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Titre du blog : Le Berry : Histoire des lieux et des hommes
Auteur : Johan
Date de création : 06-04-2020
 
posté le 06-04-2020 à 16:56:46

L’ermite Saint Cyran et le pays de Brenne en bas Berry.


"Atelier Sant Johan" Brouillamnon Plou.Article écrit par R. Johannot en juin 2010, publié sur ce site le en Mars 2020.

 

 

 

 

L’ermite Saint Cyran et le pays de Brenne en bas Berry.

En bas Berry, on le connaît sous le nom latin de Sigirannus traduit en Français en Saint Cyran ou Siran.
On avance la date du 22 octobre 590 pour être celle de sa naissance.
On ne sait rien de sa petite enfance, toutefois, on sait que son père nommé « Sigiran » ou « Sigealie » fut le deuxième comte de Bourges et évêque de Tours de 619 à 622.
 On peut donc affirmerer qu’il naquit quelque part en Berry.
Les textes nous enseignent que dès que Saint Cyran fut en âge d’apprendre, son père l’envoya dans les écoles de Tours puis, ses études finies, le confia au seigneur « Flaocad » grand ami du seigneur Ega, Maire du palais du royaume de Burgondie (Bourgogne).
Flaocad l’emmena à la cour des rois merovingiens Thierry II, et surtout Clotaire II, où il fut investi de la charge d’échanson du roi (charge de servir à boire au roi) signe que Thierry d’abord et Clotaire ensuite, lui témoignaient une grande confiance dans ces temps troublés où les empoisonnements se pratiquaient couramment.
Le père de Saint Cyran, alors évêque de Tours, le fiança avec la fille de son grand ami le seigneur « Adroald », sans savoir qu’a la cour burgonde mérovingienne du roi Clotaire, son fils avait déjà pris la résolution de consacrer sa vie à Dieu, loin des horribles réalités qu’il voyaient chaque jour se dérouler sous ses yeux.
Ses fiançailles furent donc rompues, et Saint Cyran vint à Tours,  un peu après le décès de son père, pour se recueillir sur le tombeau de Saint Martin afin d'y trouver ainsi l’assurance de son choix à se consacrer à sa foi.
 En l’an 625, il quitta donc ses habits de seigneur pour prendre celui de moine et il reçut la tonsure des mains de l’évêque « Modégisile » qui venait de succéder a « Léobal » le successeur de son père.
Son exemplarité et sa piété valurent à Saint Cyran de devenir rapidement archidiacre de Tours.
Il fut très aimé des pauvres et des parias,  et ses actions debonté ne lui firent pas que des amis parmi les notables de Tours dédaigneux envers ceux qu’aidait Saint Cyran.
Il y en eut un qui surpassa les autres, c’était le gouverneur de Tours, un dénommé Etienne qui va sadiquement persécuter Saint Cyran en le jetant en prison et en lui faisant subir de nombreux sévisses et humiliations.
Cet homme avait cru qu’en affligeant toutes ces brutalité à Saint Cyran, il allait ainsi lui faire perdre la raison.
Mais cette agressivité gratuite se retourna contre lui, car devant les prières de Saint Cyran qui sans cesse lui pardonnait ses exactions, Etienne entra dans une rage qui ne le quitta plus. Cherchant alors querelle à tous.
Un jour, Etienne s’en prit à un cavalier qui le tua.
Saint Cyran voyant qu’il suscitait, parmi le peuple de Tours, tant de divisions, décida d’abandonner sa charge d’archidiacre.
Ce fut à cette période qu’il rencontra  « Falvius » ou « Falbe » un évêque irlandais qui allait à Rome. Ce saint homme s’était arrête à Tours pour prier sur la sépulture de Saint Martin. 
Avec un petit groupe de compagnons un peu disciples qu’il avait réunis, Saint Cyran décida d’accompagner Falvius à Rome et, chemin faisant, apprendre de lui les règles monastiques qui avaient cours en Irlande et qui furent introduites en Gaule par Saint Colomban.
On ne sait rien du séjour à Rome de Saint Cyran si ce n’est qu’il ne fut pas très long, et que rapidement il regagna la Burgondie.
Pourquoi allait-il en ce pays burgonde ? 
Il y allait pour demander conseils à Flaocad, son ancien précepteur à qui son père l’avait jadis confié.
Flaocad était pour l’heure, Maire dupalais de Burgondie sous le règne du roi Dagobert. Il avait succédé au seigneur Ega.
De leurs entretiens naquit, de la part de Flaocad, l’envie de suivre Saint Cyran dans son désir de servir Dieu en son pays de Berry.
Pour ce fait, Flaocad, qui avait pris la décision de suivre son ancien élève pour fonder une « cellula », (communauté religieuse), donna à Saint Cyran deux terres situées dans la Brenne à « Millepecus » ou «  Milbeccus » que nous connaissons de nos jours sous le nom de Méobecq et à « Longoritus » ou« Longerette » devenue « Longoret »,  et aujourd’hui Saint Cyran, sur la commune de Saint Michel  en Brenne.
Saint Cyran commença, vers l’an 641, par établir un monastère dédié à Saint Pierre, à Méobecq reprenant la règle de vie de Saint Colomban que lui avait enseigné l’évêque Falvius d’Irlande lors de son voyage à Rome.
Puis peu de temps après, peut-être parce que ce monastère était-il trop peuplé pour lui contrariant ainsi sa soif de solitude, Saint Cyran alla fonder un second établissement à Longoritus où il abandonna la règle de vie irlandaise de Méobecq au profit de celle de Saint Benoit de Nursie en l’aménageant.
En ce lieu, là aussi, les disciples affluèrent. Il dirigera, dit-on, ce monastère pendant une quinzaine d’années, mais l’appel de la solitude fut la plus forte.
Saint Cyran repartit vers une vie errante et indigente qui le mènera aux portes de l’abbaye Saint Sernin de Toulouse où il vivra de mendicité parmi d’autres aussi pauvres que lui.
On n’a aucune certitude sur le lieu et la date de la mort de SaintCyran. Certains chroniqueurs avance l’an 657 comme celui de la mort de Saint Cyran, mais aucun document ne vient confirmer ces dires.
Saint Cyran laissa une emprunte indélébile dans tout le Berry, même si c’est incontestablement le Bas Berry qui fut le plus marqué par cet anachorète assez représentatif d’autres ermites de cette époque, qui fondaient des communautés religieuses organisées, mais qui étaient eux-mêmes incapables de se conformer à une règle.



Que sont devenus ces deux établissements fondés par Saint Cyran ?

L’Abbaye de Méobecq  au pays des mille étangs :
En 1418, Il y a 48 serfs qui paient redevance à l’abbé (AI, H309)
Après la Révolution de 1789, l’extension du village a beaucoup empiétée sur l’implantation originelle de l’abbaye au point qu’il ne restera que l’église abbatiale Saint Pierre qu’on voit aujourd’hui.
Mieux que de longs discours, voici en quels termes en parle Eliane Vergnole maître assistant en histoire de l'art médiéval, université de Paris-IV- Sorbonne :
« Elle est sans doute l'un des édifices-clefs pour l'histoire de l'art du XIème siècle en Berry et l'ensemble des peintures murales constituent certainement le plus ancien témoignage qui nous soit parvenu en Berry sur les débuts de la peinture romane »
En 2003, un pan de mur de l’enceinte originelle et des bâtiments du 14ème  et 15ème siècle, sans doute ceux du prieuré et de ses dépendances, furent achetés par la Communauté de Communes « Val de l’Indre-Brenne » afin de les restaurer.

L’abbaye de Saint Cyran en Brenne, appelée aussi, depuis 1975, abbaye de Saint Michel en Brenne :
Cette abbaye devint au Moyen-Âge une abbaye royale.
Au XVIIe siècle, un de ses abbés, Jean Duvergier, fut adepte du Jansénisme qu’il essaya d’introduire en France.
Cette doctrine qui contestait certaines clauses officielles établies, fut combattue fermement par Richelieu qui emprisonna l’abbé et laissa tomber l’abbaye en désuétude.
Cette abbaye fut déclarée « supprimée » en 1712, puis détruite par l’archevêque de Bourges.
Les religieux furent dispersés et les meubles furent vendus en 1739.
Ce qu’il reste de l’abbaye, c'est-à-dire un corps de bâtiment appelé «Chambre des Hôtes », sera vendu comme bien national en 1790.
Dans les années 1880, elle fut achetée par « Les Moulins de Paris » qui la transformèrent en maison de vacances pour son personnel.
Dans les années 1930, elle fut le lieu d’un élevage de chiens de Chasse.
En juin 1975, l'abbaye de Saint-Cyran-en-Brenne est acquise par la sœur de Monseigneur Marcel Lefèvre qui la renomme alors « Abbaye Saint-Michel », elle devient la maison mère des sœurs de la Fraternité Saint Pie X.

Bibliographie :

BAILLET. (Adrien.). : « Les vies des Saint » Bibliothèque de Lyon 1739.
FAVIERE. (Jean.). : « Berry roman, » Saint-Léger-Vauban, Zodiaque, 1970, p. 271-273.
THAUMAS de la THAUMASIERE. (Gaspard.). : « Histoire du Berry…. » Editions Jacques Morel 1689.
MAUPOIX. (Michel.). : « Peintures murales de l’Indre : de la couleur au symbole révélé », Châteauroux, 2004.
VIGNOLLE. (Éliane.). : « Méobecq et Saint-Benoît-sur-Loire : problèmesde sculpture », dans Cahier d’Architecture et d’Histoire du Berry,n°62, 1980, p.71-73.
 VIGNOLLE. (Éliane.). : « L’ancienne église abbatiale de Méobecq » dans Congrès. Archéologique Bas-Berry, 1984.

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