confié.
Flaocad était pour l’heure, Maire dupalais de Burgondie sous le règne du roi Dagobert. Il avait succédé au seigneur Ega.
De leurs entretiens naquit, de la part de Flaocad, l’envie de suivre Saint Cyran dans son désir de servir Dieu en son pays de Berry.
Pour ce fait, Flaocad, qui avait pris la décision de suivre son ancien élève pour fonder une « cellula », (communauté religieuse), donna à Saint Cyran deux terres situées dans la Brenne à « Millepecus » ou «  Milbeccus » que nous connaissons de nos jours sous le nom de Méobecq et à « Longoritus » ou« Longerette » devenue « Longoret »,  et aujourd’hui Saint Cyran, sur la commune de Saint Michel  en Brenne.
Saint Cyran commença, vers l’an 641, par établir un monastère dédié à Saint Pierre, à Méobecq reprenant la règle de vie de Saint Colomban que lui avait enseigné l’évêque Falvius d’Irlande lors de son voyage à Rome.
Puis peu de temps après, peut-être parce que ce monastère était-il trop peuplé pour lui contrariant ainsi sa soif de solitude, Saint Cyran alla fonder un second établissement à Longoritus où il abandonna la règle de vie irlandaise de Méobecq au profit de celle de Saint Benoit de Nursie en l’aménageant.
En ce lieu, là aussi, les disciples affluèrent. Il dirigera, dit-on, ce monastère pendant une quinzaine d’années, mais l’appel de la solitude fut la plus forte.
Saint Cyran repartit vers une vie errante et indigente qui le mènera aux portes de l’abbaye Saint Sernin de Toulouse où il vivra de mendicité parmi d’autres aussi pauvres que lui.
On n’a aucune certitude sur le lieu et la date de la mort de SaintCyran. Certains chroniqueurs avance l’an 657 comme celui de la mort de Saint Cyran, mais aucun document ne vient confirmer ces dires.
Saint Cyran laissa une emprunte indélébile dans tout le Berry, même si c’est incontestablement le Bas Berry qui fut le plus marqué par cet anachorète assez représentatif d’autres ermites de cette époque, qui fondaient des communautés religieuses organisées, mais qui étaient eux-mêmes incapables de se conformer à une règle.



Que sont devenus ces deux établissements fondés par Saint Cyran ?

L’Abbaye de Méobecq  au pays des mille étangs :
En 1418, Il y a 48 serfs qui paient redevance à l’abbé (AI, H309)
Après la Révolution de 1789, l’extension du village a beaucoup empiétée sur l’implantation originelle de l’abbaye au point qu’il ne restera que l’église abbatiale Saint Pierre qu’on voit aujourd’hui.
Mieux que de longs discours, voici en quels termes en parle Eliane Vergnole maître assistant en histoire de l'art médiéval, université de Paris-IV- Sorbonne :
« Elle est sans doute l'un des édifices-clefs pour l'histoire de l'art du XIème siècle en Berry et l'ensemble des peintures murales constituent certainement le plus ancien témoignage qui nous soit parvenu en Berry sur les débuts de la peinture romane »
En 2003, un pan de mur de l’enceinte originelle et des bâtiments du 14ème  et 15ème siècle, sans doute ceux du prieuré et de ses dépendances, furent achetés par la Communauté de Communes « Val de l’Indre-Brenne » afin de les restaurer.

L’abbaye de Saint Cyran en Brenne, appelée aussi, depuis 1975, abbaye de Saint Michel en Brenne :
Cette abbaye devint au Moyen-Âge une abbaye royale.
Au XVIIe siècle, un de ses abbés, Jean Duvergier, fut adepte du Jansénisme qu’il essaya d’introduire en France.
Cette doctrine qui contestait certaines clauses officielles établies, fut combattue fermement par Richelieu qui emprisonna l’abbé et laissa tomber l’abbaye en désuétude.
Cette abbaye fut déclarée « supprimée » en 1712, puis détruite par l’archevêque de Bourges.
Les religieux furent dispersés et les meubles furent vendus en 1739.
Ce qu’il reste de l’abbaye, c'est-à-dire un corps de bâtiment appelé «Chambre des Hôtes », sera vendu comme bien national en 1790.
Dans les années 1880, elle fut achetée par « Les Moulins de Paris » qui la transformèrent en maison de vacances pour son personnel.
Dans les années 1930, elle fut le lieu d’un élevage de chiens de Chasse.
En juin 1975, l'abbaye de Saint-Cyran-en-Brenne est acquise par la sœur de Monseigneur Marcel Lefèvre qui la renomme alors « Abbaye Saint-Michel », elle devient la maison mère des sœurs de la Fraternité Saint Pie X.

Bibliographie :

BAILLET. (Adrien.). : « Les vies des Saint » Bibliothèque de Lyon 1739.
FAVIERE. (Jean.). : « Berry roman, » Saint-Léger-Vauban, Zodiaque, 1970, p. 271-273.
THAUMAS de la THAUMASIERE. (Gaspard.). : « Histoire du Berry…. » Editions Jacques Morel 1689.
MAUPOIX. (Michel.). : « Peintures murales de l’Indre : de la couleur au symbole révélé », Châteauroux, 2004.
VIGNOLLE. (Éliane.). : « Méobecq et Saint-Benoît-sur-Loire : problèmesde sculpture », dans Cahier d’Architecture et d’Histoire du Berry,n°62, 1980, p.71-73.
 VIGNOLLE. (Éliane.). : « L’ancienne église abbatiale de Méobecq » dans Congrès. Archéologique Bas-Berry, 1984.

Sant Johan  

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le 06-04-2020 16:24

La légende de Sainte Solange revisité par l’histoire de son époque »


  "Atelier Sant Johan" Brouillamnon Plou.
Article écrit par René Johannot et Bernadette Brossard Moy


« La légende de Sainte Solange revisité par l’histoire de son époque »


Introduction

    A chaque époque de son déroulement, l’histoire du Berry est jalonnée defaits réels ou imaginaires qui ont donné naissance d’abord à des rumeurs qui se sont, certaine fois, transformées en légendes.
 
   Dans les temps anciens, la rumeur, pour le peuple, n’avait pas cette connotation péjorative d’avilissement de réputation individuelle ou collective que nous lui donnons aujourd’hui. Sauf pour les deux classes sociales dominantes qui se servaient de son contenu pour manipuler l’opinion publique afin de la faire aller dans le sens qu’ils voulaient. Elle était tout simplement le seul moyen oral et populaire que les hommes d’alors -pour beaucoup analphabètes- possédaient pour faire connaître à d’autres une histoire qu’ils jugeaient extraordinaire.
    La rumeur était donc un vecteur d’information comme le sont de nos joursl es médias, à la différence qu’elle ne se diffusait pas quasiinstantanément comme aujourd’hui. Sa vitesse de propagation, au plus rapide, était celle d’un homme qui se déplaçait au galop de son cheval sur des chemins pleins de dangers. Cette relative lenteur de propagation  laissait le temps aux hommes de se l’approprier, voire, de la transformer ou de la déformer, bref, de la digérer avant dela restituer, souvent après lui avoir ajouté un peu de son ressenti personnel.
    Mais l’efficacité de transmission des faits et des actes par la rumeur avait ses limites, et notamment celle de son érosion naturelle dans letemps. Alors, quand les faits qu’elle rapportait étaient importants, la rumeur se transformait peu à peu en légende et traversait ainsi souventen s’enjolivant, ou en se noircissant, les époques qui construisent l’histoire afin d’arriver jusqu’à nous.
    Une légende est donc toujours une entité enrobée d’imaginaire qui s’est construite et étoffée à partir d’une rumeur.
    Hier plus qu’aujourd’hui, la rumeur survenait presque toujours pourservir des intérêts collectifs ou individuels des grands dirigeants féodaux et ecclésiastiques, fussent- ils de natures louables ou exécrables.
En décortiquant une légende et sa rumeur de genèse, on trouve bien souvent le fait réel ou irréel qui en fut l’origine.
    En Berry nous avons beaucoup de légendes. Elles sont soient provinciales soit locales. Elles sont connues pour le merveilleux oul’horreur, des histoires qu’elles nous racontent. En se suffisant à elles mêmes, elles sont réductrices du contexte historique qui les a vu naître et que bien souvent nous ignorons ou avons oublié.
    Certains diront quel dommage ! Et ils chercheront la dimension historique de la légende.
    D’autres au contraire souhaiterons ignorer ce contexte historique de peur qu’il ternisse la vision mythique que la légende veut bien nous faire voir d’elle.

    Nous allons ici vous conter la légende de Sainte Solange patronne du Berry en replaçant cette légende dans le contexte « géo politicoreligieux » de son époque d’origine. A vous d’estimer si sa dimension historique amplifie le contenu de cette légende ou au contraire elle la minimise.


L’histoire de  l’époque où naquit la légende de Sainte Solange (vers 866)

    A Bourges, du temps de la dynastie carolingienne, l’église berrichonne eut à sa tête un archevêque qui fut aussi primat d’Aquitaine.
    Cet archevêque étendait son autorité ecclésiastique sur un territoire qui allait de la Loire au nord ; du Rhône à l’Est ; de la Méditerranée et des Pyrénées au Sud ; et à l’océan Atlantique à l’Ouest. Cette étendue territoriale formait « le royaume d’Aquitaine » créé en 781 par Charlemagne et dont le premier roi fut son fils « Louis le pieux ».
    Ce fut d’ailleurs la création de ce nouveau royaume, dont la capitale était Toulouse, qui avait incité Charlemagne à demander au pape Adrien1er  de bien vouloir doter ce territoire d’une juridiction religieuse suprême qui s’imposerait aux autres organisations religieuses établies sur son sol. Ainsi, cette nouvelle entité politique serait renforcée et affirmée par une entité ecclésiastique.
    En réponse à la demande de Charlemagne, entre 788 et 791(1), le pape Adrien 1er  donna au royaume d’Aquitaine « la primatie d’Aquitaine» dont le siège se tenait à Bourges (2).

    Les événements dont semble découler la rumeur puis l’histoire de Sainte Solange commencent  en 866.
    « Wulfard » qui venait d’être nommé archevêque de Bourges, prenait ses fonctions dans un climat politique tendu. Cette tension entretenait des conflits agressifs voire violents que subissaient les Berrichons, les décourageant ainsi d’avoir foi en leur église et en leurs seigneurs.
    Avant d’être archevêque, cet homme avait été chanoine et économe de Sainte Marie de Reims, chancelier du roi Charles le chauve, abbé del’oratoire royal et précepteur de Carloman un des fils du roi qui deviendra plus tard abbé de Saint Médard de Soissons.
    L’homme avait la réputation d’être très attaché au roi et d’être un pourvoyeur sans faille de sa politique. Ce n’était donc pas par hasard que le roi avait nommé Wulfard à la tête de l’archevêché de Bourges et de la primatie d’Aquitaine afin qu’elles soient administrées de main de maître dans le sens que le voulait lar oyauté.
    Cet appui de Wulfard était d’autant plus nécessaire, que ce même roiavait mis à la tête du royaume d’Aquitaine son fils Louis, dont la jeunesse et l’inexpérience étaient connues des seigneurs Aquitains près à tirer profit de ces déficits.
    Mais ce choix royal, fait sans concertation avec les instances del’Eglise, avait entraîné une forte contestation des évêques qui voyaient en lui la suppression du principe de l’élection qui avait toujours eu lieu jusqu'à lors.
    A la tête de cette controverse se trouvait « Hincmar » (3) évêque deReims homme de grande influence, qui était aussi le contestataire leplus véhément de ce choix royal.
Hincmar invoquait publiquement une raison de droit pour justifier sondésaccord : Wulfard faisait parti de ceux dont les ordinations furentprononcées par l’évêque Eude ou Ebbon de Reims (4), destitué de sesfonctions en 835 puis en 845 par Hincmar lui-même. Ces ordinationsavaient été annulées au synode de Saint Médard de Soisson en 853 sur lademande de Hincmar et de ce fait l’ordination de Wulfard devenantcaduque, ce dernier ayant perdu sa dignité d’ecclésiastique, ne pouvaitpas être, même nommé par le roi, archevêque de Bourges et primatd’Aquitaine. 
Mais la raison vraie et profonde de cette opposition était personnelleet toute simple : une élection par les évêques, lui aurait permis soitde s’attribuer les fonctions d’archevêque de Bourges et primatd’Aquitaine, soit de me mettre un homme à ces postes de pouvoirsstratégiques que l’autorité du roi avait attribué à Wulfard.
Malgré cette opposition, le pape Nicolas 1er (5) ratifia l’ordinationde Wulfard en tant que archevêque de Bourges et primat d’Aquitaine (6),mais mourut avant de l’avoir revêtu du Pallium (7). Ce fut sonsuccesseur Adrien II (8) qui l’en vêtit en février 868 et annonça cette distinction aux évêques au synode de Troyes (9).
Mais durant le temps de cette contestation qui avait virée en unevéritable fronde ecclésiastique,déchirant ainsi la cohérence del’église, la noblesse d’Aquitaine qui connaissait la réputationintransigeance de Wulfard avait pris les devants en mettant main bassesur bon nombre de biens ecclésiastiques d’Aquitaine (10).
Devant la rébellion latente des seigneurs aquitains, le roi Charles lechauve qui était devenu empereur en 875 supprima le royaume d’Aquitaineet le relégua au rang de duché.
 Du même coup, il décida que la primatie d’Aquitaine, qui n’avait pluslieu d’être puisque le royaume était supprimé, serait remplacée par uneprimatie unique pour la France occidentale et la France orientales. Ilen fixa le siège à Sens et nomma comme primat l’évêque de Sens, àsavoir à cette époque « Anségise » qui devint ainsi archevêque de Senset primat des deux Frances.
Les mêmes causes engendrant les mêmes effets, cette décision impérialefut contestée avec véhémence par l’ensemble des évêques que le roimettait une nouvelle fois devant le fait accompli.
Il y eut toutefois une exception à cette unité des évêques, celle del’archevêque de Bordeaux un dénommé « Frotaire » qui prit le parti del’empereur dont les décisions venaient d’être agréés par le pape JeanVIII.
Frotaireétait une fine mouche qui choisissait avec soin son pot demiel, en l’occurrence ici le parti de l’empereur Charles le chauve, quidevait lui permettre d’assouvir sa faim de pouvoirs et d’honneurs.L’empereur ne pouvait que remarquer cette exception et s’attacher sonauteur. Ce qui se réalisa.
Wulfard mourut au mois d’avril 876, on l’inhuma dans l’église del’abbaye Saint Laurent de Bourges. Cet archevêque avait consacré sonrègne à rétablir partiellement l’autorité de l’église sur les terresd’Aquitaine qui étaient ravagées par les raides des normands.
L’empereur Charles le chauve qui par sa décision de supprimer le primatd’Aquitaine avec l’approbation du pape s’était mis à dos tous lesévêques des deux Frances nomma Frotaire le seul qui l’avait approuvé,comme successeur de Wulfard à l’archevêché de Bourges et lui conserva,en cumul, son évêché de Bordeaux. Cette décision royale déclencha une nouvelle indignation des évêquesqui comme à l’habitude rentrèrent dans le rang quand le pape Jean VIII(11) tapant du poing sur la table, approuva la nomination de Frotaire àarchevêché de Bourges tout en le maintenant à la tête de l’évêché deBordeaux.
Toutefois pour apaiser les choses, il annonça  que cette mesure de cumul ne pouvait être que provisoire.
Mais il n’en fut pas de même pour la rébellion quasi permanente desseigneurs d’Aquitaine à savoir : « Bernard de Gothie » (12), fils deBernard comte de Poitiers, comte de Bourges et d’Auvergne. Il étaitsuivi par son frère  « Emenon » (13)  comte de Poitiers etpar « Hugues » (14) fils du roi Lothaire, ainsi que la reine « Valdrade» (15) sa mère qui revendiquaient le royaume de Lotharingie (Alsace etLorraine). La rébellion de ces seigneurs, que les décisions et la nominationimpériales avaient attisée, fut encore amplifiée par la mort del’empereur Charles le chauve le 6 octobre 877 et l’avènement au trônede son fils « Louis le bègue ». Bernard de Gothie et ses partisans, qui ne reconnaissaient pas Louiscomme souverain légitime avait bien l’intention de lui tenir tête. Pourcela, ils fortifièrent Bourges durant la fin de l’année 876 et le débutde l’année 877.
Quand l’archevêque Frotaire arrive à Bourges cette même année, pourprendre sa fonction épiscopale, les portes de la ville furent tenuescloses et la ville lui fut interdite.
Frotaire se plaignit de cette situation auprès du pape Jean VIII quidécida de régler cette affaire lors du concile de Troyes qui était fixéau 1er août 878. Il incita fortement Frotaire à y être présent.
Frotaire ne se rendit pas immédiatement à ce concile de peur d’avoir àrendre des comptes pour sa trahison lors de la contestation des évêquesde la suppression de la primatie d’Aquitaine.
 Alors ce temps fut mis à profit par  Bernard de Gothie pour sejustifier de son attitude et celle de ses amis aux yeux du pape. Ilinversa les rôles et accusa Frotaire de vouloir trahir le nouveau roiLouis et de vouloir livrer Bourges à ses ennemis.
Frotaire se renditalors au concile de Troyes pour se défendre de l’accusation de Bernardet formuler les siennes. Au terme de sa défense,, il obtient du pape, comme punition à l’empêchement d’exercersa fonction d’archevêque de Bourges, l’excommunication de Bernard deGothie et de ses amis.
Frotaire arriva donc à Bourges au milieu d’une certaine hostilité dupeuple à son égard et à celui de l’église qu’il représentait, jugeantinjuste l’excommunication de Bernard de Gothie et de ses partisans.
Ces affaires politico-religieuses avaient mises à mal  laspontanéité de la piété du bon peuple du Berry lassé de toutes cesquerelles de pouvoir. Ces différends avaient engendré une oppositionouverte de la noblesse d'Aquitaine, dont la noblesse berrichonne faisait partie, aupouvoir royal.
Il fallait donc à l’église berrichonne de ce temps et à la royauté reprendre la main et trouver un moyen qui devait à la fois :
-    redonner un idéalisme à la foi chrétienne réanimant ainsi la piété populaire.
-    Réhabiliter les autorités ecclésiastique et royaledevenues peu crédibles aux yeux du petit peuple d’Aquitaine.
-   Mais aussi, Il fallait absolument ternir et discréditer les actions etles attitudes de Bernard de Gothie et de sesamis ainsi que flétrir l’image de la noblesse guerrière et résistantequ’ils incarnaient. 
Ce fut alors que, comme par enchantement, se propagea dans tout le Berryune rumeur qui racontait l’histoire d’une jolie et très pieuse jeunefille appelée Solange, fille d’un humble vigneron du Val de Villemont àune demie lieue du bourg de Saint Martin  du Cros (aujourd’huirebaptisé Sainte Solange) qui eut le malheur de rencontrer le méchantseigneur, entre autre Bernard de Gothie, qui lui fit subir douleurs etmartyre.
Les yeux berrichons se noyèrent alors dans des larmes de piété et decompassion, bénissant les bienfaits de la Sainte mère l’église etmaudissant la cruauté démoniaque des seigneurs.
Cette rumeur ne racontait rien d’autre qu’un fait divers. A cetteépoque, une bergère qui se voyait violentée et déshonorée par unseigneur qui traversait son pré lors d’une chasse et dont la têtetombait pour qu’elle ne puisse pas accuser,  était aussi courantque le saccage des champs que cette même chasse traversait. Par contrecela devenait extraordinaire quand la dite bergère, d’origine modeste,jeune et belle s’était donnée à Dieu pour la vie et que le seigneurcoupable était le comte de Bourges en personne, fusse-t-il déjàexcommunié.
Les gorges allèrent bon train. Le seigneur aimé coupable, devintdétestable. L’église et la royauté peu considérées victime au traversdu martyre de la bergère, devinrent aimées.
Le but recherché était donc atteint.

Voici la rumeur qui de nos jours est une légende.

Solange naquit aux environs de Bourges, au lieu-dit Villemont (16), àdeux kilomètres du bourg de Saint-Martin-du-Crot. Ses parents luienseignèrent les principes de la foi, elle donna dès les premièresannées de son existence les marques d'une rare piété et, à l'âge desept ans, celle-ci offrit sa virginité au Seigneur et fit vœu de seconsacrer à lui.
Dieu la combla de telles faveurs que, selon une antique et vénérabletradition, elle guérissait les malades et chassait les démons par saseule présence.
Occupée à garder les moutons de son père dans un pré du voisinage, elleoccupait son temps à prier son divin maître et à s'entretenirfamilièrement avec lui.
Un jour, l'un des fils du comte de Bourges, et d’Auvergne (sûrementBernard de Gothie), rencontra la jeune bergère Solange et fut séduitpar sa grande beauté.
Par des avances et des promesses d'abord, par des menaces ensuite, ils'efforça d'obtenir qu'elle consente à devenir son épouse, mais surtoutavoir ses faveurs. Mais, fidèle à son vœu, elle le repoussa.N'avait-elle pas décidé de n'aimer que le Christ.
Alors le jeune homme, dans un élan de furie, l'enleva de force, la mitsur sa monture et l'entraîna avec lui dans une course folle. Mais lajeune fille, qui avait moins peur de mourir que d'être infidèle à sonSeigneur, se déroba à son ravisseur et se laissa tomber à terre, aubord d'un ruisseau. C'est alors que, dans sa rage, le séducteur tirason épée de son fourreau et trancha la tête de la jeune bergère.
 Solange subit ce martyre à la fin du IX° siècle, un 10 mai (peut-être le 10 mai 878...).


Voici ce qui s’ajouta à la rumeur pour la faire devenir légende

On rapporte que la tête de Solange, bien que séparée du reste du corps, invoqua encore trois fois le saint Nom de Jésus.
 Solange, décapitée, prit sa tête dans ses mains et la porta jusqu'àl'église Saint-Martin. Elle fut donc ensevelie en l'église Saint-Martindu village de Saint-Martin-du-Crot (17). Mais par la suite, une nouvelle église fut édifiée à la place del'ancienne, placée sous le vocable de Solange, et le bourg lui-mêmeprit le nom de la sainte martyre : Sainte Solange (c'est la seulecommune de France à porter ce nom).
Le Seigneur confirma par de nombreux miracles l'héroïsme des vertus desa servante et son tombeau n'a jamais cessé d'être honoré par lesfidèles du Berry qui vénèrent sainte Solange comme leur patronnespéciale.

Ce rajout à la rumeur pour qu’elle devienne ainsi légende, n’est passans rappeler celle de « Saint Denis de Lutèce » qui fut martyrisé en250 ou 270 par « Dèce » et « Valérien » ou « Dioclétien ». Il eut, luiaussi  la tête tranchée au mont des martyres (devenu Montmartre).Tout comme Saint Solange, son corps décapité se leva et pris sa têtedans ses mains et marcha presque une lieue. Il rencontra alors unechrétienne noble gallo-romaine du nom de « Catulla ». Il lui remit satête puis s’écroula à l’endroit précis de cette chute fut construiteune basilique.

Conclusion

L’histoire de Solange la bergère berrichonne servit si bien lesintérêts de l’archevêque de Bourges, et du roi Louis le bégue qu’on nepeut que bénir le hasard qui la fit surgir à ce moment de l’histoire denotre Berry.
Mais peut-être cela ne fut-il pas un hasard !
Peut-être ceci fut-il un miracle qui, s’il ne venait pas de Dieu lui-même, venait au moins d’un de ces apôtres.
Nul doute que Solange fut pour le prestige de l’archevêché de Bourges,ce que Jeanne d’Arc fut à l’émergence de la reconnaissance dutrône  du roi Charles VII de France plus de 4 siècles plus tard.


Notes de références :

  DUCHESNE. (Mgr.). :  « Faste épiscopaux de l’ancienne Gaule »  Tome II. Paris 1899.

2 GRATIEN. « Lettre au nouvel évêque Erembert » in « Monumenta Germaniae historica, Scriptores ». Tome III, page 638.
  LEROUX. ( Alfred.). « La primatie de Bourges » in Annales du midi » Tome VII, page 141.

3 HINCMAR: archevêque de Reims, né vers 806, mort à Épernay en décembre 882. il sera archevêque de Reims en 845.

4 EBBON ou EDON  archevêque de Reims de 816 fut destitué en 835, puis de 840 fut destitué en 841.Appelé EUDES en Berry.

5 NICOLAS Ier : dit le Grand, né vers 800, pape du 24 avril 858 à sa mort, à Rome, le 13 novembre 867.

6 Registre épiscopal de l’administration du Pape Nicolas I. ibidi.,836.in Raynal. (Louis Hector Chaudrude.). : « Histoire du Berry depuis lestemps les plus anciens jusqu’en 1789 ». Editions Librairie de Vermeil.1845. page 300.

7 Pallium : ornement formé d’une grande bande d’étoffe de laine blancheornée de croix noires, donné par le pape à certains évêques en signe dedistinction particulière

8 ADRIEN II :  né à Rome en 792,  pape de 867 à 872.

9 ADRIEN II : Epistolaire VI, 889.

10 NICOLAS I : Epistolaire « lettres envoyées aux nobles d’Aquitaine » hincamaro VIII, décembre 866, page 501.

11 JEAN VIII :  né à Rome vers 820, pape de 872 à 882.

12 BERNARD DE GOTHIE ou BERNARD II DE POITIERS :  né en 844, morten 879. Il est le fils du comte Bernard 1er de Poitiers. Il se révoltecontre Charles le Chauve en 877. Il fut excommunier par le pape JeanVIII au concile de Troyes et dépossédé de ses domaines.

13 EMENON DE POITIERS, né vers 828, mort en 866 : il est le frère deBernard de Gothie. Il se rebellera lui aussi contre Charles le Chauveen 877. Il mourut à la bataille de Rangone.

14 HUGUES ou HUGO D’ALSACE, né vers 855, mort après 895 : Il est lefils illégitime du roi Lothaire II de Lotharingie et de sa concubineValdrade. En 885, le roi Charles VI le gros lui fera crever les yeux etl’emprisonnera à l’abbaye de Prüm ou il mourut dix années plus tard.

15 VALDRADE ou WALDRADE : Sœur de Gontier archevêque de Cologne. Elleépouse Lothaire II roi de Lotharingie après que ce dernier ait répudiéeson épouse Teutberg. Le pape refuse ce mariage et excommunie Valdradeobligeant ainsi Lothaire à reprendre Teutberg. De cette union jugéeillégitime, naîtront 4 enfants dont Hugues duc d’Alsace.

16 Eloge Historique de Sainte Solange. N.B.II 447. in Raynal. (LouisHector Chaudrude.). : « Histoire du Berry depuis les temps les plusanciens jusqu’en 1789 ». Editions Librairie de Vermeil. 1845. page 312.

17 Eloge Historique de Sainte Solange. N.B. II 447. in Raynal. (LouisHector Chaudrude.). : « Histoire du Berry depuis les temps les plusanciens jusqu’en 1789 ». Editions Librairie de Vermeil. 1845. page 312.



Bibliographie :

Ouvrages anciens :

-    ADRIEN II : Epistolaire VI, 889.
-    GRATIEN. « Lettre au nouvel évêque Erembert » in «Monumenta Germaniae historica, Scriptores ». Tome III, page 638.
-    NICOLAS I : Epistolaire « lettres envoyées aux nobles d’Aquitaine » hincamaro VIII, décembre 866, page 501.
-    NICOLAS I : Registre épiscopale de l’administration du pape 836.

Ouvrages contemporains :

-    DUCHESNE. (Mgr.). :  « Faste épiscopaux de l’ancienne Gaule »  Tome II. Paris 1899.
-    LACGER de (Louis.). : « La primatie d’Aquitaine duVIIIe au XIVe siècle » in Revue d’Histoire de l’Eglise de France. Tome23. N° 98, 1937. pp29 à 50.
-    LEROUX. ( Alfred.). « La primatie de Bourges » in Annales du midi » Tome VII, page 141.
-    RAYNAL. (Louis Hector Chaudrude.). : « Histoire duBerry depuis les temps les plus anciens jusqu’en 1789 ». EditionsLibrairie de Vermeil. 1845.
-    OUDOUL. (abbé.). : « La vie de Sainte Solange ». Bourges 1828.



Auteur : René Johannot.



 
 


 
 
 

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