posté le 10-04-2020 à 18:17:18
Le Berry Gaulois énigme identitaire des Bituriges Vivisques !
Article écrit par R. Johannot en février 2013, publié sur ce site le 10 Avril 2020.
Le Berry Gaulois
énigme identitaire des Bituriges
Vivisques !
Genèse de l’énigme
Lorsque le géographe grecque Strabon écrit
sa Géographie, en 17 après J.C., dans son livre IV- chapitre II- paragraphe I,
parlant des Gaules et de ses peuples, il mentionne pour la première fois,
l’existencede Gaulois qui se font appeler Bituriges
Vivisques (en grec « Ouiviskoi ») et qui sont établis en Aquitaine.
Un peu plus loin dans ses écrits, au paragraphe II du même
chapitre et du même livre, il s’empresse de différencier ces Bituriges
Vivisques des Bituriges Cubes (en grec « Kouboi ») vivant au centre de la Gaule entre le sud de la
Loire et le nord des monts d’Auvergne.
Alors que nul autre auteur n’a jamais antérieurement fait
allusion à cette différenciation, il fut penser que Strabon, en
mentionnant les Bituriges Vivisques, révélait l’existence d’une nouvelle nation
gauloise biturige installée en Aquitaine.
En tout cas, cette révélation de Strabon engendrait tout un
questionnement, à savoir :
Qui étaient ces Bituriges Vivisques ?
D’où venaient-ils ?
Pourquoi étaient-ils sur ce territoire ?
Et depuis quand y étaient-ils établis ?
Certaines hypothèses
avancées
Certains historiens ont émis l’hypothèse que, la Nation des Gaulois
Bituriges, pouvait être composée, dès sa formation, de deux entités distinctes
vivant en osmose dans un même royaume établi au centre de la Celtica :
1°) - Les Bituriges Cubes ou Cubi.
2°) - Les Bituriges
Vivisci ou Vivisques.
Ainsi, la cité principale de cette terre du milieu (qui
deviendra le Berry) appelée Avaricon où
aussi Avarich, aurait pu être
structurée socio-culturellement à partir de deux pagi réunis par une étroite alliance.
Avaricon (=
ville des eaux) lui venait de la rivière Avara (= Evre, aujourd’hui l’Yèvre).
En effet, les habitats primitifs d’Avaricon avaient été
implantés sur le promontoire qui se situe au confluent de Yèvre et de l’Auron.
La crédibilité de cette hypothèse de structuration sociétale
biturige semble s’être renforcée lorsque l’examen d’une pièce de monnaies
bituriges trouvées en 1827 à Cheverny dans le Loir et Cher, fit
apparaître sur une même face les deux ethnonymes :
- OYI désignant les Bituriges Vivisques (Βιτούριγες οἱ Οὐιβίσκοι)
- KOY désignant les Bituriges Cubes
(Βιτούριγες οἱ Κουβοι)
Cette pièce de monnaie,
qui est datée du premier siècle avant J.C., donnerait donc la preuve que ces
deux entités bituriges avaient, à cette époque, une monnaie commune qui pouvait
les réunir en une seule Nation.
D’autre part, il semblerait communément admis que la
scission entre Cubes et Vivisques, ainsi que l’installation de ces derniers
entre océan et Gironde-Garonne, daterait d’après les guerres de conquête des Gaules
par César entre 58 et 50 avant J.C.
Certaines de ces hypothèses
pourraient êtres hasardeuses
A notre avis, mis à part le fait que cette monnaie biturige
atteste une certaine unité du peuple des Bituriges et l’existence de
l’appellation Bituriges Vivisques dès le 1er siècle avant J.C., les
autres hypothèses émises ci-dessus sont rendues hasardeuses par le manque de
preuve voire même, par l’absence d’éléments probants de la réalité historique, environnementale
et politique, des époques qu’elles désignent.
L’hypothèse de la composition du peuple des Bituriges en
deux entités distinctes Cubes et Vivisques dès sa formation nous semble être
une vision très improbable de ce que fut la réalité, à cause des structurations
sociétales monolithiques mêmes des Nations gauloises.
Il en est de même de l’hypothèse d’une scission reposant sur
une supposée décision punitive de César à l’encontre des Bituriges à cause de
leur alliance avec Vercingétorix pour le combattre, dont on ne trouve aucune
trace écrite.
Qui parle ou ne parle
pas des Bituriges Vivisques ?
A aucun moment, les
auteurs historiens, philosophes et géographes antiques du
premier au sixième siècle d’avant J.C. ne nous parlent des Bituriges Vivisques.
Seuls Hécatée de Milet
et Hérodote citeront les Celtes dans
leurs écrits.
Même César, dans ces récits contenus dans son ouvrage de Bello
Gallico, sans doute rédigé en 51 ou
52 avant J. C., ne fait aucune allusion à
une distinction quelconque entre Cubes et Vivisques.
- Ni lorsqu’il parle de sa campagne punitive en pays
biturige qui le mènera à assiéger et prendre la cité gauloise d’Avaricon.
- Ni lorsqu’il énumère les peuples Gaulois auxquels
Vercingétorix fait appel afin qu’ils lui envoient des guerriers de secours à
Alésia.
Il en est de même d’Aulus
Hirtius auteur du Livre VIII de Bello
Gallico - Commentaires de César sur
la Guerre des Gaules dont les écrits sont complémentaires à ceux de César.
Pourtant, à cette époque des écrits de César et de Hirtius,
sur la guerre des Gaules, l’appellation Bituriges Vivisques existait
depuis le premier siècle d’avant J.C., comme l’atteste et le prouve la monnaie
dont nous venons de parler !
Cette preuve qui, s’il en était besoin, serait confirmée par
Strabon, que nous avons déjà cité plus avant dans cet écrit, dans sa géographie, Livre IV, chapitre 2.1, qui
date de l’an 17 après J.C..
Voila ce qu’il écrit :
L. IV – 2 -1 « La
Garonne, grossie de trois affluents, à son embouchure entre le pays des
Bituriges dits Bituriges Vivisques et le pays des Santons, peuple gaulois tous
les deux. De fait ces Bituriges là sont la seule population allogène installée
sur le territoire des Aquitains ; ils ne leur paient pas d’impôts. Ils ont
pour place de commerce Burdigalla, au bord d’une lagune formée par les bouches
de la Garonne. »
L. IV – 2 – 2 « Quant
aux peuples situés entre la Garonne et la Loire et rattachés à l’Aquitaine (au
sens augustéen), ce sont d’abord les Éluens (ou Helviens), dont le territoire
commence au Rhône, puis après eux les Vellavii, autrefois rattachés aux
Arvernes, aujourd’hui autonomes, ensuite les Arvernes, les Lémovices et les
Pétrocoriens, suivis des Nitiobriges, des Cadurques et des Bituriges dit
Bituriges Cubes (Kouboi). »
Nous remarquons que Strabon en parlant de la cité de Burdigalla (Bordeaux) ne la nomme pas
comme capitale des Bituriges Vivisques, mais seulement de « place de commerce ».
Reprise du
questionnement et approche d’hypothèses de réponses
* 1ère Question : Pourquoi cette absence
nominative des Bituriges Vivisques dans les écrits d’avant Strabon ?
Réponses possibles :
(1) : Si, la raison en était que les
Auteurs anciens y compris César et Hirtius ne pouvaient pas nommer ce qui
n’existait pas !
(2) : Si les nominatif Cubes et Vivisques n’étaient que deux appellations apparues pour marquer
une différenciation, au lieu de définir
une identité comme certains ont pu le penser !
* 2ème Question : Pourquoi et comment des
Bituriges se sont-ils établis sur les territoires entre Océan et
Garonne-Gironde ?
Réponses possibles :
(1) : Si les Bituriges avaient
seulement reproduit un phénomène d’ajustement et de régulation de leur population
aux ressources alimentaires disponibles de leur terre du milieu (futur Berry).
D’autan, qu’ils avaient déjà pratiqué cette régulation du
temps où Tarquin l’ancien régnait sur
Rome (616-575 avant J.C.).
Nous parlons là, des premières migrations gauloises
bituriges en Italie du Nord et en Europe centrale, en 400 avant J.C. décrites
par Tite Live.
(2) : Si les Bituriges, par nécessité
et intérêts, avaient tout simplement inventé le comptoir !
C’est-à-dire disposer, en propriété et en gouvernance, d’une
contrée, dans le territoire d’une Nation autre que la sienne, destinée à
favoriser et développer le commerce du royaume de sa propre Nation avec celles
avoisinantes, tout en maintenant son
unité identitaire et en la soulageant des méfaits d’une surpopulation !
Ce comptoir, qui
n’est autre qu’un établissement commercial installé dans un pays étranger, n’a
rien à voir avec une colonie indépendante qui s’autogère politiquement et
administrativement au point de se différencier de l’identité de la Nation de
laquelle ses membres proviennent.
* 3ème Question : Pourquoi ne semble-t-il
pas possible de retenir l’époque d’après les guerres des Gaules menées par
César, pour l’installation des Bituriges Vivisques entre océan et
Gironde-Garonne ?
Réponses possibles :
(1) : D’abord parce que une pièce de
monnaie Bituriges datant du 1er siècle d’avant J.C. nous apprend que
les Bituriges Vivisques existaient déjà avant les guerres des Gaules et donc nous
pouvons supposer qu’ils occupaient depuis cette période d’apparition le
territoire entre océan et Gironde-Garonne.
(2) : Il nous semble difficile, vu la
richesse du territoire entre océan et Gironde-Garonne, de concevoir que César, pour
punir les Bituriges de leur alliance avec Vercingétorix, ait obligés une partie d’entre-eux à aller si
installer. Car très franchement cela aurait ressemblé plus à une récompense
qu’à une punition.
Construction de notre
hypothèse
Tous ces questionnements et toutes ces réponses possibles
nous amènent à échafauder une nouvelle hypothèse :
Données constructives
de notre nouvelle hypothèse
La Nation des Bituriges serait issue des peuples des Galls et
se serait formée entre le 9ème et le 10ème siècle avant
J.C.
Lorsque vers 700 avant J. C., une première migration des
Kimris se produisit, nous ne pouvons que constater que les Galls, pour la
contenir, laissèrent les nouveaux venus s’établir à leurs côtés sur leurs
terres et leurs côtes du nord de leur royaume
de Galatie.
Il semble alors, que la puissance des Galls, qui occupaient
le territoire que les Grecs appelaient Galatie
et les Romains Gallia, leur
permit d’assimiler, non sans heurtes guerriers, cette migration Kimris tout en
restant les maîtres absolus et incontestés de la Galatie, se réservant, prioritairement,
l’occupation des territoires du centre et de l’Est de ce pays.
Les Kimris et les Galls étant de même origine (Celte Galls),
cette réorganisation intégrative du territoire de la Galatie avait du être
toutefois, assez paisible, malgré des ajustements sporadiques guerriers.
Amédée Thierry
nous dit aussi, que cette intégration des Kimris par les Galls dura plus d’un
siècle.
Il nous semble que cette puissance des Galls, qui permit
cette longue intégration des migrants Kimris, ne pouvait provenir que de
l’existence d’une Nation déjà très structurée économiquement et politiquement,
et dont la prépondérance était reconnue par les autres. C’est pourquoi qu’il nous
semble crédible d’envisager que déjà, la nation des Bituriges existait en temps
que telle, et que déjà son rayonnement était si prédominant, qu’elle avait
confédéré les autres nations des Galls.
Il nous semble également crédible de situer l’apothéose de
son rayonnement et de son influence sur les autres nations gauloises entre le 8ème
et le 9ème siècle avant J.C.
Ce fut aussi à la suite de cette première migration des
Kimris que l’appellation Galatie sera peu à peu remplacée par celle de Gaule et les gallo-Kimris
issus de cette intégration des Kimris par les Galls, seront nommés Gaulois.
A
l’âge de bronze, les Gaulois bituriges qui vivaient sur la terre du milieu, qui deviendra plus tard le Berry, maîtrisaient
la métallurgie des alliages entre de cuivre et l’étain
et possédaient aussi les prémices des techniques de travail d’un nouveau métal
jusqu'à lors inconnu : Le fer.
Pline
l’ancien attribue l’invention de
l’alliage du cuivre et de l’étain, ainsi que l’étamage aux Mandubii d’Alésia,
mais il dit que le procédé fut développé et maîtrisé, à un haut niveau, par les
Bituriges. Cet artisanat était à l’origine d’une production qui leur permettait
de commercer avec tout le bassin méditerranéen.
Nous
savons que les Bituriges exploitaient les gisements d’étain à Montebas
dans la Creuse, mais c’était bien loin de suffire à l’exercice de leur art.
Diodore de Sicile nous dit qu’il y a
deux grands gisements d’étain. Il situe le premier en Grande Bretagne, à Ictis et le second dans les dix iles Cassitérides de la géographie grec,
qu’on peu raisonnablement identifier de nos jours aux dix iles de l’archipel des
Açores. Nous pensons comme André
Chastagnol et Etienne Robert
que la fondation de Burdigalla (Bordeaux) fut liée au commerce de l’étain
provenant des Iles que Strabon nommées "Cassitérides" et que les Bituriges
avaient établi une route allant de Burdigalla à Avaricon, pour se fournir en
étain, et d’Avaricon à Narbonne via Burdigalla pour exporter leur artisanat de
bronze et d’étamage vers les pays méditerranéens.
Dans
la première moitié du 4ème siècle avant J.C.,
une seconde invasion des Celtes Kimris, celle des Kimris-Belges, eut lieu en deux vagues successives espacées de deux
ans.
Au
terme des troubles causés par ces envahisseurs, la Gaule de cette époque
comprenait pas moins de 62 nations Gauloises qui se répartissaient comme
suit :
Le
peuple des Galls en comptait 22, (dont les Bituriges) ;
Celui
des Gallo-Kimris en comptait 17 ;
Et
celui des Kimris-Belges en comptait 23.
Ces
dernières migrations Kimris-Belges apportèrent aux Gaulois Bituriges qui vivaient
sur leur terre du milieu (le futur
Berry), la maitrise d’une des techniques métallurgiques les plus importantes,
celle du traitement et du travail du fer. D’autant que le sous-sol de ce
territoire biturige était riche en minerais.
Cette
période où s’effectuèrent ces deux migrations Kimris, pourrait-être aussi celle
où eut lieu la scission du peuple des Bituriges dont une partie alla
s’installer en Aquitaine entre le fleuve Garonne et la côte atlantique.
Nous
venons de voir que Strabon dans son livre IV de sa « Géographie »
nous en parle sans préciser l’époque de cette scission.
Pline
lui dans le livre 4 de son « histoire Naturelle »
indique que ces Bituriges sont appelés « Bituriges
libres » et surnommé « Vivisque »
ou « Vivisci » appellation
confirmée par Ptolémée dans le livre II de sa « Géographie ».
Contrairement
aux idées reçues, et malheureusement propagées dans les années 1970 - 1980 par
ceux qui écartaient, sans discernements, tous les contenus des écrits antiques,
la société protohistorique de l’âge du fer des Bituriges n’était en rien culturellement et
économiquement attentiste ou semi-passive.
Le
développement et le rayonnement de cette société protohistorique des Bituriges,
n’avaient nul besoin d’assimiler d’éventuels apports provenant des
civilisations méditerranéennes pour générer son propre essor.
Elle
possédait déjà l’avancée civilisationnelle nécessaire pour être
hiérarchiquement organisée socialement et commercialement dans une polyvalence
de ses propres activités urbaines, rurales et guerrières.
Elle était aussi structurée organisée politiquement dans le cadre d’un rassemblement de tribus en
une Nation unitaire et cohérente qui avait :
- Un royaume « la
terre du milieu » ;
- Un roi élu,
- Une capitale « Avaricon ».
Lors de fouilles sur le site d’Avaricon, effectuées en 1984 et 1993, il fut mis à jour, dans les
nivaux du sol de Saint Martin des Champs,
de Port Sec, du collège Littré et des Etablissement
militaires, de l’actuelle ville de
Bourges, des vestiges d’habitats
et des fragments d’objets s’étendant sur une centaine d’hectares, d’une
implantation d’habitats urbains fortifiés, dont l’ensemble était défendu par
des infrastructures défensives communes, datant environ entre 450 et 425 avant
J.C.
Ces vestiges structurels d’habitats attestent qu’il existait
bien, sur et à l’Est de l’éperon qui s’élevait au confluent des rivières Auron
et Yèvre, la cité d’Avaricon composée d'une enceinte princière et de plusieurs zones d’habitats et de lieux
d’activités, qui était pour l’époque, très importante.
Cette importance est attestée par la nature et la quantité
du mobilier qui y fut mis à jour.
Le suivi de la propagation de ce mobilier indique, que le
rayonnement culturel, artistique et commercial de cette cité s’étendait dans un
rayon de plus de cinquante kilomètres autour d’elle.
D’autres mobiliers montrent l’existence d’un flux d’échanges
commerciaux constant avec le littoral méditerranéen.
L’analyse de ces extraordinaires vestiges de structures, de
mobiliers, de dépôts et d’inhumations, conduit à la conclusion que la cité
biturige d’Avaricon doit être identifiée comme celui d’une implantation urbaine
hallstattienne celte gauloise Bituriges de très grande ampleur, et qu’elle n’a
eu de cesse de s’étendre au sud et à l’Est en une mosaïque de petites
implantations dont a résulté la grande cité gauloise biturige d’environ
40 000 habitants qui eut à soutenir son siège par les 8 légions de César en 52 avant J.C.
Construction de l’hypothèse
Au
regard de toutes ces données,
* Nous pensons que la Nation des Bituriges issue des Celtes
Galls s’est formée entre le 9ème et le 10ème siècle avant
J.C.
* Il semble crédible de situer l’apothéose du rayonnement civilisationnel de cette Nation des Bituriges
et de son influence sur les autres nations gauloises entre le 9ème et le 7ème siècle avant J.C., et d’envisager
que l’influence de son rayonnement, et sa forte prépondérance socioculturelle
permirent à cette Nation d’accueillir et d’assimiler la première migration des
Celtes Kimris.
* Il semble également plausible d’envisager que la forte
élévation démographique découlant de cette assimilation, nécessita une première
régulation pour rétablir une harmonie entre les besoins des membres de cette
Nation, et les ressources produites par le territoire. Il est également
vraisemblablement que cette nécessité régulatrice fut la cause, sous le règne
du roi biturige Ambigatos, de deux premiers
essaimages bituriges,
à l'époque où Tarquin l’ancien
régnait sur Rome (616-575 avant J.C.),
* Nous
pensons que deux siècle plus tard, au 5ème siècle avant J.C. le même
phénomène migratoire se répéta avec l’arrivée en deux vagues successives
espacée de deux ans des Kimris-Belges. Les mêmes causes produisant les mêmes
effets, l’intégration puis
l’assimilation, de ces nouveaux migrants par la Nation des Bituriges de la terre du milieu (futur Berry), a crée
peu à peu, durant le 4ème siècle avant J.C., en son territoire, une
surpopulation incompatible avec les ressources alimentaires et industrielles disponibles.
* Il
nous est permis de concevoir alors, que dans la période comprise entre la fin
du 4ème siècle et le début du 3ème siècle avant J.C., il
résulta naturellement de cette surpopulation, un essaimage d’une partie de la
population des Bituriges qui fonda un comptoir
en Aquitaine, région qu’ils connaissaient déjà comme étape commerciale sur
la route de leurs échanges commerciaux méditerranéens, comme tendent à le
prouver les récentes découvertes archéologiques sur le site de la cité gauloise
biturige d’Avaricon (Bourges).
* La pièce de monnaie
biturige en argent trouvée en
1827 à
la « Rousselière », sur la commune de Cheverny, dans le département
du Loiret et Cher, aux limites nord de la
terre du milieu (Berry) et qui est datée par Daphné Nash
du 1er siècle d’avant J.C., représente sur son coté face une tête
sans doute d’un personnage important, et sur son côté pile un cheval au dessus
duquel est gravé l’ethnonyme OYI qui
identifie, d’après Jean Hiernard,
les Bituriges vivisques. Sur ce même coté de la pièce, au dessus des jambes de
ce cheval, on trouve encore gravé l’ethnonymes KOY qui identifie, encore d’après Jean Hiernard, les Bituriges
cubes.
* Ces deux identifications, réunies sur une même pièce de
monnaie, tendent à signifier que les Vivisques et les Cubis avaient une monnaie
commune, et qu’il nous faut admettre comme le fit en son temps Eugène Hucher,
qu’ils appartenaient tous deux à une seule est même Nation dont les membres
étaient installés sur deux lieux différents aujourd’hui appelés Berry et Gironde. C’est bien pourquoi Strabon se garda bien de nommer la
cité de Burdigalla (Bordeaux) comme
la capitale des Vivisques, mais comme une
place de commerce.
Conclusion :
Nous
avons construit cette hypothèse aux regards de plusieurs phénomènes ancestraux
bien connus des socio-anthropologues qui les ont si souvent observés qu’ils
peuvent être considérés comme des constances vérifiées. A savoir :
- La
stabilité démographique d’une population dépend de l’équilibre entre ses
besoins et les ressources exploitables que lui offre le territoire où elle vit.
- Dans
le cas d’un déséquilibre entre les besoins humains et les ressources
territoriales, l’ajustement démographique se fait, soit par une augmentation
des ressources disponibles, soit par l’exode d’une partie de la population qui
diminue ainsi les besoins.
- L’exode
d’une population est très souvent dû soit à une misère découlant de la guerre
ou celle provenant d’un appauvrissement des ressources territoriales ;
mais aussi à une prospérité d’une
extension industrielle ou commerciale.
Considérant
ces constances :
Nous sommes persuadés que les différenciations Cubes et
Vivisques apparaissent dans la Nation des Bituriges, au plus tôt entre la fin
du 4ème siècle et le début du 3ème siècle avant J.C., et
au plus tard avant le 1er siècle avant J.C.
Nous pensons que
ces différenciations "Cubes" et "Vivisques" indiquent seulement les lieux
géographiques sur lesquels certains membres de cette Nation vivent. Ainsi ceux
qui vivaient sur La terre mère du milieu (Berry) auraient été nommés "Bituriges
cubes" ou simplement "Cubes" et ceux qui étaient allés s’installer en terre annexe
où était le comptoir aquitain, auraient été appelés "Bituriges vivisques" ou
simplement "Vivisques".
Nous
pensons également que les Bituriges développèrent leur industrie métallurgique (cuivre étain) entre le 9ème et le
7ème siècle avant J.C. Et que
ce développement industriel nécessita un autre approvisionnement en minerais
que celui qui venait de la Grande Bretagne.
Nous sommes persuadés que pour cela, les Bituriges ouvrirent une deuxième route
d’approvisionnement vers le sud ouest afin d’acheminer le minerais provenant
des gisements d'étain des Iles Cassitérides de la géographie grec (qui nous semble être aujourd’hui
les dix iles de l’archipel des Açores).
Cette
deuxième route aurait permit aussi aux Bituriges d’exporter leurs productions
artisanales de bronze, d’étamage et de damasserie, vers les pays du pourtour méditerranéen.
Les
Bituriges aurait fait ainsi de Burdigalla, la plaque tournante de leurs approvisionnements
en matières premières (étain) et de leurs exportations de produits finis.
Cette
route reliait la capitale des Bituriges de la
terre du milieu
(Berry) Avaricon (Bourges) à Burdigalla (Bordeaux) dont les
bateaux de minerais d’étain des Acores arrivaient. Cette même voie de
communications permettait également l'exportation de la production
métallurgique des artisans bituriges de la terre du milieu.
Cette route se
prolongeait de Burdigalla à Marssilia (Marseille) via Aginnum (Agen) Tolosa (Toulouse) et Nabo
Martius (Narbonne).
Nous
sommes convaincus que les causes et raisons probables de l'installation
de certains Bituriges de la terre du milieu (Berry) en Aquitaine entre Océan et Garonne-Gironde au 4ème siècle avant J.
C. furent :
* Pour réguler la surpopulation de la terre du milieu (Berry) provenant de
l’intégration des deux vagues migratoire Kimris Belges.
* Pour faciliter et développer leurs échanges commerciaux et
industriels.
*
Parce que Burdigalla leur place commerciale se trouvait déjà en cet endroit
d’Aquitaine.
Nous
pensons donc qu’il n’y eut toujours qu’une seule et unique Nation des
Bituriges (ce qui expliquerai que César et d'autres historiens
géographes n'aient jamais fait allusion à une différenciation biturige)
dont la capitale fut la cité d’Avaricon, et que les nominatifs
complémentaires
de Cubes et Vivisques accolés au nom Bituriges ne sont pas des composants du
nom identitaire, mais plutôt des adjectifs de différenciations dont qu’il
conviendrait mieux d’orthographier avec des minuscules en cubes et vivisques. Sauf
lorsque employés seuls, ces adjectifs de différenciation devenant des noms, la
majuscule s’impose en Cubes et Vivisques.
Bien sur, cette hypothèse que nous émettons sur la réalité historique de l'apparition des Vivisques, n'est qu'une hypothèse.
Toutefois, contrairement à d'autres, cette hypothèse là se structure et
s'ellabore à partir de faits civilisationnels constants, vérifiés et
reconnus. Elle intègre les récentes avancées archéologiques intéressant
: La Nation des Bituriges ; son royaume (terre du milieu = Berry) ; sa
capitale Avarion (Avaricum-Bourges).
René Johannot.
Notes de Références et Bibliographie
Strabon : Géographe grec né à Amasée dans le Pont vers 64 av. J.-C, mort
entre 21 et 25 après J.-C.
La première publication concernant ces pièces de
monnaies bituriges est due à L. DE LA SAUSSAYE, Mémoires sur plusieurs
enfouissements numismatiques découverts dans la Sologne blésoise, dans
R.N., 1836, p. 301-320, pl. VIII..
HIERNARD. (Jean.). : Bituriges
du Bordelais et Bituriges du Berry : l’apport de la numismatique, Revue
Archéologique de Bordeaux, 1997, pp. 61-65.
Cette pièce fait partie des cinq monnaies
bituriges d’un ensemble qui fut trouvé lors de l'assèchement de l'étang de la
Rousselière. Une partie des monnaies a disparu, 48 ont été identifiées, dont 3
deniers républicains romains de 125, 124 et 92 avant J.-C.
Hérodote (° vers -484 / + -425 avant J.C.) : Il fut
le premier historien grec, et déjà les Anciens l'appelaient le père de
l'histoire.
Mégasthène (°
vers -350 / + -290 avant J.C.) : Historien d’origine d'Ionie qui était au
service du roi Séleucos Ier Nicator.
Polybe (°entre
-210 et -202 / + -126 avant J.C.) : Ce fut un historien contemporain à la
conquête du bassin méditerranéen par Rome. Cette hégémonie romaine, qui se
déroula au 2ème siècle avant J. C., fut l’événement qui marqua le
plus l'histoire humaine.
Thucydide
(°vers -460 / + vers -400 avant J.C.) : Il occupa une place unique parmi
les historiens de l’Antiquité. Il fut le premier à raconter, en la vivant de l’intérieure, la
guerre du Péloponnèse entre Sparte et Athènes, qui se déroula de -431 à -404
avant J.C. Son analyse historique de cette époque fut si fine, qu’elle reste un
modèle du genre.
Hécatée de Milet
(° vers -548 / +vers 475) et Hérodote
(° vers-484 / + vers -420 avant J.C.: Ils furent les premiers
Historiens-Géographes à faire apparaître dans leurs écrits nom des Celtes (Keltoi).
Aulus Hirtius : Il est né en 90 av. J.-C. et est décédé en 43
av. J.-C.. Il fut consul en -43. Il fut aussi l’auteur de livres militaires. On
lui attribue notamment le huitième et dernier livre des Commentaires de César
sur la Guerre des Gaules
TITE LIVE. Livre V chapitre 34 : « Sous le gouvernement d’Ambigatus, que ses vertus, ses richesses
et la prospérité de son peuple avaient rendu tout-puissant, la Gaule reçut un
tel développement par la fertilité de son sol et le nombre de ses habitants,
qu’il sembla impossible de contenir le débordement de sa population. Le roi,
déjà vieux, voulant débarrasser son royaume de cette multitude qui l’écrasait,
invita Bellovèse et Ségovèse, fils de sa sœur, jeunes hommes entreprenants, à
aller chercher un autre séjour dans les contrées que les dieux leur
indiqueraient par les augures : ils
seraient libres d’emmener avec eux autant d’hommes qu’ils voudraient, afin que
nulle nation ne pût repousser les nouveaux venus.
Le sort assigna à Ségovèse les forêts Hercyniennes ; à
Bellovèse, les dieux montrèrent un plus beau chemin, celui de l’Italie. »
Pour Amédée Thierry, à l’origine, le peuple des Galls rassemblait ce qui
devint plus tard les deux familles gauloises distinctes. (Les Galls et les
Kimris).
La séparation en deux familles aurait eu lieu
lorsqu’une partie des Galls décida de migrer vers les territoires qui forment
aujourd’hui la France et qui, entre autre, se seraient installés sur l’espace
territorial de son centre qui formera plus tard le Berry. L’autre partie serait
restée alors à nomadiser vers l’Est et tout au long du Danube et auraient pris
le nom de Kimris.
En recoupant les écrits
anciens, il apparaît que ces événements seraient déroulés vers le 10ème
siècle avant J.C.
[15] Amédée Simon Dominique Thierry : né le 2 août 1797 à Blois et mort
le 27 mars 1873 à Paris, Il est un journaliste et historien. Il est l’auteur
de :
« Histoire des Gaulois », 3 vol. (1828, 1834, 1845 la 8e édition du vol. 1
paru en 1870)
« Histoire de la Gaule sous l'administration
romaine » 3 vol. (1840-1847 ; 2e
éd. en 1871)
Amédée Thierry : « Histoire des Gaulois ». Editions Hachette. Paris 1835.
415 pages,.p.10
Amédée Thierry : « Histoire des Gaulois ». Editions Hachette. Paris 1835.
415 pages,.p.48
MALLARD, Note sur un filon d'étain oxydé situé près du
village de Montebras, commune de Soumans (Creuse). Môm. Soc.des se, nat. et
arch. de la Creuse, t. tu, p. 161, i89.
HUGO. (Abel.). : « France historique et
monumentale: Histoire générale de France depuis les temps les plus reculés
jusqu'a nos jours ... » Editions H.L. Delloye, 1836 page 12.
TITE LIVE : Histoire romaine - Livre V, 34.
Ces deux premiers essaimages
bituriges furent constitués de deux colonnes d’émigrants, vers deux directions.
- L’une de 15 000 hommes, femmes et enfants conduite par Ségovèse qui
allèrent fonder une colonie biturige vers le nord-est sur les rives du Danube
après avoir traversé les grandes forêts hercyniennes. - L’autre de 15 000
individus, conduite par Bellovesos qui allèrent s’établir en Lombardie au sud de l’Italie et qui
fondèrent la cité de Milan.
AUGIER. (L.). BUCHSENSCHUTZ.
(O.). RALSTON. (I.). : « Un complexe princier de l’âge du Fer :
l’habitat du promontoire de Bourges (Cher), VIe-IVe s. av. J.-C, ». Revue
archéologique du centre de la France 2007 : suppl. 32, 200 p.
DE LA SAUSSAYE. (L.). : Mémoires sur plusieurs
enfouissements numismatiques découverts dans la Sologne blésoise, dans R.N.,
1836, p. 301-320, pl. VIII.
NASH. (Daphné.). : Territory and state formation in central Gaul, dans
Social Organisation and, Settlemeni, Oxford 1978. Editions D.
GREEN, C. HASELGROVE and M. SPRIGGS, B.A.R., Intern. Series, suppl. 47, p.
455-475.
HIERNARD.
(Jean.). : Bituriges du Bordelais et Bituriges du Berry : l’apport
de la numismatique, Revue Archéologique de Bordeaux, 1997, pp. 61-65.
HUCHER. (Eugène.). : « L'Art gaulois ou
les Gaulois d'après leurs médailles » 2 e partie, Paris-Le Mans, 1873,
p. 73, fig. 107;